#L4 | Sentimenthèque

D’Alphonse Daudet : Le Secret de maître Cornille
… puis la meule brise le plâtre et aussi sûrement nous brise le coeur.

De Marcel Pagnol : La Gloire de mon père
Les olives pleines de jus, la terre poudreuse, le ciel très bleu, les cigales, la sensualité inédite et troublante de cette Provence vivace et révolue qui réchauffait notre classe de CM2 en Picardie. 

De James Ellroy : Le Grand Nulle Part
Le presque plus humain, le pas encore animal, les corps découpés, éclatés, dévorés et, au loin, Los Angeles se délite et s’effondre. Restons.

De Jean Genet : Miracle de la Rose
Le réel glaçant de l’âge d’homme, cette hideur qui met le coeur au bord des lèvres. La grâce de l’enfance emmurée, ses éclats lumineux, fugaces et durables (si, cela se peut) qui surprennent et s’imposent quand on sait que la mort nous cueillera au point du jour.

De Henry James : Ce que savait Maisie
Le réel à hauteur d’enfant – on n’y voit rien, on n’y comprend rien ou alors mal et par petits fragments pointus et ambigus qui se succèdent, se chevauchent. Les adultes comprennent-ils mieux ? Il se pourrait qu’ils le croient.

De Rimbaud : L’étoile a pleuré rose
La chair qui s’offre, souffre – organique, tellurique, cosmique et océane. Mais l’étoile n’a fait que passer : nous ne sommes pas sublimes. 

De Doris Lessing : Le Carnet d’or
Le carnet jaune, le noir, le rouge, le bleu et le plus prometteur : le carnet d’or. L’écriture qui se cherche, parfois se trouve, embarque l’Histoire, les erreurs, le réel, les errances, le temps, les souvenirs. Qui suis-je ? Ecrire. 

De Victor Hugo : L’Homme qui rit
L’enfant mutilé, l’avancée dans le froid, sous la pluie, rejoindre le sublime, le saisir et alors découvrir que même une déesse peut mourir.

De John Dos Passos : USA
Construire, tracer, découper, repérer, marquer puis respirer à pleins poumons et y aller : restituer ces vies qui se mêlent, s’imbriquent, se croisent, s’évitent. S’y coller. Pétrir, oui : construire.

De Flaubert : L’Education sentimentale
Rencontrer l’idéal, le poursuivre, se perdre, attendre, ne rien faire, espérer et se souvenant d’un épisode un peu vil, un peu médiocre, penser que, finalement « c’est là ce que nous avons eu de meilleur ! »

De Lawrence Durell : Le Quatuor d’Alexandrie
Les ciels mauves et jaune citron de la ville ; la touffeur en attendant la pluie ; les vies de Justine, Nissim, Balthazar, Pursewarden, les vies de tous les autres, fragmentées, démultipliées qui se dérobent et se dévoilent au gré des flots de la mer Egée. Les écrire. 

De Rilke : Les Cahiers de Malte Laurids Brigge
Ce qui fut, ce qui est, ceux que l’on a aimés, les petits riens, les grands de ce monde tissent la trame délicate d’une vie aux tons subtils et un rien fanés. 

De Jean-Paul Sartre : Les Mots
Lire, écrire. 

De Shakespeare : des fragments, des phares
… Et alors les fées ont dit au roi du Danemark… Ou était-ce un elfe ? Ou Macbeth ? Ou… La mémoire me manque, mais – cette chance ! – il reste ceci : 
« La vie n’est qu’une ombre errante ; un pauvre acteur 
Qui se pavane une heure sur la scène 
Et qu’ensuite on n’entend plus ; c’est une histoire
Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien. »

Le Bruit et la fureur. 
Etc. 

A propos de Frédérique Kalam

… in progress. Enfin j'espère. :)