lieux où j’ai dormi

le tissu fin censé tenir chaud qui glisse et que la main rattrape sans bien savoir ce qu’elle fait, la manière absurde qu’il a de ne jamais recouvrir le corps totalement

la course sonore des abeilles là tout juste dehors et qui s’accompagne on le sait de la chaleur qui viendra toujours

les bruits du matin (pas, voix, vaisselle que l’on range ou qu’on lave mais qui tinte) un étage au-dessous

cette difficulté à caler le dos bien comme il faut entre la fenêtre et le décroché du mur, entre le vide et le fauteuil en velours sale

le ronflement des hommes dans la petite pièce roulante qui rassure plus qu’il n’inquiète

les couleurs de soleil au travers des cloisons de papier, au travers des paupières toujours fermées

les voix des hommes tout près dehors, les moteurs et les portes qui claquent encore

la nuque raidie par le sac plié en boule dessous

le soleil qui

le petit souffle de rien, là juste dans le dos

A propos de Line

De métier éducatrice auprès d'adolescents en difficulté. Depuis un an animatrice en atelier d'écriture ( DU animateur en atelier d'écriture Université AIx-Marseille 2019-2020) et porosité entre ces deux espaces là qui se mélangent quelque fois, parfois plus que je ne le crois.

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