#voyages | Le double voyage aux îles

Sommaire :

#Prologue | Par deux points distincts

Au début des voyages étaient toujours les cartes. Inventaire minutieux à ne jamais bâcler.

Elles venaient toutes du SHOM avec sur leur verso un beau tampon magique attestant révision, et parfois d’Angleterre pour les plus armoiriées. Lorsqu’elles étaient rangées, on partait de l’ouest, le Finistère, la fin des terres, les routières à rêver. Des Roches de Portsall au plateau des Roches Douvres et des Héaux de Bréhat au Cap Levi, voire simplement de l’Île grande à l’Île de Bréhat et de l’île de Bréhat au cap Fréhel, avec la détaillée de l’archipel de Chausey, son nombre d’îles variable au fil de la marée et puis les abords de Saint-Malo pour dormir aux Hébihens en rêvant le lendemain, mais sans oser le faire, de foncer sans frémir par le passage des Haches.  Ça nous suffisait bien pour deux petites semaines à faire du rase-cailloux au départ de Paimpol. Mais ensuite, on rêvait d’aller toujours plus près dans ces îlots si beaux, d’aller promener sa quille et sa fragile coque au milieu des pavetons. Alors il nous fallait des échelles raisonnables, le Graal devenant une 882P, annotée au crayon et quadrillée de traits, valant anneau d’or à l’oreille et perroquet à l’épaule parmi les aguerris du morceau de ficelle astucieusement placé entre deux beaux amers : magie mathématique, par deux points distincts, passe une droite unique. Abords de l’île de Bréhat, anse de Paimpol, entrée du Trieux. Pour s’en aller rôder dans ce bel archipel, tourner entre les îles et jouer en riant dans les puissants courants qui passent un bras terrible aux épaules des pointes, remplissent les chenaux pour les vider ensuite et font faire marche arrière à celui qui s’inquiète des remous qui s’agitent quand les eaux du Kerpont retrouvent celles du Ferlas. Alors on est les seuls à trouver le passage en toute sécurité, carnet de pilotage rempli et complété par les observations pour pouvoir échanger autour d’un verre le soir, ces précieuses connaissances, de ces alignements qui vous ouvrent les portes du pays des pilotes. Men Grenn par les Héaux pour éviter le Vincre étant des plus précieux puisqu’il marche même de nuit, jusqu’aux grands classiques, pour rejoindre La Chambre, ranger Men Joliguet dans la tombée de Bréhat, ou pour couper tout droit de l’île Verte au Ferlas, poser délicatement la toute rayée Rompa dans le coin droit des serres. 

L’archipel de Bréhat, c’était comme le jardin, les doigts sur le papier retrouvaient les cailloux, des noms d’alignements pour parer les dangers qui nous revenaient en tête comme des formules magiques, talismans et grigris contre les échouements. L’amer du Rosedo par le clocheton de La Chapelle Saint-Michel, chenal de la Moisie. Pour rentrer à Paimpol, avant de retrouver le chenal officiel, commencer avec la vierge de Kerroc’h par le phare de Pors Don après une nuit passée au mouillage de Saint-Riom pour attendre la marée, déesse incontestée qui seule ouvre les portes du sas de l’écluse. Nos petits ronds dans l’eau nous auraient bien suffit, oui mais parfois quand même on se voyait plus loin. Il y avait toujours dans un coin du placard, ce fameux catalogue de toutes les cartes marines, un bazar fabuleux où chaque numéro aurait pu nous servir de vaisseau fantastique ou de tapis volant. Les Célèbes ou Java voire même les Moluques ou la mer de Banda, souvenir d’assiettes belles comme des couchers de soleil au parfum de girofle et saveurs de muscade. En descendant toujours, Patagonie et Horn et puis la Terre de Feu, mais sans aller si loin, juste en tournant la page, les phares du bout du monde, le Fastnet et le Four, Kéréon du Fromveur et la Créac’h d’Ouessant, avec son nom breton qui craque comme un naufrage. En remontant doucement visant les côtes anglaises, on tombe sur les Scilly pour une pause méritée après la traversée de la route des cargos, nuits de veille attentive sans même la ressource d’un doux demi-sommeil, une paume alanguie à l’écoute sur la barre, la tête blottie au chaud dans le col de la veste, carapace toute durcie par le sel des embruns. Étamine de tes rêves de voyages lointains. Puis tu remonteras entre les trop grandes îles d’Angleterre et d’Irlande pour finir aux Hébrides. Islay, Mull et puis Skye et prendre de l’élan, pour aller vers l’ouest, premier pas sur Harris, et le reste sur Lewis pour arriver enfin, sur l’île de Saint-Kilda, hautaine et réservée dessous son auréole formée d’oiseaux marins, orpheline de ses gens au destin singulier, si pleine de cette vie abandonnée des hommes, elle reste là lovée dans le coin des carrés découpés sur la mer par les maîtres des cartes. Saint-Kilda to Butt of Lewis et Skerryvore to Saint-Kilda.

Un jour, j’irai là-bas

#01 | Entre couette et duvet

Dernière nuit dans un lit stable et sec, dans de vrais draps et avec une vraie couette qui sent bon le propre et la lessive. Après, pour deux semaines, ce ne sera plus qu’un duvet moite avec parfums de bottes, d’humide et de moisi. Mais ça tu le sais, tu l’aimes presque le fumet du duvet, pour tout ce qu’il traine derrière lui de balades et de vagues. Un grand sac à rêveries. Mais cette nuit, le noir, l’approche, le presque, tu perds ton équilibre, de délice en dégout. Oscillations. Tu n’arrives à passer que d’un extrême à l’autre, les barres de flèche dans l’eau. Il faut dire, tu l’as tellement rêvé ce voyage en bateau que tout le beau, tu as l’impression de l’avoir déjà vécu, vu, gouté, senti et savouré. Et qu’à partir de maintenant, tout ce qui va pouvoir te surprendre, tout ce qui va t’arriver d’imprévu, ce ne sera que des ennuis, des trucs dommage, du sombre, du crade. Des déceptions. Les jours d’avant, tout était prévu pour être fabuleux. Un beau bateau bien propre, la patine du temps pour lui donner du caractère, en faire un personnage à part entière, un être sensible auquel tu pourrais t’attacher, à qui tu pourrais doucement tapoter le plat-bord, lui parler pour le féliciter d’un joli bord de près. Le congratuler d’être si attentif au bord du décrochage quand viendrait enfin l’heure des virements délicats dans un chenal étroit. Et puis évidemment, un bel accastillage, sans le plus petit accroc, que du parfait état. Tu as trouvé les plans, des photos, des histoires. Le loueur, tu le connais. Pas de surprise normalement. Normalement… Et dernière inconnue, elle qui peut tout changer jusqu’au dernier moment, la météo, la reine des girouettes. Pour l’instant les prévisions sont mollassonnes, tu sais ce que ça veut dire, le risque de bascule d’un côté ou d’un autre, grande pétole ou grand vent, suivant l’ensoleillement et la forme de la côte. Les courants, eux, tu sais, tu as déjà prévu. Mais le vent par-dessus, ça vient changer la donne, hérisser de clapot la peau lisse de la mer à vous donner la chaire de poule, à vous empêcher de lire les veines qui vous emmènent au loin, qui vous rapprochent des roches. Du requin mangeur d’étrave comme on dit aux enfants. Requin, froid, abysses. Réveil en sueur. Et le réveil, tu l’as mis le réveil ? Pas rater le sas, l’écluse, la marée. Le départ

#02 | L’intervalle entre le marchepied et le quai

Bientôt arrivé. Terminée la balade tranquille tout le long de la rivière, marée presque basse, nez à la fenêtre, la main sur ton sac qui s’agite et essaye de tomber à chaque virage sur le siège à côté de toi, tu es fasciné par les reliefs de vase, la lumière qui y pose ses ombres, les herbes un peu jaunes qui regardent ça de haut, les oiseaux à la fête qui picorent en lisière du filet d’eau qui brille, bravement, pour garder farouchement son nom de liquide : rivière du Trieux. Après, les entrepôts, les pavillons individuels avec la piscine gonflable dans le petit jardin corseté de tuyas, ensuite les maisons se resserrent, plus frileuses, les unes contre les autres, parce qu’on arrive en ville. Un dernier passage à niveau, barrières rouges et blanches, les conducteurs des voitures arrêtées regardent passer les voyageurs du train, regards en arcs de cercles qui se croisent sans s’accrocher. La micheline accélère une dernière fois en faisant ronfler son gros moteur diesel. Bientôt le grincement des freins, l’immobilité du train et l’agitation des gens dans le wagon qui se lèvent, cherchent leurs affaites, enfilent leur veste, dégainent la poignée de la valise à roulettes ou mettent sur leur dos un sac bien plus lourd qu’eux, voire le simple cartable des écoliers rêveurs. La première fois que tu as pris le train pour Paimpol, tu as suivi les indications du panneau des départs à la gare de Guingamp. Le dernier quai, tout au bout et juste un bout de train, une seule voiture, de la fumée et rien sur le toit pour la tenir au courant. Une micheline, un bus sur rails, diesel jusqu’au bout de l’odeur. Le départ pour un autre monde, la toute fin du voyage. Une fois à la gare, une avancée de toit pour protéger les voyageurs de la pluie comme du soleil et pouvoir faire de belles photos de ces mains qui s’agitent après s’être quittées. Un quai goudronné, un bâtiment sommaire, un passage sur la droite et tu es dans la ville. Des voitures, une rue, des gens qui savent où ils vont, ceux du café d’en face qui regardent sans bouger, aussi immobiles que la tasse en faïence posée là devant eux, ceux qui se mettent en route d’un pas bien décidé. Et toi, tu vas où ? Droite ou gauche ? Tu cherches le port, mais pas encore d’odeur pour te renseigner, pas de pancartes, aucune indication. Tout le monde part à droite, alors tu pars à droite. Tu n’as pas encore la ville dans la tête, mais tu as déjà lu, Pierre Loti et les autres et tu as déjà vu quelques photos anciennes, tu sais pour les écluses, tu sais que le port sera le centre-ville avec sa trilogie bar-restaurant-crêperie, pour appâter le touriste, ce gros poisson des temps modernes qu’on pêche en été par ici. C’est un peu le grand luxe pour les ports de marée d’avoir des quais en ville. Souvent on mouille au loin après de longs calculs sur la longueur de chaine qu’il conviendra ensuite de préparer soigneusement sur le pont, en un tas trop peu stable qu’il faudra retourner pour qu’il se dévide bien, ou en longue biture alignée sur le pont comme une route de montagne, un retour de bordée. Ensuite, plonger l’ancre dans l’eau, toujours avec assez de vitesse pour que tout s’étale bien. Et attendre. Attendre que ça se tende, que ça se déploie, que ça croche ou bien pas. Moment de calme. On regarde enfin, la côte que l’on convoite, ses constructions, ses reliefs, sa végétation, qui ne sont encore pour toi que des amers banals, tout ce qui pourra dire si on reste alignés ou si tout se décale. Pas vraiment le temps de rêver, mais premières impressions. Attendre encore un peu pour pouvoir débarquer, gonfler la petite annexe, remettre le ciré dessus les habits secs et entasser dans les sacs étanches tout ce qu’on veut emmener. Ce sera pareil là-bas, même si, la tenue du mouillage, ce ne sera pas ton problème. Même si, une fois débarqué, le bateau repartira, sans toi. Le vert des pentes douces, le sombre des falaises zébrées de fientes d’oiseau, le jaune chaud de la plage, le dérisoire claquement du drapeau britannique qui s’effiloche encore au milieu des rafales trompant les symétries des triangles et des lignes des actuels bipèdes installés sur cette île, puisque les oiseaux, eux, n’ont jamais de drapeaux. Ne rien oublier, penser à tout alors que tu es déjà tout entier dans l’instant solennel, dans ce pied que tu vas poser sur le dur, sur les cailloux de ce morceau de quai, sur la première des quelques marches, décapées par la mer. Et puis faire la chaine pour les sacs, les bidons, les caisses étanches. Quand tout sera passé de main en main, tu pourras enfin monter. Un pied, l’autre, un coup d’œil pour les marches suivantes, pas de piège, alors tu pourras lever les yeux, regarder et pas juste jeter un œil pour gérer l’intendance. Regarder. Pas les oiseaux, pas tout de suite. Fulmars, fous, macareux et tous ceux de ta liste ce sera pour demain, tu les as entendus et tous vite reconnus. Aujourd’hui, c’est autre chose, tu veux regarder l’île. Pas ce qui est juste en face de toi, la base militaire, les cabanes officielles, du pareil que partout sans aucun intérêt. Mais un peu plus haut dans la pente, au milieu de la baie, les maisons de la rue qui regardent le bleu, blotties au creux du vert. Salutations d’usage, poignées de main, sacs posés sur un lit et vite, le plus vite possible, aller poser tes pieds sur les pierres de la rue. La seule rue. Le muret pour s’asseoir et discuter avec ceux qui sont sur les bancs aux seuils des maisons. Les maisons de ces gens qui pendant si longtemps ont vécu des oiseaux que tu viens étudier. Ces gens qui ont vécu en se nourrissant de tes protégés, de ces oiseaux dont tu as fait ta vie, dont ils ont aussi fait la leur, mais autrement, en s’en nourrissant, en laissant les cellules d’oiseaux nourrir leurs cellules d’hommes. Ces gens qui mangeaient tes oiseaux les connaissaient sûrement bien mieux que toi. Leurs vies étaient liées aux battements de leurs ailes. Et toi tu marcheras dans cette rue, au milieu des maisons de ces mangeurs d’oiseaux et tu seras ému de tout ce qui vous relie. Ces maisons restées vides, sans toit, sans personne pour les protéger parce qu’elles ne protégeaient plus personne. Qu’est-ce que ça va te faire de marcher dans cette rue ? de pouvoir aller dans les restes de ces maisons vides ? de continuer le chemin jusqu’aux greniers de pierre où ils stockaient les vivres, les œufs de ces oiseaux que tu viens visiter ? Pour l’instant, tu es dans l’échauffement, dans une excitation, une urgence à ne rien laisser passer, tout enregistrer, tout noter, tout retenir de ce que tu vas voir, sentir, ressentir, entendre. Surtout ne rien rater, surtout ne rien rater… Tout en sachant très bien que tu rateras des choses, oui, mais le moins possible, trop d’envie de bien faire et tu ne profiteras pas, tu sautilleras bêtement d’une idée à une autre, oscillation fébrile entre l’avidité et la frugalité, elle qui te permettrait de garder l’essentiel, juste ce qui compte vraiment, ce qui compte le plus. Toute cette urgence qui te rend fiévreux, elle va te pousser à passer d’une sensation à l’autre et à tout mélanger, à survoler, à ne garder que l’extérieur, que l’écorce sans le cœur. Tu vas tout faire rater pour avoir voulu tout. Les yeux plus grands que le ventre… Alors, tu respires à fond, tu fermes ta veste jusqu’en haut du cou, bonnet pour les oreilles, tu vérifies que l’appareil photo a une batterie pleine et une carte vide, carnet dans la poche et tu montes sur le chemin qui t’amène à la rue. En marchant doucement, sur les pierres posées là par les mangeurs d’oiseaux d’avant 1930.

#03 | Les oiseaux

Le vent agite la toile de la tente, la fait claquer, malmène les piquets, déforme ton espace entre colère et violence. Les drisses cognent contre le mat, la fréquence augmente et se fiche dans les aigus, ça siffle, ça fouette, toujours le même dilemme, laisser les voiles à poste pour pouvoir vite partir c’est aussi les laisser s’abimer à faseyer inutilement. Inutile aussi à l’intérieur, rester allongé mais sans pouvoir dormir. À l’heure du repos, tu engranges de la fatigue, tes oreilles débordent de bruits, de sifflements, de grincements, de craquements, tous vont chercher dans ta tête des scenarios si sombres. La mer au fond de la baie participe au vacarme, tu l’imagines en ombres blanches sur le noir de la nuit, trainant des boulets de pierre à chacun des reflux. L’océan trépigne de rage, s’attaque aux rochers de la plage, ses vagues déferlent, frappent et cognent. Leur puissance se nourrit de toute ton impuissance. Somnolence plus que sommeil, duvet remonté au menton, bonnet enfoncé aux oreilles, tu es rempli de questions et de doutes, de choses noires à broyer, tu repenses à toutes les mises en garde, avertissements et recommandations, la liste des tes déplacements à déposer chez les rangers, le sac de pinoches qui te fait rire amèrement quand tu penses à la coque déchirée par les rochers, et cette nourriture qu’on te demande de prendre en plus, ce qu’il te faut pour ton séjour sur l’île et une semaine supplémentaire de vivres. Tu comprends ça, tu comprends ça très bien. Trop bien. Tu espères qu’une semaine de vivres, ça suffira et tu ne regrettes plus du tout la place « perdue » dans ton sac à dos, si lourd au moment de descendre sur le Zodiac pour accoster. Tu espères que les boîtes de conserve que tu gardes toujours en sécurité sous le plancher n’ont pas trop souffert, plus de pain depuis hier, quelques patates et un bout de jambon sec accroché au-dessus de la table du carré. Tu penses au pouvoir des oiseaux sur ta vie, la place que tu leur donnes, ce que tu laisses au reste ou le contraire, elles sont toutes là, tes préoccupations, posées sur leurs deux pattes, le bec sur ta pitance, sur les assiettes fumantes, ragout de macareux cuit longtemps pour l’odeur et pour la tendreté, toute une tablée gardée par ces fous à pied bleus qui vivent en Amérique toujours loin de l’Écosse. Des oiseaux qui mangent les coquillages sur lesquels tu comptais pour te nourrir, toi, becs puissants et agiles, si précis, si habiles, si voraces. Redoutables becs. Insatiables. Marmite pendue sur la potence au-dessus du feu maigrichon des anciens, le ragout de macareux cuisant dans un jus sombre, les becs sur le rebord, ces oiseaux dont la viande et les œufs ont permis à tant de survivre, mais qui maintenant qu’on parle en noir et blanc des disettes d’antan, se lèvent pour inverser les rôles. Sourire orange du bec multicolore teinté de rouge, fous de bassan encapuchonnés de noir plus que de jaune, bec aiguisé, carrure démesurée, envergure de géants. Presque des albatros. Baudelaire, ton petit monde à l’envers dans la tente si légère, dans la coque si fragile. Ces humains apeurés, comme ils sont gauches et veules en face des oiseaux en princes de nuées

#04 | Dormir dehors

Dans ce coin de la baie, juste du sable, du jaune. Pas de cailloux, pas d’algues, juste du sable. Des coquillages cassés, écrasés, morcelés, broyés, concassés. Pas pulvérisés, pas de la poudre, du sable, poudre ce serait trop fin, sablisés ? Jaune un peu orangé, parfois plus clair, parfois plus foncé, mais sans qu’on puisse identifier la coquille qu’ils étaient. Le kayak est posé plus haut, au-dessus de la laisse de mer, pas grand-chose, mais visible, la ligne laissée, justement, par la haute mer. On s’est installées, abritées par la petite falaise ou la haute marche où sont posés les buissons et les arbres. Bâche bleue pour l’humidité qu’on étalera plus tard, juste les duvets à sortir au dernier moment, au moment de s’endormir au son des étoiles. Des huitres sur les cailloux un peu plus loin. On ne touchera pas au réchaud, ce soir, ce sera fruits de mer. Il faudra refaire la lame des couteaux en rentrant mais on en salive d’avance. Balade d’avant repas. Depuis la pointe sud, on voit tous les chenaux, Bréhat, Logodec juste devant, quelques cailloux sans noms, des cailloux avec de l’herbe qui seront soulignés sur la carte et des cailloux sans herbe, souvent sous l’eau et qui ne seront pas soulignés sur la carte. Vers l’est, Bréhat, qui commence à penser à se refaire une beauté touristique, tas de bois bien ficelé en haut de la plage, bétonnière orange et vers l’ouest, plus de place pour le regard. Presque trop de place de ce côté-là. L’œil ne suffit plus, il faut y ajouter la carte pour aller faire un tour du côté des roches Douvres, de Chausey, de Sarq, des Minquiers, quelques mots d’Anglais et une pensée pour Victor Hugo, avant d’aller buter sur le Cotentin, qui barre la route de cet au-delà.

Dans ce coin de la baie, juste du sable, du jaune. Pas de cailloux, pas d’algues, juste du sable. Des coquillages cassés, écrasés, morcelés, broyés, concassés. Pas pulvérisés, pas de la poudre, du sable, poudre ce serait trop fin, sablisés ? Jaune un peu orangé, parfois plus clair, parfois plus foncé, mais sans qu’on puisse identifier la coquille qu’ils étaient. Plus loin, cailloux, usés eux aussi, arrondis et polis, mais cailloux. Alors on débarque sur la cale, plus simple, avec toujours une partie au-dessus de la laisse de haute mer. Tu t’es installé, abrité par le coin d’un mur de maison écroulé. Pas trop de vent pour l’instant, mais tu as assuré tous les piquets de la tente avec des pierres. Pour toutes tes affaires qui dormiront dehors, bâche bleue pour l’humidité elle aussi assurée par des pierres. Tu les envies un peu, ces caisses et ces sacs qui dormiront dehors, juste en dessous du ciel. Pour toi qui grelotteras sous la tente, il faudra ajouter les rêves pour avoir le dehors au moment de t’endormir au son des étoiles. Ce soir, premier repas lyophilisé, de l’eau chauffée sur ton réchaud, et directement dans l’emballage. Attendre, y plonger la cuillère, goûter et regarder l’étiquette pour savoir ce que c’est. Deux semaines de nourriture dans un sac à dos. Pas le choix, sachets. Décalage à la limite du malaise avec les œufs conservés tous l’hiver et la viande des oiseux qui nourrissait ceux qui vivaient dans la maison, de l’autre côté de ce mur, avant 1930. Balade d’avant repas. Depuis la pointe sud, presque trop de place pour le regard de tous les côtés, juste Dùn pour faire un peu de vert au milieu du bleu quand on se tourne vers l’Est. Sur l’île où tu es, même chose, quasiment que du vert. Un peu de gris pour les pierres, du sombre pour les falaises, seules taches de couleurs du côté de l’ancien village, avec les travaux prévus, tas de bois bien ficelé en haut de la plage, bétonnière orange. Dans la mer peu de cailloux, amplitude de marée n’est pas très grande, trois ou quatre mètres, et l’archipel est ramassé. Dans toutes les autres directions, l’œil ne suffit plus, il faut y ajouter la carte. La carte à grande échelle. Le reste de l’Écosse, Lewis et Harris, ce sera le plus proche, ensuite toutes les distances explosent, les voisins ont pour nom Féroé, Islande, Groenland, Labrador, Saint-Pierre et Miquelon, quelques mots en français et une pensée pour Pierre Loti. Tandis qu’au sud, même sur la carte, rien pour barrer la route de cet au-delà

#05 | Lavrec

1- Parking de l’embarcadère
Trop grand en hiver, trop petit en été, comme on est en mai, il est à moitié plein. De la place contre le talus juste devant la plage, les herbes sont encore tranquilles pour pousser haut, longs cheveux qui se balancent avec le vent. Le rythme sans le son, juste comme elles ont envie, sans injonction aucune. 

2- La plage de L’Arcouest
Pas une plage de sable fin, pas une plage de galets, ni de rochers, une plage de tout. Sable, cailloux, algues, un peu de vase par endroit, les spaghettis en sable qui disent la vie en dessous, les coquillages vides qui disent les dangers de la vie du dessus. L’eau a presque terminé sa descente, le sol est encore ferme.

3- Fin de la jetée des navettes 
La jetée des navettes est balisée avec des piquets en bois. Il y a longtemps, ils étaient peints en blanc. Le piquet au bout de la jetée est le même que les autres, mais il est le dernier à baliser le long mur de pierres roses qui continue sous l’eau.

4- Entre les Piliers et Men Joliguet
Tu as choisi ton heure de départ. Pas de courant, ou au moins pas beaucoup pour traverser le chenal du Ferlas. Tu gardes ton alignement, même ici, au milieu du chenal, entre les grosses tourelles, construites hautes et solides, celles qui se voient de loin. Les Piliers derrière toi et devant, Men Joliguet, qui va bientôt s’allumer et changer son habit, quitter la tourelle est pour devenir feu à secteurs

5- Guerzido
Tranquille au Guerzido, un amateur de couchers de soleil assis sur un rocher à l’entrée de la petite baie, la plage en fond, maisons fermées. 

6- La chambre 
La grosse molaire de Men Bras Logodec est passée à gauche de la perche sud, tu es entré dans La Chambre. Mouillage confortable, balisé rouge et vert tout au moins au début. Ensuite juste du rouge pour ne pas s’approcher des cailloux de Bréhat. Et puis plus rien, juste pour ceux qui connaissent.

7- Logodec
Après la dernière perche rouge, serrer l’île Logodec. Parce que ça revient au même pour éviter le caillou au milieu du chenal et que c’est plus joli. L’eau est transparente, tu vois les algues qui flottent doucement dans le courant encore faible, autour des cailloux, même immergés, la surface de l’eau change. Avec ton tirant d’eau, tu y vas doucement, mais tu navigues à vue, alignement des vaguelettes, leur creux, leur forme, tu ne saurais pas le décrire, mais tu le vois.

8- Clocher Bréhat
Clocher de Bréhat par le travers, donc tu devrais avoir la pointe sud de Lavrec à tribord. Cailloux, algues, herbes, broussailles et même, plus haut, des arbres. Tous tordus et tous petits, mais des arbres. Lavrec.

9 – Plage au sud de l’anse de Lavrec
L’accès le plus utilisé, c’est à côté de l’ancienne jetée. Mais au sud de la baie, avant qu’elle ne se referme pour partir sur autre chose, une petite plage de sable, idéale pour débarquer, pas trop de cailloux et un bon abri, discret. Tu seras bien là cette nuit.

#06 | Avant on disait nègre

Non, en ce moment ça n’avance pas. Des histoires de papiers administratifs, des cases à remplir un peu embarrassantes. Profession par exemple. Je mets quoi ? J’écris pour toi, je suis ton nègre. Nègre littéraire, ou plutôt prête-plume pour être plus de notre temps, même si l’idée de plume, ça a aussi bien vieilli, mais enfin, le boulot est le même. J’écris pour toi. Et si je le dis, pire, si je l’écris, ça va te compliquer les choses et tu ne m’embaucheras plus.
Oui, c’est clair ça va compliquer. On pourrait dire que tu es mon secrétaire ?
Pas beaucoup mieux. Ton éditeur, la presse, et tous les autres, ils ne sont pas complètement idiots, ils vont bien finir par comprendre si on dit secrétaire. Notre truc c’est une association de malfaiteurs. Tu me paies pour quoi, c’est ça qu’ils veulent savoir. Je me sers de ton nom, tu te sers de ma plume. On vaut pas mieux l’un que l’autre. Pas très administratif comme statut, nègre. Je fais quoi moi avec ma case profession ? Escroc ? 
On a encore un mois. On va trouver une solution, t’inquiète !
Mouais
Mais t’avance au moins ?
Bof. Du mal à m’y mettre. Parfois je mélange les îles, les miennes, les tiennes. Je tourne autour, toujours du mal avec les commencements. Les noms qui me chantent dans la tête, la nuit d’avant, les rêves, l’arrivée. J’ai même essayé le roadbook, comme un plan mais avec des mots. J’hésite encore. Et cette histoire de profession, ça m’embrouille les idées bien au-delà de la petite case à cocher. Qui je suis quand j’écris « je » ? Est-ce que je deviens toi ? Mon imagination ? La tienne ? Un récit de voyage ? Une fiction avec des personnages qui ressembleraient à des personnes réelles et des faits réels qui n’auraient rien de fortuit. Je m’embrouille. Tu m’embrouilles. Enfin, ça m’embrouille. Voilà

#07 | Lavomatic

C’est ton petit voyage d’entre les voyages, entre les stages. Tu es entre deux bateaux, celui d’avant vidé, lavé, rangé, rendu. Et pas encore le suivant. Le groupe s’est dispersé, vous avez gardé les adresses, promis de vous revoir, de vous envoyer les photos, de garder le contact. Peut-être. Des doutes, mais on verra. Tes sacs sont dans le dortoir, ou dans un coin de l’atelier, ou dans le coffre d’une voiture amie, et toi tu as pris le sac poubelle avec tes habits sales, mis dans un sac de courses plus grand et avec des poignées, tu marches sur le quai. Doucement. Rien ne presse, plus de montre à regarder jusqu’à demain, plus d’horaire. Parenthèse, moment entre crochets, faire la lessive. Pas de Wouah, rien de spectaculaire, de mémorable ou de fascinant. Rien à raconter, juste un moment tranquille, seul, sans brusquerie. Un plan de coupe, un morceau du B Roll, une transition. Pas le genre de trucs que tu pourras utiliser dans ton boulot de nègre, ou alors par tout petits morceaux. Cette petite balade là, c’est autre chose. Juste toi et toi.
Tu marches tranquille. Ça bouge encore un peu, le mal de terre, que la mer t’ai malmené ou pas, ça bouge toujours une peu à tes retours. Alors tu marches doucement, tu surveilles ta trajectoire, surtout au bord du quai, là où tu aimes marcher, sur la crête. À gauche les bateaux, parfois un bout de ponton et l’eau du port, repoussante cette eau-là, tant à la vue qu’à l’odeur. Certains de ces bateaux tu les connais, tu es sorti avec eux, tu sais leurs petites faiblesses, ce taquet qui coince mal, la drisse qui se bloque, le tangon un peu long, la tendance à lofer un peu vite, tu sais aussi la meilleure position pour te caler sur le banc, regarder les étoiles ou fixer l’horizon en pensant juste au bleu. Les autres, tu ne les connais pas, tu les vois immobiles, fermés à tes regards. Plus loin, passé le collège et les hôtels, il y aura les terrasses, les cafés, les restaurants. On te fera peut-être signe, mais tu répondras juste de la main en continuant d’avancer, pour ne pas t’arrêter. Tu marcheras toujours au bord du quai, du côté des bateaux, pour éviter les terrasses. Cafés, terrasses, bars, ce n’est pas pour maintenant. Maintenant tu continues, tu changes de main pour le sac, tu traverses la rue, les cartes postales qui prennent toute la place sur le trottoir, le rond-point et tu es dans la rue de la vie normale de gens d’ici. La poste, la quincaillerie, le notaire, le salon de coiffure, la gare et un peu en retrait, au début d’une ruelle, la laverie automatique, les deux machines et le magasin de retouches et couture express. Tu as gardé les pièces exprès. Tu choisis une machine, le linge dedans, tout mélangé, c’est que du solide et du très sale, rien de délicat dans tes habits. Distributeur de lessive, le gobelet que tu verses après avoir soulevé la trappe, la pièce et ça démarre, tu vas t’asseoir sur la chaise de jardin en plastique blanc et c’est là que commence le voyage. Écouteurs sur les oreilles, même si tu n’y mets pas de musique et que le câble ne va que dans ta poche, mais pour faire concentré, pour ne pas être dérangé. Souvent tu fermes même un peu les yeux, les jambes allongées, les pieds croisés, épaules calées dans le dossier, presque allongé. Do not distrub. Le linge commence à tourner derrière son hublot, début de ta balade intérieure

#09 | Pourquoi tu creuses, pourquoi tu pars

C’était un soir de transition entre deux saisons, un soir de travaux. L’automne, la nuit tombait vite. Des bougies plantées dans des bols ou dans des verres, une bouteille de cidre et un reste de pain avec des croutes de fromage. Des miettes plein la table, une dizaine de grosses pattes posées sur le bois sombre, occupées à orienter les verres pour que la lumière puisse y jouer tout en couleurs ou encore plongées dans un paquet de tabac pour rouler une cigarette. Fred nous racontait les moines. La pêcherie, les bâtiments, les chèvres et le fromage, le carré des simples, lui qui mâchouille la sauge quand il a mal au ventre. Les dates, il n’en savait rien, et ça ne l’intéressait pas, c’était avant, avant les moteurs, du temps des avirons et de la voile. Sur l’île il y a des morceaux de murs, des restes de voutes, et même un ancien quai abimé d’un côté, bien abrité au sud-est, protégé par d’autres îles du plus fort des courants. Mais ce qui préoccupe Fred, ce qui lui occupe toute la tête et toutes les mains dès qu’il le peut, c’est l’eau, la douce, celle qu’on peut boire, celle qui peut arroser le potager, celle qui ne creuse pas les plaies dans les mains abimées. Il le sait lui, il en est sûr, certain, pas besoin de preuves, d’histoires, de grimoires ou de racontars, il sait que les moines avaient un puit et qu’un jour, il le trouvera

Il pleut. Une petite pluie fine qui tombe en pensant à autre chose. Rien de dramatique, mais pour attendre le bateau, on s’est installés dans l’abribus. Mauvaise mer, deux heures de retard, les sacs dans un coin, deux chaises, on a eu le temps de faire connaissance, de parler un peu, de se raconter nos voyages passés, nos envies pour là-bas, pourquoi on y va, pourquoi on a tant voulu y aller qu’on a réussi à être là, tous les deux, à émietter d’impatience un billet de bateau sous la pluie au fond d’un abribus. Moi, je vais sur cette île pour les oiseaux qui y vivent. Lui, il y va pour les gens qui y ont vécu, pour voir en vrai après avoir beaucoup lu. Il a besoin de partager au moins un peu de leur espace, puisqu’il n’est plus de leur temps. Voir les paysages, la vue du haut des falaises, regarder en bas en ayant peur du vide, sentir le vent, voir le lever de soleil, voir le coucher de soleil ou le pas de soleil des jours gris et pluvieux. Parce que ce qui l’intéresse, c’est ce moment de bascule, ce moment où, en 1930, ils ont franchi le pas, ils sont partis, abandonné leur vie, leur île, leur monde, leur histoire alors que depuis des siècles, tous les autres étaient restés. Ceux d’avant avaient créé un mode de vie, avaient ajusté la langue à leurs besoins, avaient adapté leur corps à leurs ressources, ils avaient créé un monde, dans toutes ses petites choses comme dans les plus grandes, un monde tout en entier. Alors lui il veut comprendre, il veut sentir, ressentir, voir, et peut-être savoir, ce moment-là du pied qui quitte le sol de l’île. Définitivement

#10 | Bonjour Mémé,

Bonjour Mémé. Je t’envoie cette photo là parce que le mouton qui regarde la mer regarde exactement dans la direction de Saint-Kilda. Je ne sais pas si les moutons voient mieux que nous, moi je n’ai jamais vu les îles depuis la plage, même en regardant bien. Mais je pense très souvent à ce que tu m’as raconté de ta grand-mère qui était maitresse d’école là-bas. 

Bonjour Mémé. Je t’envoie une photo de l’atelier de papa. C’est bientôt l’été et il va avoir moins froid quand il travaille là avec la laine des moutons. Surtout, comme c’est bientôt l’été, tu vas pouvoir venir nous voir, on ira se promener au bord de la mer et tu me raconteras des histoires de ta grand-mère à toi. Ce sera mieux que de se parler avec les cartes postales que tu m’envoies et celles que je mets dans la boite rouge.

Bonjour Mémé. Bientôt les vacances. Je suis à la fois contente pour les vacances et triste de quitter l’école. À la rentrée j’irai à l’internat je ne verrai plus la mer ni les moutons de papa depuis la fenêtre. Je ne pourrais plus rêver à Saint-Kilda en pensant qu’il y a seulement les Soay entre les îles et moi. Mais si je veux être maitresse d’école comme toi et comme ta grand-mère, il faut bien que je fasse des études.

Bonjour Mya. Oui, bientôt l’été. Je vais essayer de venir en juillet s’il n’y a pas trop de vent et si tes parents sont un peu disponibles entre les touristes du gite et les moutons. Mais le médecin et d’accord. J’essayerai de t’apporter de vieilles photos de Saint-Kilda si ça t’intéresse encore. Tu me le diras. Et je suis sûre que tu y arriveras à devenir maitresse d’école. C’est parfois difficile mais c’est un beau métier. On en reparle en juillet !

A propos de Juliette Derimay

Juliette Derimay, lit avidement et écrit timidement, tout au bout d’un petit chemin dans la montagne en Savoie. Travaille dans un labo photo de tirages d’art. Construit doucement des liens entre les images des autres et ses propres textes. Entre autres. À retrouver sur son site les enlivreurs.

21 commentaires à propos de “#voyages | Le double voyage aux îles”

  1. wouah Juliette quel(s) voyage(s) !!! bravo et merci, j’y avais pensé un instant, mais pas le talent ni l’expérience de ces navigations… sauf rêvées 😉 !
    par ailleurs lisant ton Blaise, quelle semaine de vadrouilles enchantées !!!
    vivement demain, 9h.

  2. l’amour des cartes marines (ou des relevés cartographiques pour min grand père bifin)…
    j’adore le  » valant anneau d’or à l’oreille et perroquet à l’épaule parmi les aguerris du morceau de ficelle astucieusement placé entre deux beaux amers » (ne jamais oublier le petit sac avec coute

  3. l’amour des cartes marines (ou des relevés cartographiques pour min grand père bifin)…
    j’adore le  » valant anneau d’or à l’oreille et perroquet à l’épaule parmi les aguerris du morceau de ficelle astucieusement placé entre deux beaux amers » (ne jamais oublier le petit sac avec couteau et ficelle)
    et oui quel voyage en seconde entrée !

    • Amour partagé alors pour les cartes marines qui sont souvent elles-mêmes les trésors des histoires. Quant aux relevés, c’était juste pour le plaisir de rendre un petit hommage à Beautemps-Beaupré

  4. ça m’a fait penser à ce magnifique « Les travailleurs de la mer » – et les cartes, les références, les géographies, les toponymes on dit, toute cette poésie hein… merci bien

    • ça m’a fait penser à ce magnifique « Les travailleurs de la mer » – et les cartes, les références, les géographies, les toponymes on dit, toute cette poésie hein… merci bien (ah et puis tu n’as pas coché pour l’article la bonne catégorie…)

      • Mince, merci pour la catégorie, je change. Et oui, référence commune aux Roches Douvres avec « les travailleurs de la mer », pas possible de passer dans le coin sans penser à la pieuvre….

  5. Mais dis moi, mon héroïne qui va de Brouage au mur d’Hadrien, elle va suivre ce chemin🤔. Peut être elle regardera par dessus ton épaule si elle te croise par là. À demain matin.

    • Bienvenu à ton héroïne pour un bout de chemin en commun, d’autant plus que le mur d’Hadrien, pas impossible qu’il finisse lui aussi dans mon histoire ! La faute à Marguerite Yourcenar et à quelques photos d’un copain….

  6. Merci pour la balade inconnue en mer qui met la terre à distance résonnable…Kilda me parle, mais je ne sais pas d’où. Je l’ai lu, je crois…

    • Saint-Kilda est une petite île isolée de l’Atlantique, au large de l’Écosse. Habitée depuis surement la préhistoire, ses derniers habitants ont demandé à être évacués en 1930. Depuis il n’y que les occupants d’une base militaire et des scientifiques qui vivent là-bas. Je me suis intéressée à ces îles au début surtout pour les colonies d’oiseaux marins (une nouvelle dont le personnage était un ornithologue), fulmars et fous de Bassan, mais l’histoire des habitants, leur destin, leur évolution m’attire également beaucoup, une île vraiment singulière .. De ces noms qui restent dans un coin de la tête …

      • ah ben oui…trilogue de sourds dans une université d’Edimbourg…je me disais que j’en avais entendu parler.

        J’ai essayé d’expliquer à quelqu’un qui ne comprenait pas « pourquoi » quelqu’un pouvait ne pas « vouloir » quitter une île sans confort moderne …je crois bien n’y être pas arrivée, et ce qui me surprenait le plus c’est qu’elle n’entende pas, mais rien de ce que je disais. Un autre témoin muette de la scène, qui semblait comprendre ce que je disais, ne disait rien, mais rien. J’aurais du comprendre à ce moment-là, mais j’ai mis 6 mois de plus. Voire j’ai toujours un peu de mal en fait…merci.

  7. Je découvre la série de tes textes seulement ce soir (un peu de temps, enfin !), et je suis emportée, par les cartes marines comme par la marée, les termes nautiques, et les mangeurs de macareux dont la mémoire plane au-dessus d’aujourd’hui. J’ai beaucoup aimé aussi l’espièglerie avec laquelle tu as abordé la consigne #06.

    • Merci de ta visite, Laure. C’est vrai, compliqué le temps pour lire, donc double merci ! Compliqué ce voyage aussi pour trouver où se placer, d’où la pirouette du 06, mais quand même avec les vraies questions du « qui est je qui écrit je « … Ce qui me pousse à avoir recours au tu, même pour le je… Réflexion en cours 😉