#recto verso #15bis | avec ou sans suite

1 C’est la première fois qu’on entre. La maison respire le fermé. La dame qui a ouvert la porte a des cheveux noirs 1bis peut-on encore respirer si tout est fermé2 noir n’est pas une couleur, d’après lui 3 Ici se trouve le salon de jardin. Quatre chaises, une table pliantes, dans un placard. Le placard respire la poussière. Une Continuer la lecture #recto verso #15bis | avec ou sans suite

#Boost #13 | Perdue en mer

Tu es allongée sur le dos dans le noir, dernière nuit sur ton île. Tu entends la mer. La voix de la mer. La voix de l’amer. La voix de la mère. Trop de ces jeux d’échos. Trop lus. Trop vus. Trop bus. Ressassés, éculés et vidés de leur force. Les mots sont toujours là les sons sont toujours là Continuer la lecture #Boost #13 | Perdue en mer

#boost #13 | travail au noir – premier jet

Elle a fermé les volets, les volets de la nuit d’hiver qui est ici, la nuit, – faut voir, ici surtout-, d’un noir très noir. Comme du beurre de goudron ou du charbon. Un rien luisant. De pure matière. Plein. Net. Dense. Sans aucune couture.  Épais à couper au couteau ou à débiter à la hacheTon noir de la nuit Continuer la lecture #boost #13 | travail au noir – premier jet

#boost #11 ter | autour d’un cheval

Nous criâmes avec la cloche, au loin. Avec le tracteur de la route qui descend. Avec son moteur. Avec le galop du cheval. Avec sa robe trempée de sueur. Avec la neige de l’arbre qui donnera des fruits demain. Nous criâmes mais. Le coup détona. Le cheval s’arrêta. Il virevolta. Se retourna. Nous fûmes sous son regard : Il avait Continuer la lecture #boost #11 ter | autour d’un cheval

#boost #03 | Christine Jeanney, la peur en l’autre (& Yoko Ono)

Ce n’est pas parce qu’il fait nuit que tout est noir, pourtant la peur aime l’obscurité. Elle rôde la nuit minuscule tête d’épingle qui s’insinue partout grossit grossit pousse repousse les limites de ce qui pense raisonne, elle rampe mord le ventre le tord le lacère le déchire, elle arrache le cœur le déchiquette le mâche le recrache, elle serre Continuer la lecture #boost #03 | Christine Jeanney, la peur en l’autre (& Yoko Ono)

#LVME #01 | 32 jours, 1 mois et 1 jour, 4 semaines quatre jours et 768 heures

qui fume qui déambule Qui est porté qui jouent : 1,2,3 Qui dort ou fait le mort Qui revient de course Qui est couché Qui tape Qui tape Qui est pendue : cochon pendu Qui danse Qui pique Qui souffre Qui lit Qui lave et chante Ce jour-là, cent septième de l’année, vers le soir. Jour encore. Dans deux heures Continuer la lecture #LVME #01 | 32 jours, 1 mois et 1 jour, 4 semaines quatre jours et 768 heures

#anthologie #38 | avec sa vue exceptionnelle

Il est probable que je me suis réveillée tôt et que j’ai regardé les bateaux, nous dormions dans un appartement donnant sur le port; il est possible que j’aie fait l’amour avant de partir pour l’opéra, c’est une façon comme une autre de se dire bonjour; que j’ai bu du thé, mangé des sardines et pris une douche en mettant Continuer la lecture #anthologie #38 | avec sa vue exceptionnelle

#anthologie #31 | loin

Demain il n’y a plus de lumière, plus de demain. Les oiseaux sont troués, d’un grand trou au milieu du ventre, au beau mitant du lit la rivière est profonde. Battent, battent les feuilles et les cloches d’abutilon. Le froid n’a plus idée du froid, le noir outrepasse sa couleur, m’en voudrez-vous beaucoup. L’armature du pont le plus haut dessine Continuer la lecture #anthologie #31 | loin

#anthologie #26 | noir au dehors noir au dedans

silence impénétrablesombrele cœur dans un étause batmouvements désordonnésdouleur assourdissantela poitrine s’essoufflesifflebruit du sang qui pulsaitse découdc’est un désert de silenceplus de pépiements d’oiseauxni crissements d’insectesplus de chants d’amourni cris de hainerienle silence poisseécraseun bourdonnement peut-être dans les oreillesquelqu’un ?pourtant des voix au loin si seulement elles traversaient l’épaisseur du noirdes appelssi seulement elles s’accrochaient épelaient les mots lâchaient les sanglotsle silence Continuer la lecture #anthologie #26 | noir au dehors noir au dedans

#anthologie #04 | Sereiner

  1. Une tête d’humain sur le bord de la route. J’ai du  lire le passage, mais je ne m’en souviens pas. Je sais que Denton l’a vu, enfant, en se baladant sur une île près de Shangaï, donc on va dire à peu près dans les années 20. Une tête, une île, et un enfant.
  2. L’île atlantique, un titre, un auteur, un livre. Pas lu. Pas encore. Attendre encore. Un peu.
  3. Naitre sur un continent tout en étant fille d’ilienne, au moins pour moitié. Combien d’inconnues ? cela fait-il de l’enfant une ilienne au quart ? et qu’est ce que les trois quarts restants ?
  4. Grandir avec un œil et demi, perdre petit à petit le demi qu’il manque à la fin. Le récupérer par moments, rares. Pas complètement, jamais.
  5. Percer et voir. Même dans le noir. Surtout dans le noir du demi qui manque. Jusqu’au trois quarts. Et accepter de ne jamais pouvoir mettre la main sûre « la quantité négligeable » de l’équation qui l’inclut et l’exclut en même temps, en un même compte, en un même mouvement. Là. Sereiner.