#été2023 #15 (bis ou pas) | trois bis parisiens

Rue Legendre, 150 bis ;  longue rue et pas de transports. Le bus elle le prend avenue de Clichy ( le 54), le ticket coincé dans l’alliance : l’alliance gardée pour y tenir le ticket. Le marchand de joujoux de la rue Legendre c’est en marchant dans l’autre sens. La devanture de jouets bien ordonnée, une poupée énorme en robe blanche avec des roses et les bouclettes de cheveux paille. Je les vois noirs les balcons, sombre la rue, vide, triste. Premier étage: c’est elle ma lumière dans le petit appartement deux pièces rue et cour et l’odeur de Cologne et de térébenthine.

Rue de Steinkerque, c’est au tout début de la rue, pas de bis sinon sur scène quelques fois :  les cars de tous les jours, les hordes de tous les jours, Les tours Eiffel, les Sacré-cœur, les glaces italiennes goût rose ou vert. Les soieries synthétique en caverne d’Ali Baba c’est en remontant : couleurs et bruits des lumières du temps.  Le bonimenteur de l’angle, les affiches de catch, les catcheurs bosselés en panthère par la sortie de derrière, la femme au boa qui s’enroule au cou des passants. Du cinquième on voit la tour-Eiffel en vrai et la sacré meringue en fantôme de minuit ( d’une toute petite fenêtre) dure comme la pierre. Elle l’aime son appartement du cinquième; elle y meurt : elle l’aime comme pousser un cri de naissance .

183 bis rue du faubourg poissonnière le métro aérien qui va à Rome et par dessous à Alésia. L’arrêt du 54 devant Tati : Anvers Clichy Legendre. Le boulevard Magenta et la rue du Delta un nom à rêver des voyages (contes et légendes rayés d’or) la rue grimpe à droite en sortant. Souvent elle y gare son auto une quatre L blanche.  Après c’est au sixième sous les toits (l’ascenseur tremble), chacun sa chambre. De la fenêtre du salon (aux couleurs de cinéma moquette lie de vin coussin verts et lampe orange) On entend le boulevard et on voit l’ouvrage du pont aérien, un jour en mai les poubelles du boulevard qui flambent.  

A propos de Nathalie Holt

Rêve de peinture. Quarante ans de scénographie plus loin, écrit pour lire et ne photographie pas que son lit.

2 commentaires à propos de “#été2023 #15 (bis ou pas) | trois bis parisiens”

  1. Rétroliens : carnet individuel (IX) |pch – le Tiers Livre | écrire, publier, explorer

  2. Merci Nathalie Holt pour ces fragments : ils font entendre, écouter, voir la rue, les boulevards et  « l’alliance gardée pour y tenir le ticket ». Ils font y être en ces temps retrouvés. Merci.