A propos de Gilda Gonfier

Conteuse, paysanne, sauvage. Voir son site 365 oracles.

#été2023 #09bis | Arrêter le temps

Devant mon évier pour finir la vaisselle, mon gâteau au yaourt au four, je laisse l’eau couler sur mes mains. Ce n’est pas tant l’envie de pleurer, qu’une lourdeur dans la poitrine et dans la gorge qui me rend lente et comme absente, l’envie de revenir à des choses élémentaires, primaires, l’eau qui coule. C’est tout. Rester là parce qu’au Continuer la lecture#été2023 #09bis | Arrêter le temps

#Faire un livre #Prologue Rivières et ravines

J’ai demandé à Tonton Odilon de me raconter les rivières. Nous sommes seuls dans la maison à Bergette. Lui dans le jardin, moi dans mes cahiers. Nous parlons peu. Le chat Féfé dort à mes pieds. Tonton Odilon dit que les chats ça guéri. Il faut le laisser et ne pas le chasser. Est ce que j’ai besoin de guérison? Continuer la lecture#Faire un livre #Prologue Rivières et ravines

#Ete2023 #09 La peau de pauvre

Quand je suis partie, il y a plus de 10 ans, l’arrêt du car de Léogane n’était pas matérialisé. La seule manière pour un étranger de savoir sans qu’on le lui dise, que l’arrêt était devant le manguier, aurait été d’observer sur plusieurs jours et à différentes heures, les femmes et les enfants surtout, se tenir debout sous le soleil Continuer la lecture#Ete2023 #09 La peau de pauvre

#Eté2023 #08bis La solitude du corps

Dans la lumière des bougies parfumées, avec la musique douce et le miel pour le thé, Paul m’a rejoint. Il est dans ma cuisine comme chez lui. Il sait où trouver les deux théières dont il a besoin, l’une pour l’infusion et l’autre pour le service ainsi que les tasses d’un service à thé japonais en porcelaine qu’il m’a offert Continuer la lecture#Eté2023 #08bis La solitude du corps

#été2023 #08 | L’effondrement intérieur

La béquille a deux couleurs, gris pour la tige et bleu pour l’appui et sa poignée. Félicité l’a calé contre la porte en bois de la cuisine. Nous la trouvons tout au long de la journée dans toutes les pièces de la maison. Dans la nuit, puisque je ne dors plus, alors que j’étais dans la cuisine, elle est tombée, Continuer la lecture#été2023 #08 | L’effondrement intérieur

#été2023 #07bis | L’odeur du diable autiste

Je n’ai pas assez parlé de cette odeur. Tonton Odilon était le diable et si le diable avait une odeur il aurait l’odeur des oignons fris mélangés à l’ail, au concombre et aux piments. Je détestais la cuisine de Tonton Odilon. Elle était comme son caractère, brutale. Il mélangeait dans une casserole tous les légumes qui pouvaient lui tomber sous Continuer la lecture#été2023 #07bis | L’odeur du diable autiste

#été2023 #07 | Le corps d’Ornella

« Des membres jetés sur la scène, donnés en spectacle. Le dos, à l’ossature saillante, lance ses fesses en l’air. La tête abandonnée sur le parquet semble pouvoir rouler loin du fatras de son corps nu. Son visage se refuse aux regards. La lumière découpe son corps en morceaux solitaires. Une épaule contre le parquet et les genoux ramenés sous Continuer la lecture#été2023 #07 | Le corps d’Ornella

#été2023 #06bis | L’inflammation

Toutes les maladies, tous les symptômes dont nous pouvions souffrir, ma sœur Guylaine et moi, étaient attribués par notre mère à l’inflammation. Rosine ne connaissait qu’un seul et unique diagnostic : « tu as l’inflammation Ornella ». Elle soignait notre feu avec des tisanes dont la fonction était de nous rafraîchir. Si les tisanes n’arrivaient pas à bout du mal, à bout Continuer la lecture#été2023 #06bis | L’inflammation

#été2023 #06 | L’orgueil des Cinabre

Violetta avait gagné le combat contre la pauvreté. Elle entretenait avec plaisir la légende qui voulait qu’elle ait payé ses études de pharmacie à force de vendre des bouteilles consignées. Elle laissait colporter avec orgueil ses astuces pour économiser de l’argent et cultivait soigneusement sa réputation d’être pingre et avare.Sa grande villa avec piscine perchée en haut d’un morne alignait Continuer la lecture#été2023 #06 | L’orgueil des Cinabre

#Outils du roman #02 Féfé

Du dehors Tonton Odilon faisait preuve de cruauté. Le chaton miaulait de terreur dans les tiges d’Atoumo. Guylaine était allée chercher un sabre pour couper l’entrelacs de branches et libérer le chaton apeuré de la prison où il s’était réfugié par peur du chien qui gardait la maison. Tonton Odilon lui avait hurlé : personne ne touche mon sabre. On Continuer la lecture#Outils du roman #02 Féfé