A propos de Gilda Gonfier

Conteuse, paysanne, sauvage. Voir son site 365 oracles.

#gestes&usages #05 | L’endure

M. mange avec les mains un dosa et m’invite à en faire de même. La galette est fine et craquante. Nous avons un assortiment de sauces de plusieurs couleurs et de plusieurs textures dans lesquels tremper nos bouts de crêpes croquantes. Je lui partage mon ignorance. Un dosa m’avait semblé être une simple crêpe à la farine blanche mélangée à Continuer la lecture#gestes&usages #05 | L’endure

#gestes&usages #04 | Tango

Un peu de peau, une égratignure, rien du tout. Rien qui l’oblige à abdiquer de son quotidien. Le gros orteil gauche est douloureux. Comme il en parle on pourrait croire que tout l’ongle a été arraché. Je l’écoute au téléphone et je pense au géant aux pieds d’argile, au talon d’Achille. Je pense : Lébène vacille. Il explique que sa Continuer la lecture#gestes&usages #04 | Tango

#gestes&usages #03 | Sur le quai

Rêve du dimanche 7 janvier 2024 Je suis au bord du quai; le quai de Trois-Rivières, où accostent les ferry en provenance des Saintes déchargeant leur noria de touristes et de résidents partis seulement pour la journée et voyageant léger, certains même pieds nus et en maillot comme sortis tout juste de la plage. Je viens récupérer la petite. C’est Continuer la lecture#gestes&usages #03 | Sur le quai

#gestes&usages #02 | Pêcher dans le Grand Cul de Sac Marin

Le fils partait pêcher comme on part se promener. Au petit matin, il faisait encore nuit, avec des gestes assurés, il mettait un seau blanc avec un couvercle rouge à visser dans le canot. Il prenait des gaf, vérifiait qu’il avait palmes, masques et tuba et son fusil qu’il rangeait dans le giron. Il poussait la porte de la cabane Continuer la lecture#gestes&usages #02 | Pêcher dans le Grand Cul de Sac Marin

#Gestes&Usages #01 | Rivages

A cause de la couleur des oignons roussis, de l’huile rouge des poissons nasses frits, du nacré des conques de lambis, de l’eau sombre au bord du quai, du fond noir de la piscine d’eau de source et des lapias qui faisaient l’attraction du Vieux-Bourg, je vois mon enfance comme une mer à traverser.  Mais il y avait des rivages. Continuer la lecture#Gestes&Usages #01 | Rivages

#Eté2023 #11 | Celle qui voulait marcher pieds nus dans le jardin 

Il faut que je vous parle de mon père. Je suis une gentille retraitée. La petite j’ai voulu l’aider parce que c’était la chose à faire. Quand on peut aider on aide. En plus, ce n’était pas difficile de l’aider. Est ce que cela m’a demandé des efforts ? Non. Des soupes chaudes et des oranges pour passer l’hiver. Je Continuer la lecture#Eté2023 #11 | Celle qui voulait marcher pieds nus dans le jardin 

#enfances #01 | A trois pattes

La grand-mère maternelle La grand-mère maternelle habite une case en bois sans eau et sans électricité posée sur quatre grosses roches. L’enfant rechigne à y aller. La grand-mère n’a pas de temps pour les enfants. Elle les embrassent avec le bout de son nez et ne leur adresse jamais la parole sauf peut-être pour demander si ils travaillent bien à Continuer la lecture#enfances #01 | A trois pattes

#enfances #00 | Gibier

La case en bois de la grand-mère est sombre même en plein midi coincée entre la grande maison en béton du frère ainé d’un côté, séparée par un mince couloir en ciment, et de l’autre un terrain vague qui donne sur la rue dont elle se protège en fermant portes et fenêtres. Les murs sont couverts de carapaces de tortues Continuer la lecture#enfances #00 | Gibier

#Eté2023 #10bis Ce roman est foutu!

Dans la fiction je passe mon temps parce que l’auteur m’a faite l’âme triste à me plaindre, parce qu’un homme, Paul, chorégraphe de son métier, n’est pas à moi, comme si la joie était impossible à mon caractère. On me croit niaise, j’en suis certaine, et je me résume à un personnage de romance maladroite qui mouille de ses larmes Continuer la lecture#Eté2023 #10bis Ce roman est foutu!

#été2023 #10 | cahier clairefontaine

J’écris comme Paul sur des cahiers d’écoliers. Nous nous étions amusés de cette habitude commune et j’avais dit que c’était la preuve que nous étions faits l’un pour l’autre. J’avais ri comme si c’était une plaisanterie, un conte pour enfant auquel, bien sûr, je ne croyais pas, et j’avais relevé la tête, redressé le buste comme pour faire plus grande Continuer la lecture#été2023 #10 | cahier clairefontaine