hors-série #2 | les torchons de ma mère

J’utilise les torchons de ma mère. Je n’en ai jamais retrouvé de la même qualité. Solfin, c’est leur marque : en coton épais ou fin, en lin, nid d’abeille ou lisse, quadrillé ou juste bordé d’un liséré de couleur, de couleur ou blanc, j’en ai toute une collection ; les torchons de ma mère serviront encore à ma fille. C’est le seul trousseau que j’ai reçu et le seul que je lèguerai. Mon frère réclame une petite part de cet héritage en torchon, deux torchons, les meilleurs pour traiter parfaitement le pare-brise de sa voiture (il est pourtant très pointu en innovations nettoyantes de toutes marques). Ils ne sont pas neufs et c’est une grande partie de leur exceptionnelle qualité. Ikéa en propose que je n’ai pas essayés Nos torchons à vaisselle sont vraiment pratiques pour essuyer la vaisselle et les casseroles. Mais qui dit pratique ne dit pas nécessairement ennuyants. C’est pour cette raison que nos linges à vaisselle arborent des motifs et des couleurs variés: pour mieux afficher votre style dans votre cuisine. Maman avait un torchon pour chaque utilisation : pour les mains, pour la vaisselle, pour les verres, pour la table ; gare à qui se servait du torchon des mains pour la vaisselle ! Je les utilise indifféremment selon leur rang dans la pile. « On ne mélange pas les torchons et les serviettes ». Le torchon n’était ni mouchoir ni serviette de table, sous peine de réprimande. Cela se perd aussi ! Mais j’ai toujours deux torchons simultanément en activité, peut-être par atavisme. La pandémie m’a conduite à changer les torchons et à les laver de plus en plus souvent. Quoi de plus sale qu’un torchon ? Ne dit-on pas « c’est un torchon » ? Accessoirement le torchon peut servir à chasser le chat qui se risquerait sur la table « coup de torchon », voire les mouches ! Le torchon reste chez nous le symbole du foyer et « quand le torchon brûle » entre nous (si j’oublie par exemple de remplacer les torchons mis au lavage), il vaut mieux prendre ses distances.

Codicille : l'essuie-tout d'Anne Dejardin m'a tellement fait penser aux torchons de ma mère qu'il fallait que j'en parle.

A propos de Danièle Godard-Livet

Raconteuse d'histoires et faiseuse d'images, j'aime écrire et aider les autres à mettre en mots leurs projets (photographique, généalogique ou scientifique...et que sais-je encore). J'ai publié quelques livres (avec ou sans photo) en vente sur amazon ou sur demande à l'auteur. Je tiens un blog intermittent sur www.lesmotsjustes.org et j'ai même une chaîne YouTube où je poste qq réalisations débutantes. Voir son site les mots justes .

6 commentaires à propos de “hors-série #2 | les torchons de ma mère”

  1. J’aime beaucoup ce texte, cette manière de faire jaillir tellement de vie, et de nuances, à partir de « l’anecdotique ». Merci Danièle, je t’embrasse!

  2. Fabuleux ces torchons, c’est toute la vie d’une cuisine, le tissu attelé au travail, presque l’organe surnuméraire des cuistots, bravo pour les rayures, l’image du « nid d’abeille »… Merci Danièle !