#photofictions #04 | j’ai.

j’ai mort. j’ai peints sur le visage les trous vides. j’ai les deux ronds noirs inutiles. j’ai, dessiné sur la photographie, les yeux ternes du poisson noyé d’air. j’ai morte. j’ai les mains croisées reposent sur la couverture. elle couvre mes jambes. j’ai le collier à deux rangs de perles blanches. j’ai la longue tresse de cheveux et le visage doux incliné entre mes deux figés flous. j’ai chacun une main sur le chacun de mes bras pour nous tenir encore un peu. j’ai la dernière place de la rangée. la plus petite calée au début des autres en taille grandissante. j’ai les souliers vernis brillants je coule raidie dans ses bras sous le visage des joues roses. elle tient droite éternelle comme une tour. j’ai autour du visage les plis du capiton soyeux blanc, j’ai sur les cheveux la couronne de fleurs. j’ai le dos accroché, et le cou, pour rester comme les debout. J’ai le bras sur l’accoudoir du fauteuil je suis coincée dans le travers. j’ai la poupée dans mes bras, je suis allongée dans le petit divan une jambe repliée repose cachée sous l’autre. j’ai ma jumelle habillée comme moi, coiffée comme moi, appuyée sur le dossier. elle a la poupée comme moi. elle regarde sans voir l’ailleurs devant. comme moi. j’ai toute la famille autour. avec les oncles les tantes les autres enfants sur les genoux, les sages tenus par la main, et l’ours en peluche. Il y a le lustre et le gros abat-jour sous le plafond, la nappe lourde des beaux repas, le portrait médaillon sur le mur du fond. j’ai toute la place par terre devant. allongée sur le coussin blanc. l’ours appuyé contre mon ventre. toute la famille autour j’ai. pour toujours là. que maintenant tu regardes et que je ne sais pas.

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