Sollicitude

Julo est parti chercher les pompiers. Un oiseau est entré chez lui et ne veut déguerpir. Faut de l’aide. Sa mère lui a confisqué son téléphone et il se sent en danger. Sa mère est une sale bête, une égoïste qui ne pense qu’à elle. Elle lui a pris son téléphone Et quoi qu’est-ce qu’elle va en faire ? il se demande quoi regarder ses messages, zieuter ses photos, se moquer, s’esclaffer envoyer des messages à ses potes à sa place ? Oh il a envie de la tuer, de la massacrer, de la broyer elle est tellement tellement malfaisante de fureur Il en bégaie il est en danger il sait qu’elle peut tout bousiller tout salir ce téléphone ce qui le relie au monde ce qui permet de se dégager d’elle ce qui permet il étouffe elle lui a pris son cordon à lui sa respiration.
Et quoi ? Pourquoi l’aurait-il ce téléphone ? Si le réseau ne passait pas, il ne l’aurait pas non ? Qu’est ce que c’est que cette histoire ? Du cinéma encore. Moi je veux qu’on me foute la paix, qu’on me laisse vivre et qu’est-ce que j’y peux si cette rage de vivre a besoin de la rage des autres ? Se sentir. Sentir sa puissance. Son pouvoir. Oui je lui ai pris. Et alors ? Ouste ! Dehors ! Est-ce que j’en ai un moi de téléph ? De quoi vous mêlez-vous ? Dehors je vous dis. Allez Ouste.
On blaguait, on était en train de rigoler dans la cour. Pour une fois, aucune sonnerie ne nous sollicitait et on était détendu peinards quand il a débarqué. On l’a vu arriver de loin, il traversait la cour jambes à son cou, comme on dit, torse courbé en avant il fonçait vers nous. Il est arrivé totalement essoufflé, il tendait son doigt vers la rue en faisant des moulinets avec son bras, il braillait. Il voulait qu’on le suive mais on ne comprenait rien à ce qu’il nous disait. On a essayé de le calmer. En vain. Comme on n’avait rien à faire et qu’on s’ennuyait un peu, on a décidé de le suivre et c’est en arrivant devant le domicile de sa mère qu’on a compris qu’il voulait récupérer un objet. Lequel ? Mystère. Il disait qu’il avait peur, qu’il préférait nous attendre dans la rue. Devant elle et surtout avec le motif de notre visite, on était pas fiers. Elle nous a rembarré of course. C’était à prévoir. Elle était furax. On est reparti plutôt bêtes. En bas, le fiston avait disparu.
J‘me suis caché. J’pouvais pas rentrer chez moi à cause de l’oiseau qui me faisait peur et j’pouvais pas téléphoner à aucun de mes potes vu qu’elle me l’avait confisqué mon téléphone. Et non, j’pouvais pas appeler avec un autre vu que j’avais pas les contacts. J’avais rien rien pour m’aider. J’avais rien. J’étais seul. Ben oui j’suis parti. J’ai dormi dehors. Et puis au matin, un mec m’a payé un café et un croissant et après il m’a dit que lui il allait le récupérer mon téléphone. Alors je l’ai accompagné et arrivés, je lui ai donné les clefs. Moi, j’ai attendu en bas. Oui monsieur, il avait du sang sur lui en descendant. Non je lui ai rien demandé. Je crois que je savais. Et ben quoi qu’il l’avait zigouillée. Non, j’suis pas triste. Non, elle l’a cherché. Ben oui, je veux bien vous suivre. J’dois vous dire monsieur l’oiseau aussi, il est mort.

A propos de Louise George

Diverses professions et celles liées au "livre" comme constantes.