#boost#06, visages|Miroir

Essuyant les gouttelettes qui dégoulinent sur le miroir, le chiffon frotte détourne les ruisselets qui brouillent le visage plongé dans sa tache ménagère, refusant de s’attarder à l’évidence, sur cette face aux sourcils écarquillés surplombant la monture des lunettes, séparés par deux rides transversales et une bouche tricheuse qui repulpe ses lèvres en la poussant en avant. Décidée à passer Continuer la lecture#boost#06, visages|Miroir

#boost #06 | Des visages, des figures

Amas de têtes, empilées sans ordre, l’une dévorant l’autre, dans un combat déloyal, mâchoire collée, peau à peau, indistincte, dans la masse qui s’étire, l’ombre prolifère, absorbe tout sur son élan. C’est à peine si tu oses les regarder en face, tes voisins. Difficile de les nommer ainsi, dans la tension de leur expression. Tendus, nerveux, fuyants. Dans la proximité Continuer la lecture#boost #06 | Des visages, des figures

#boost #05 | crier sans pourquoi

Potemkine grand O de la bouche avec les dents sous le déluge d’encre noire cris de lavis charniers fondus au sisal de la toile cri du petit buste de plâtre percé de clous Camille cri gris blanc noir gris sous l’ampoule à filament cri mère cri cheval hourvari de bourreau tonnerre gueuloir cri du couteau et de la hache sous Continuer la lecture#boost #05 | crier sans pourquoi

boost #05 | Voici venir la nuit

C’est une poussée secrète, cachée, une torsion interne à la lisière du corps juste au bord, des ombres derrière les rideaux. Un ébranlement sans contours. Une dilatation du silence. En rêve je vais t’y retrouver. Vaille que vaille. Cela fait déjà quelques minutes que je n’entends plus rien, désormais les voici rejetées. Quelque chose gronde en-deçà du son, et des Continuer la lectureboost #05 | Voici venir la nuit

# Boost #5 |Sous la cuirasse des corps

en bec de corbeau cela discorde — le scalpel de la parole invoque le chaos de la chair — le corset du corps craque de tous côtés — la craie du râle grince dans le ventre — c’est Job qui est là — tesson de terre cuite dans les doigts à se gratter la peau — ni répit ni repos Continuer la lecture# Boost #5 |Sous la cuirasse des corps

# Boost #03 | Un vide qui rien ne comble

La gorge se serre sans prévenir. On se croyait en sécurité tout à coup l’incertitude nous envahit. Ça commence par des picotements dans la nuque, avant de descendre jusqu’au ventre, s’insinuant par ondes successives, lentement, sans bruit, à travers tout le corps. Les muscles tendus, les épaules endolories, l’air se comprime brusquement dans la poitrine. Rien ne bouge, pourtant tout Continuer la lecture# Boost #03 | Un vide qui rien ne comble

#anthologie #33 | chambre

Lit, vrai refuge, d’aussi près masse ouatée. Murs quatre et le corps seul. Rien qui bouge.Murs quatre blanc-craie et corps à la renverse. Vrai refuge. Lit. Livres. Feuilles volantes. Pas de bruit. Lunettes. Jour noir bleu sous verre. Bris de lumière alternatif dehors. Comme au temps de balbutiement long corps nu à la renverse. Rien qui bouge encore : œil Continuer la lecture#anthologie #33 | chambre

#anthologie #31-1 | mort-danse

{suite du texte #anthologie #05} Est-ce que je suis morte ? Est-ce que je suis vraiment morte ? Si je suis morte, alors, pourquoi je peux parler ? Si je suis morte, alors, pourquoi est-ce que tu peux m’entendre ? Parce que tu m’entends ? Hein, tu m’entends ? Tu n’es pas morte, tu es un souvenir. Ce n’est pas la même chose. Parfois un souvenir Continuer la lecture#anthologie #31-1 | mort-danse

#anthologie #05 | Gollum

Je sens ma chair de poisson rouler contre mes os. Je vois un écureuil sans queue, une chauve-souris sans aile, un gobelin sans dent, une araignée à laquelle on aurait arraché moitié de pattes. Au fond de mes globes, il reste l’avant : mon sourire, les vertes collines, mais c’est l’obscurité pour moi maintenant, la moiteur des grottes qui blanchit Continuer la lecture#anthologie #05 | Gollum

#anthologie #27 | débuts d’histoires en trois temps

J’ai appris à lire dans un manuel de conjugaison. C’était un Bescherelle, je crois. Ou un Bled. Un livre que mes sœurs et frères ainés devaient laisser trainer sur l’unique bureau de notre chambre commune que j’étais le seul, à cette époque, à ne pas partager puisque j’étais le plus petit de la fratrie. C’était surtout un livre où il Continuer la lecture#anthologie #27 | débuts d’histoires en trois temps