#40jours #18 l gliwice

Le badge levé il me dit de sortir. Cet homme est de plus en plus rouge au fil du congrès. Il est polonais pas comme les autres de la sécurité. Ce matin à 7h40 tu l’as vu bailler. Les voitures de police moteurs allumés congrès de l’ONU oblige. Et l’Ukraine n’est pas loin. Des maires de villes bombardées sont venus parler. Le passage souterrain les escaliers le passage souterrain les escaliers. La police sous chaque passage sans soleil. Ces petits espaces où on ne fait que passer mais où il y a trop d’escaliers. Le premier jour tu t’es trompée tu es remontée. On passe juste sous un rond-point. Maintenant tu sais remonter. La barre de logements si gris si grands si symétriques. Repérer le deuxième jour la gardienne dans sa cellule derrière la vitre. Les regards aux habitants. On ne sait pas où ils habitent on devine car on traverse sur le parking. Mais on se demande où ils habitent on regarde les visages les vêtements on est à l’étranger. La tête à chaque fois levée sur la barre et l’arrêt à un seul balcon, celui des fleurs. Jamais photographié. Aujourd’hui j’ai regardé la barre depuis le congrès. Le petit bout de centre celui des pavés des maisons où je commente tout le temps mais sans m’arrêter. Les mêmes commentaires du premier jour sur ceux à terre qui vendent des fleurs et qui ont les visages marqués. Tu as ralenti aujourd’hui devant la dame plus âgée qui vend les fleurs bleues tu as vu le siège pliant et tu as vu les fleurs bleues dans des boîtes de conserve. Juste avant tu as vu l’autre dame qui mangeait et son corps marqué. Je pense que tu as ralenti aujourd’hui car tu as donné hier de l’argent au violoniste un homme âgé au corps marqué qui jouait et tu as voulu donner de l’argent mais tu ne voyais pas où sauf la boîte de conserve ça a fait du bruit les pièces et il jouait et aujourd’hui quand tu es repassée tu n’as plus vu le violoniste. La galerie commerciale récente avec les seules vitres comme l’immeuble du Marriott et Ernst & Young du rond-point du congrès. On repère les marques le troisième jour. La gare. La gare c’est la machine à tickets. Il y a deux machines à tickets. Le premier jour tu n’as pas bougé car tu savais que tu allais retarder ceux de derrière. Le deuxième jour tu as calculé sur quelle machine tu irais le plus vite. Personne ne t’attend le train est dans plus de 20 minutes. Le deuxième jour tu restes avec l’écrit polonais car tu sais. Tu aurais pu choisir l’anglais le premier jour tu as pris en anglais et le tarif le plus haut si jamais tu te fais contrôler. Tu n’as pas compris tu n’as pas voulu retarder ceux de derrière tu as appuyé sur le plus cher. Le troisième jour tu trépignes légèrement, un peu, devant celui qui hésite légèrement, un peu, quand il prend son ticket. Tu sais qu’il est polonais. Tu t’es dit qu’il est polonais juste par ses vêtements. Le premier jour tu t’es trompée de plateforme tu n’as pas pris le train le plus tôt. Tu as pris celui plus tard à 18h03 le plus tôt c’est 17h47. Tu as repéré qu’un autre polonais s’interrogeait quand l’autre train partait. Le regard du deuxième jour rapide au grand panneau. Le regard sans s’arrêter du troisième jour aux horaires de train affichées. Tu as eu le temps sans t’arrêter de lire la compagnie de train. Gliwice. Tu gardes maintenant tes écouteurs. Tu attends le dernier moment pour monter dans le train tu profites un peu du soleil. Le regard sur l’écran bleu mais juste pour s’assurer. On ne cherche plus Gliwice. Tu es montée dans le train. 28 minutes de trajet. Le troisième jour tu as regardé qui descendait avant Gliwice. La contrôleuse a tapoté sur ton épaule pour que tu montres le ticket car tu pensais la tête tournée vers la forêt. La voiture aux portes ouvertes garée dans les hautes herbes tu t’es demandée pour les insectes. La question sur la bibliothèque aux deux fenêtres ouvertes par le haut placée dans la gare. L’architecture d’une petite industrie. La femme et l’homme habillés en rouge et quand tu as compris qu’ils étaient habillés en rouge car l’enseigne du magasin est une coccinelle mais avant de regarder l’enseigne tu t’étais dit qu’ils devaient travailler dans un supermarché mais le supermarché était là aussi dans la station avec derrière la forêt. Le premier jour tu avais sorti le ticket avant que la contrôleuse arrive à ton siège. Elle contrôlait celui qui comme toi avait pris le train trop tard il a sorti son billet tu as sorti ton billet. Tu as compris ce soir que la contrôleuse reste dans le train et retourne à Katowice et tu t’es dit qu’elle est bronzée et en même temps tu t’es dit qu’est-ce que ça fait de rester comme ça dans un train trop climatisé. Gliwice. Tu es sorti comme les autres aux pas assurés la rotation déjà enclenchée la sortie que tu connais. Tu souriais avec cette musique tu t’es dit qu’il faudrait photographier les publicités et toujours ces espaces vides comme ceux au-dessus des souterrains du rond-point. Tu sais à quoi tu as pensé. Garde-le. Gliwice.

A propos de Bérénice Bon

géographe à l'Institut de Recherche pour le Développement https://www.cessma.org/BON-Berenice