#40jours #39 | vacances de février

Veille. Grand voyage. Février. Chaque année. Veille. Et avant-veille. Préparatifs. Absence. Deux semaines. Bagage. En conséquence. Excitations. Ma mère. Les valises. Les sacs. Convenablement remplis. Chaque recoin. Bouché. Chaque petite place. Occupée. Pas trop. En emporter. Le nécessaire. Le suffisant. Serrer. Se débrouiller. Là-bas. Mon père. Le voyage. En voiture. Explications. Les routes empruntées. Les nationales. Les régions. Écouter. Religieusement. Sans comprendre. Sinon que long. Sinon que loin. Sinon que l’autre bout. Du pays. La carte. Les cartes. Étalées. Sur la table. Salle à manger. Son doigt. Suivre. Lignes rouges. Lignes jaunes. Pas d’autoroutes. Inexistantes. Points. Plus et moins gros. Géographie. Leçon. Premières expériences. Cartographie. Quelque chose. Concret. Imaginaire. À la fois. Mystérieux. Évident. Fascinant. Partir. Longer. La France. Par l’est. Des Basses-Alpes. Jusqu’à la Moselle. Routes de février. Faire attention. Même pas. Se poser la question. Sûreté de lui. Pas de pneus neige. Pas de limitations. Vitesse. Au choix. Selon la route. À voir. Cartes repliées. Mettre. Avec les bagages. Prêtes. À servir. Ma mère. Copilote. Manosque. Sisteron. Grenoble. Bourg-en-Bresse. Lons-le Saunier. Besançon. Vesoul. Épinal. Nancy. Metz. Entre neuf. Et dix heures. Trajet. Non. Un gros. Dix heures. Sept cent quarante kilomètres. Discussions. C’est l’heure. Pour nous. Aller au lit. Demain. Partir tôt. Quand. Voir ça. Demain. Être réveillés. Aux aurores. Ça veut dire quoi. Très très. Tôt. Avant. Lever du jour. Filer dans la chambre. Porte. À demi. Fermée. Excités. Entendre les voix. Des parents. Parlent haut. Ne pas comprendre. Tout. Prêt. Pique-nique. Encore. À confectionner. Conciliabule. Dans la chambre. Pas trop fort. Chuchoter. Revoir. La grand-mère. L’oncle qui vit avec elle. Qu’on n’aime pas. Sévère. Pas gentil. Son chien énorme. Peur. Peut-être des visites. Autres tantes et oncles. À voir. Bien aimer rouler. Beau voyage. Et la neige. Sommeil arrive. La petite dort déjà. Petit lit. Près du radiateur. Les aurores. Non. Déjà. Allez debout. Se laver. Chacun son tour. Petite. Salle de bain. Baignoire sabot. Petit. Déjeuner. Ne pas trop manger. Pas trop de lait. Deux tartines. Un comprimé. Petit. Nautamine. Mieux vaut prévenir. L’ID 19 tangue pas mal. Manger sur la route. Dernier tour de clé. On n’a rien laissé allumé. Départ. Coffre fermé. Trois enfants. À l’arrière. La voiture. Montée sur vérins. Mon père met ses gants. Cuir. Brun. Ajouré. Rouler. Dans la nuit. Des aurores. Pas de verglas. Vitesse raisonnable. Nationale 96. Personne. Cette heure-là. Se rendormir. Après phase. Excitation. Chauffage. Se réveiller. Bien après l’aube. Regarder. Défiler. Champs. Et villages. Hautes-Alpes. Déjà. Sisteron. Passé. Matin. Lus-la-Croix-Haute. Première neige. Conduire prudemment. C’est encore loin. Oui. Regarde le paysage. On vous dira. Vous reconnaîtrez. C’est dans longtemps. Oui. On mangera d’abord. Chanter. Le répertoire. Familial. Passer le temps. Vers Bourg-en-Bresse. Plus de neige. Crachin. Visibilité. Difficile. Ralentir. Un peu. Ne pas trop. Baisser la moyenne. Lons-le-Saunier. Ma mère y a vécu. Pendant la guerre. Raconter. Bribes d’enfance. Ennui. Solitaire. Sa vie de gosse. On a bien de la chance. Nous. Pas être enfant unique. Même si. Se bagarrer. Souvent. Manger. Après. Besançon. S’arrêter. Bord de route. Il ne pleut plus. Sortir un peu. Se dégourdir les pattes. Bord de champ. Manger. Dans la voiture. C’est drôlement bien. Donner à manger à la petite sœur. Rechigner. Un peu. Puis manger. Boire. Limonade. Les parents. Du café. Léger. Très clair. Repartir. Traverser Vesoul. C’est où qu’on est. Vesoul. Il y a rien à voir. Traverser Épinal. Regarder. Les fontaines. Du casino. Gelées. Il neige de nouveau. Reprendre. Suite des chansons. Familiales. Pas de succès. Râler derrière. Mon père. Raconter. L’histoire. Du Petit Renard. Longue histoire. Improvisée. Au fil de la route. Écouter. Bouche bée. Passionnant. Rigolo. Aller ainsi. Jusqu’au-delà. De Nancy. Reste. Une demi-heure. Tout le monde en a marre. Ma mère. Énervée. Crier. Un peu. En nous parlant. Elle n’aime pas. Aller à Metz. La maison. De son mari. Ne pas aimer. Sa belle-mère. Qui le lui rend bien. Fâchée avec ses belles-sœurs. Pas une sinécure. Une habitude. Vacances de février. Toutes les vacances de février. Et cette ville. Noire et blanche. Charbonneuse. Neige et brouillards. Réunions de famille. Le jour des beignets. Embaumer. Cuisine. Salle à manger. Jusqu’à l’étage. Arriver. Dire bonjour. Mémé. Dire bonjour. Tonton. Bises sèches. Décharger. La voiture. Rentrer vite. Il gèle. Se coller aux poêles en faïence. Chaleur. Diffuse. Monter. À l’étage. Faire nos lits. Grande chambre. Passer. Dans l’escalier. Un petit cadre. Avec ma sœur. On croit que c’est le diable. Effroi. À chaque passage. Ne pas. Ne surtout pas. Jeter un œil. Tableaux. Néo-sulpiciens. Jésus. Dans les chambres. Avoir peur aussi. Pas de lumière. Sombres. C’est bien là. Nous voilà arrivés. Enfermer. Le gros chien. Dans la véranda. Il rentrera tout à l’heure. Une chance. Mon père. L’aîné. Qui commande. Ne l’aime pas. On ne l’aura pas trop dans les jambes. À nous les belles vacances. En noir et blanc.

A propos de Fil Berger

Fil Berger, je, donc, compose les textes qu’il écrit avec des artefacts sonores et graphiques et ses pièces musicales avec des artefacts d’écriture et graphiques. Le tout cherche, donc, une manière d’alchimie modeste située entre ces disciplines. Il a publié des livres d’artiste avec le plasticien Joël Leick chez Æncrages et Dumerchez. Quelques revues comme Paysages écrits, Traction Brabant ont retenu des textes. Il a travaillé et composé des pièces musicales documentées sur CD. Il a partagé pendant plus de vingt ans des moments de création avec des chorégraphes, des plasticiens, des auteurs, des improvisateurs et des compositeurs. Il a animé des ateliers d’écriture et de partitions graphiques avec des personnes de toutes sortes. Fil Berger, je, donc, est un improvisateur qui compose et performe en forgeant ses propres outils, ses champs lexicaux, ses instruments, sa présence au monde en les mettant sans cesse en variation continue. Son travail est la recherche de convergences multiples entre... l’idée et la pratique du « baroque » et... la pratique et l’idée de l’insurrection « œuvrière » autonome.

6 commentaires à propos de “#40jours #39 | vacances de février”

  1. Oui, on croirait voir un film en noir et blanc ! Très bien rendu le monde des enfants pour qui tout est aventure en contraste avec le monde un peu aigri des grands. Et les noeuds difficiles à démêler des relations familiales. Super !

    • Merci beaucoup Helena pour ton message.
      Je suis content pour l’idée d’un film en noir et blanc.
      La famille et moi, ça a été vraiment très difficile.
      Encore un grand merci pour ta lecture !

  2. c’est fou comme on voyage avec toi, à hauteur d’enfant
    et les aurores !!
    superbe fil…
    (oui avec un jour de retard, mais que veux tu, moins de liberté ces jours-ci, faut s’accrocher…)

    • Merci Françoise pour ton message !
      Je suis assez content de ce premier jet, mais je ne sais vraiment pas comment le rattacher à Belleville…
      C’est l’exception qui confirme la règle !

  3. Cette fois-ci, je ne vois plus des pavés mais une grande malle grise… Et je devine dans quel sens ont été déposés les mots à transporter, en les calant contre la paroi à gauche, laissant la partie droite accumuler des vides, s’affaisser peut-être un peu. Bien sûr, on peut dire aussi qu’on a juste aligné le texte à gauche…

    • Merci beaucoup Philippe pour ton message !
      (Quand j’écris sous Word, je préfère justifier.)