A propos de Muriel Boussarie

Depuis un été fantastique - 2015 - je participe souvent aux ateliers de François Bon et j'y reviens toujours (presque).

#40jours #20 | donner fut fort donner

donner fut fort donner quand le corps sortant de la ligne d’attaque maîtrisa sans bloquer le coude assaillant et coupant jusqu’à terre en demi-rotation les genoux fléchissant mais le dos toujours droit avec ma main guidant sa nuque et sa tête atterrissant contre mon épaule mon bras se replia alors vers son cou pour provoquer sa chute donner fut fort Continuer la lecture#40jours #20 | donner fut fort donner

#40jours #17 | les Gardiennes

Tu connais le prénom de chaque enfant, tu les accueilles le matin, tu encourages ceux qui sont mal réveillés, tu grondes gentiment ceux qui se bousculent ou disent des grossièretés, tu presses les retardataires avant de refermer la grille. Tu accueilles les parents aussi, écoutes leurs doléances, leurs soucis, un enfant un peu malade, un autre très étourdi. Tu récupères Continuer la lecture#40jours #17 | les Gardiennes

#40jours #16 | à K. je n’écrivais pas

À K. je n’écrivais pas. Je marchais. La ville me happait, sa Skyline, sa Baie, ses ferrys, ses marchés, sa densité humaine, une des plus fortes au monde. Je photographiais la géométrie fabuleuse des gratte-ciels. Je n’écrivais pas. J’allais dans les îles, je traversais des marais grouillants de coassements et de reptations inquiétantes que masquaient d’énormes feuilles de taro. J’écoutais Continuer la lecture#40jours #16 | à K. je n’écrivais pas

#40jours #06 | vers Sakhaline

Oui on aimait les cartes, on suivait le tracé sinueux des fleuves jusqu’aux deltas, les continents étaient des îles sur les océans, on rêvait à l’ombre des reliefs montagneux, on s’imaginait explorer les espaces où le jaune s’étendait où le vert se fonçait. Et on se gorgeait de noms. Continuer la lecture#40jours #06 | vers Sakhaline

#40jours #05 | Cold case

Ce serait comme retourner sur une scène de crime, entrer dans un souvenir obscur, on gravirait les marches de béton, on pousserait la lourde porte – bois et verre dépoli – pour se retrouver dans un vestibule rectangulaire desservant quatre pièces, dallage frais, du seuil on hésiterait dans la pénombre – papier jaune foncé au motif provençal – en regardant Continuer la lecture#40jours #05 | Cold case

#40jours #04 | dans la pente

Trottoir en couches de bitume successives / épaisseurs d’éléphants / nappage noir sur revêtement usé / ourlets de lave séchée en bosses et replis sensibles à l’orteil fracturé ralenti dans la pente / macadam suturé de métal / grilles d’acier luisant sur le ventre enfoui de la ville / boucliers de cratères insondables / brillances d’huile évaporée / plaques de Continuer la lecture#40jours #04 | dans la pente

#40jours #03 | Italo Calvino x 3

Lungomare Italo Calvino, San Remo
Large avenue de front de mer, ciel immense et mer à perte de vue. Deux voies séparées par un terre-plein central, alignement de palmiers variés : hauts au tronc courbé, trapus, palmiers nains. Petite digue de rochers près du rivage. Un homme en bermuda marche d’un pas décidé sur le bord de la chaussée Continuer la lecture#40jours #03 | Italo Calvino x 3

#40jours #02 | je sais tout

***19h15*** le soleil couchant baigne la façade du K282, Mercy Street, personne aux balcons, il fait encore trop chaud, l’immeuble semble fermé sur lui-même, stores baissés, ça ne fait rien moi je vois tout même l’intérieur des appartements inoccupés où par moment de la poussière s’effondre aux angles des murs, comme au rez-de-chaussée où trois appartements sur cinq sont vides. Continuer la lecture#40jours #02 | je sais tout

#40jours #01 | Satellite of love

La tête penchée sur l’écran du téléphone il vise, sa flèche frôle la fleur de prunier et va se ficher dans le tronc, raté, une fois de trop, l’écran clignote, il redescend au niveau deux, va falloir tout recommencer, putain de jeu, il fait quelques pas sur l’allée, le Gardien sort de l’échoppe de l’oiseleur, l’aperçoit plus loin, ce gosse Continuer la lecture#40jours #01 | Satellite of love

#40jours #prologue | cité florentine

Un nom évocateur sur des carreaux de faïence derrière les piques de fer noir d’une grille d’angle protégeant l’entrée d’une voie très étroite entre deux immeubles – léger décrochage dans la rue, là où a été prise la photo placée devant le premier texte de l’atelier sur la ville il y a quatre ans – et des tiges indomptées qui Continuer la lecture#40jours #prologue | cité florentine