autobiographies #01 | images flottantes

Battant à l’air. Porte-fenêtre de la cuisine entrouverte. Laissée telle quelle. La terrasse. Longue et semi couverte de canisses. Muret-parapet séparant la partie balcon de l’escalier raide qui descend au jardin. Se pencher. Appui des coudes sur le muret. Regard envoyé loin en contrebas. Au-delà du potager. Grillage tendu. Cornières. À-pic. L’eau d’une mer verte. Onduler au début de l’été. Emprise du mouvement. Lent. Pulsé. Puissante image du vent. Le champ de blé.

Un tournant. Angle droit. Le dernier avant la descente. En haut du chemin. Enfin la plongée. Route étroite de terre-sable blanche. Dévaler à toute allure. Freins serrés. Dérapage. Chevaux de fer. À main gauche la vieille vigne. Noirs les ceps. Les sarments. Laisser tomber les vélos au sol. Autour cinq chênes, qui forment notre arène. Jouer. Imaginer des mondes. Escalades. Figures. Notre habitat sérieusement rêvé. Nos châteaux. Sur un bord le petit banc. Cloué entre deux arbres. Repos. Pour les autres. Des après-midi entiers. À regarder. Avec beaucoup de calme. Le vent léger. À s’exténuer. De parties folles.

Dans l’angle gauche. Chemins de billes au sol. Boue séchée. Sable sur asphalte. Ponts et puits, rigoles. S’animer. Contourner. Viser. Gagner. Empocher. Étendue collective entre deux préaux. Colonnes de fonte étroites. Plots. Dans le coin de droite un lilas. Rose pâle. Tache de couleur mai commençant. Conciliabules. Disputes et passions. Injures à peine articulées. Oser. Crier. Mettre en jeu sa pleine vie.

Sentier. Au flanc du gué en béton armé. Genévriers et chênes verts. Trapus. Courts. Remonter le ruisseau. Parfois marcher dans l’eau. Ornières. Fines. Débords de courant. Cascade en vue. Falaise. Cul-de-sac. Chemin élargi en plate-forme de roche. Inclinée. À gauche de la chute d’eau. Vasque. Étendue où s’étendre. Entre deux sauts. Plongeons. De toute la hauteur. Exclamations. Séchage. Lézard vert.

Grimper en lacets. Pente de la montée. Laisser les dernières maisons blanches. Au fond d’un tournant. Courbes de niveau. Oliviers torses. Champ. Genêts. Faire le chemin. À chaque fois marchant. Une ligne droite. Puis courbe. Pavée de dalles plates. Bordées de pierres cubiques. Longer. Arpenter. Se laisser diriger. Droit. Courbe. Jusqu’à la chapelle. Fermée au recueillement. Le plus souvent. Génie du lieu. Autel sommaire. Bouquets de lavande. Plis de la colline. Départ. Suite du sentier. Par derrière l’édifice.

A propos de Fil Berger

Fil Berger, je, donc, compose les textes qu’il écrit avec des artefacts sonores et graphiques et ses pièces musicales avec des artefacts d’écriture et graphiques. Le tout cherche, donc, une manière d’alchimie modeste située entre ces disciplines. Il a publié des livres d’artiste avec le plasticien Joël Leick chez Æncrages et Dumerchez. Quelques revues comme Paysages écrits, Traction Brabant ont retenu des textes. Il a travaillé et composé des pièces musicales documentées sur CD. Il a partagé pendant plus de vingt ans des moments de création avec des chorégraphes, des plasticiens, des auteurs, des improvisateurs et des compositeurs. Il a animé des ateliers d’écriture et de partitions graphiques avec des personnes de toutes sortes. Fil Berger, je, donc, est un improvisateur qui compose et performe en forgeant ses propres outils, ses champs lexicaux, ses instruments, sa présence au monde en les mettant sans cesse en variation continue. Son travail est la recherche de convergences multiples entre... l’idée et la pratique du « baroque » et... la pratique et l’idée de l’insurrection « œuvrière » autonome.