autobiographies #01 | pas plus

1956. Alger
Il y a une enfant assise sur le carrelage qui joue. Des mains la soulèvent brutalement, des bras l’emmènent sur le balcon où on lui montre les oiseaux dans le ciel. Dedans, ça sent le gaz. Regarde le ciel, regarde l’oiseau. Il y a une cage accrochée aux persiennes avec des canaris, elle croit. Elle se sent toute chose.

1967. Abidjan
Il y a le chiot brun donné par des amis qui est attaché au tronc d’arbre. Il tourne autour. Il s’ennuie. Partout de la poussière et aucun regard. Il y a le singe qui n’aime pas la voisine, lui vole des bananes. Lorsqu’elle lui crie après, il s’enfuit, va se camper sur sa voiture, arrache les essuie-glace. Il y a un chaton tout jeune qui reçoit un coup de pied, les larmes viennent, une voix sèche qui dit ne fais pas ton cinéma, les larmes sont ravalées.

1969. Paris
Il y a les quais, la chambre tapissée des poèmes-chats de Baudelaire, il y a de la moquette grise toute douce sous les pieds et des regards aimants. Il y a un gâteau pour l’anniversaire, elle quitte la pièce un instant, trop émue.

2013. Venise
Il y a ce voyage chez ce couple ami. Il y a elle du couple et eux. Elle et lui d’elle. Ils rient, se cherchent. Lorsqu’elle se réveille, il est depuis longtemps hors du lit. Il se fait masser. Elle sort sur le balcon fumer une cigarette. Elle devrait partir. Elle reste.

2021. Montpellier
Il y a moi en ce moment en train d’écrire sur l’ordinateur. Angoissée. Ai-je raison de vouloir participer à ce cycle ? L’autobiographie vue comme un grand risque aujourd’hui. Forte intuition négative mais je me raisonne. Pas obligée de suivre toutes les consignes.


A propos de Louise George

Diverses professions et celles liées au "livre" comme constantes.