#P12 | les trois

1 – Le vent fait courir une nappe sur la lande. Quelques nuages ballottent dans un bleu presque délavé par un soleil omniprésent. La falaise surplombe la mer dans un à-pic vertigineux. Par endroit une rambarde, mais pas toujours. Combien de morts leur faut-il ? 2 – Ils arrivent par la mer sur leur bateau cabine, s’amarrent et montent sur le Continuer la lecture#P12 | les trois

#P10 | sons

Moi qui écoute. Moi-silence dans lequel naviguent des sons : une fréquence basse, grondement, rumeur continue, la mer pense-t-il, anneau sonore, couronne d’épines vibrantes, tiens : un choeur de derviches, une cloche de quatre coups une cloche ? Oui oui, une cloche, pense-t-il. À l’école française chez les soeurs, le dimanche tout le monde se lavait dans des grands baquets et les cloches Continuer la lecture#P10 | sons

#P12 | Laville

1. Augustana se veut humble. Chaque jour, elle change de nom afin de se rappeler que nul ne peut nommer les choses définitivement ; aujourd’hui Augustana, demain autre nom. Entre chien et loup, il est admis de l’appeler Laville. 2. De nombreux canaux enserrent la cité et la protègent. Ils ont la particularité de s’émanciper une fois l’an. Leurs berges s’ouvrent Continuer la lecture#P12 | Laville

P#10P#11 Le réveil

Et le rêve est interrompu brusquement par la sonnerie stridente, impromptue du réveil. Je me remémore ou du moins j’essaie de rattraper quelques bribes du sommeil parlant. Il est question de maison, de nourriture, d’une voiture dont le moteur a de fortes ratées ça secoue et ça bute sur les vvvv aussi d’une mobylette qui crachote car elle ne veut Continuer la lectureP#10P#11 Le réveil

P#9. Captation

C’est une photographie au format carré 9X9 cm prise dehors, en été. Pour fond, un mur de pierres plus ou moins jointes avec déposé dans quelques trous, du feuillage, du vrai feuillage. Deux femmes sont assises dans des fauteuils en rotin avec coussins rouge orangé. Elles discutent autour d’une table dont la nappe empesée est blanche. L’une porte un chapeau Continuer la lectureP#9. Captation

#Pr12 Split

1) Y aller en voiture par la A4, 1 720,7km, 17h35min, en avion de Paris 2h07, en bateau d’Ancône, 8h. 2) Le soleil vient de se lever, l’air est déjà étouffant, un homme semi libre, âgé d’une quinzaine d’années monte des cailloux les uns sur les autres nous sommes en 298 de notre ère, il participe à la construction du Continuer la lecture#Pr12 Split

P#11 Brr-hue-iii !

La pluie sur mon vêtement – les gerbes d’eau projetées du sillage des voitures – les klaxons et le signal du tram approchant l’intersection plus irrégulier encore que ma respiration. Des sonneries de portables insupportables tellement fortes et nombreuses à chaque tour de pédales. Bribes de conversations segmentées pour le cyclone road de ma traversée – grincement froissés des matières Continuer la lectureP#11 Brr-hue-iii !

#P12 | À rebours

9 Lieu sans lieu, suspendu, en attente, qui laisse venir le jour pour l’éveiller toujours à temps et la nuit étoilée pour murmurer un nom.8 La peinture noire de la rambarde est écaillée. La couleur de la rouille invisible dans le noir. Souvent elle veut savoir la couleur des choses. Lui, dans la nuit, ne fixe qu’un point. Lui, seul, dans la Continuer la lecture#P12 | À rebours

#P10 | Hic et oc

Il a la barbe sombre des conquistadores et son message c’est plutôt de ne pas les aimer, eux les conquistadores, d’aimer plutôt les autres. Les autres, ceux qui parlent les langues indiennes. Il a la peau qu’on attrape sûrement après des jours et des jours à grimper dans la montagne, par tous les soleils. Dans le rabat du livre qu’il Continuer la lecture#P10 | Hic et oc

#P11 | Matin

D’ici l’éboulement continu de l’eau sans oscillation. Des blocs d’eau l’un après l’autre en chute continuelle et maintenant sans cris tu dis. Ce que tu peux de toi la bouche vers le bas une voix basse de dégoût. Des syllabes se détachent percutent le mur en arrière de moi et se plantent dans la nuque. Crissements jusque dans la mâchoire Continuer la lecture#P11 | Matin