#été2023 #00 | Prologue

J’avais fait une belle pile sur ma table. Une pile qui en jetait, un tas de livres qu’on est fier d’avoir terminé comme si on les avait écrits nous-mêmes. On les ressort en fin de soirée ces livres-là, pour les recommander aux amis, avec un battement confiant des paupières ; c’est génial. Pour chaque marque-pages en plastique qu’on aura posé, la Continuer la lecture#été2023 #00 | Prologue

#été2023 #02 | Du roman. Jane Sautière.

Pas besoin d’y retourner, je la vois cette rue immobile statique, le seul bruit qui m’en reste vers vingt-trois heure, des talons hauts énergiques passent devant la fenêtre de ma chambre. Mais je ne veux plus y penser. Trop calme cet immeuble. Une grande double porte ouvre sur un palier de minuscules mosaïques irrégulières. Un petit fenêtron grillagé, sur la Continuer la lecture#été2023 #02 | Du roman. Jane Sautière.

Protégé : #été2023 #03 | comme je l’avais dit, Gertrude Stein

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#été2023 #00 | Airelles

Il existait déjà, accroché à la cime des pins, flottant sur les lacs, il existait au bout du chemin, il existait dans des récits de famille, dans les rencontres, des histoires d’ancêtres pauvres, parfois marins ou journaliers, une émigration massive vers les USA, il existait dans des lectures antérieures. Mais où l’ai-je trouvé ? Sur le web probablement, commandé, reçu. Continuer la lecture#été2023 #00 | Airelles

#été2023 | #00, prologue | d’où sourd le désir

Tout part du ventre. C’est là qu’il s’est installé en toi. Tu le comprends aujourd’hui. C’est au collège que tu l’as lu pour la première fois. Ton professeur de français l’avait choisi. Alors ce n’était pas rien. Tu l’as donc lu et relu cette année-là – tu étais en troisième – et puis pas plus après, ou bien par fragments, Continuer la lecture#été2023 | #00, prologue | d’où sourd le désir

#été2023 #00 | Une autre chambre

Je ne me rappelle pas, mais il est possible que ce soit par contrainte scolaire que j’aie glissé dans mes bagages ce format poche à la couverture lisse. Vers midi je suis encore en route pour l’Italie, seul passager d’un break, les sièges arrière rabattus pour un bloc qui empêche toute visibilité arrière. Nous partons tôt ce samedi matin de Continuer la lecture#été2023 #00 | Une autre chambre

#été2023 #01bis | Scène originelle.

Aujourd’hui encore, il m’a fallu entendre une émission pour commencer cet article : Il dit à une amie « on n’écrit pas avec des idées, on écrit avec des envies. C’est un acte physique d’écrire » et voilà que de suite, dans la foulée, je peux écrire ce moment où, oui ça déborde, ce moment où j’ai écrit sans souffler Continuer la lecture#été2023 #01bis | Scène originelle.

#été2023 #00 | ceci n’est pas un livre

Jeune Dandy Il doit bien rester quelques parts dans mes mails une trace du formulaire…il y en avait pour quelques 1000 dollars US à l’époque. Il y avait aussi la possibilité d’entrer en contact avec un étudiant sur place qui, pour quelques poignées de dollars aussi, aurait fait les photocopies et me les auraient envoyés. J’en avais contacté un, tellement Continuer la lecture#été2023 #00 | ceci n’est pas un livre

#été2023 #00 | Enfance sans arrêt

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Photographie : TM

Sa voix avant les mots écrits, je déteste les voix de ceux qui écrivent, sa voix autour du livre, je ne connaissais de lui que l’autre livre dont il est parlé, dont il est dit qu’il est le portrait d’une époque, et que j’avais ignoré, repoussé, mais tout d’un coup cette carte, cette matrice, je la voulais connaître. Je me revois, illusion, entre mon père et ma mère dans la ville des ducs, allongée dans la vallée étroite, c’est l’été, avant ou après la première année du lycée, comme mon fils maintenant, mais il ne lira pas ce livre. Je viens d’acheter le volume épais, les caractères dodus, la couverture est verte. Je me souviens d’elle parmi les livres de ma sœur, sans que je veuille affronter cette autre illusion. Il est certain que jamais je n’en ai parlé avec elle. J’en ai parlé avec l’ami d’enfance, je lui ai prêté. J’ai lu, relu, je le reprends souvent. Je pourrais presque me le représenter entièrement, en fermant les yeux. Il est entre l’enfance et l’illusion de l’être adulte, il est l’enfance poursuivi. Il porte les histoires de l’enfance, et les formes des livres les plus avant, le journée pleine avant l’exil, la boucle du temps, il avale d’autres histoires, pressées, concentrées, réduites, distillées : celle de l’acrobate, celle du jeune homme qui dort les yeux fermés sans rêver, et les phrases des autres, une manière de château et une ferme de trente-huit hectares, le dentier recouvert d’une espèce de mousse aquatique d’où émergent parfois de minuscules fleurs jaunes. Il y a les figures que je cherchais déjà et que je chéris encore : les listes, les index, les descriptions, les mises en abyme, la prise totale du monde. Et le scialytique, et les biscuits au gingembre, et la lettre unique, celle que l’amour tord. Et le chapitre cinquante-trois. C’est le seul livre dont j’ai trois copies. Il y a un s à Roman.