Visage # 1

Inclinaison légère, vers l’épaule gauche, menton rentré, paupières baissées, la prunelle des yeux se laissent deviner, mais à peine, éclat fugace et intermittent. L’ombre ici sied à merveille, comme à un croquis, une ébauche, en cours …

Mais combien de visages ici ?  

Une déroute, la déroute d’un visage

Tu ne reconnais pas ton reflet dans ce miroir,

En absence de toi,

En reflet trompeur,

En lignes énigmatiques …

Qui est-tu à ce moment- là ?  

Un autre en errance,

Toi-même dans l’oubli,

Un double suspicieux …

Une forme, arrondie, légèrement penchée,

Plisser des yeux pour mieux distinguer,

Ce qui échappe à la connivence.

Du regard qui ne fait pas lien,

Rien à reconnaitre.

Sombre, très sombre, contours insondables,

Toute la vie   au-dedans aspirée,

Vers un hypothétique point,

D’un infini

Aux arabesques douteuses.  

Pour mieux dérouter l’aventureux scrutateur

Qui ne s’y trompe et allège la flèche de son regard.

Suspension éphémère de l’attention, 

Retour en biais, à la dérobée,

De dévoilement, il n’y aura pas.

… J’ai cherché, les signes, les dévoilements, ne les ai jamais trouvés. Cartographie de l’infime, géographie mystérieuse du temps, cette ombre sur la peau, cicatrice et énigme. Ce léger plissement quand, tournant le cou pour mieux tourner le regard, tu freines imperceptiblement, comme retenu par quelques fils invisibles, et puis, lentement la rotation se fait …  Juste une suspension, nos regards se croisent à nouveau furtivement, s’interpellent masqués, dialoguent du bout des lèvres, poursuivent tout en retenue une habile conjugaison entre lumière et ombres, silences et quelques sons à peine audibles. Juste en présence. Puis évanescence et oubli. Désespérément creuser ce qui fut mémoire…

A propos de Annick Nay

Des bords de Loire aux bords de Seine, Annick Nay vit actuellement à Paris. A toujours aimé écrire au gré des saisons et de ses pérégrinations … ECRIRE quelquefois, souvent, pas du tout ECRIRE inspirée, aspirée par une urgence ECRIRE des brèves, des textes longs, (soupir), comment savoir ? ECRIRE quand l’écriture fuit ECRIRE au rythme de ses insomnies ECRIRE explorer , persévérer ( se dit-elle)

10 commentaires à propos de “Visage # 1”

  1. j’aime bien la construction en triptyque… la partie médiane serait probablement plus forte si rassemblée en prose compacte, avec tirets, ponctuation classique ou sans ponctuation ? on renforcerait ainsi le dialogue entre les deux parties en ital ?

    • Merci à vous . Je vais suivre votre suggestion , je voulais qu’il y ait une rupture nette entre les 3 parties, pour que ce soit en écho, en résonnance et non posé côte à côte.

  2. Beau premier texte Annick.
    J’aime beaucoup les lignes énigmatiques, l’hypothétique point et les arabesques douteuses. Ce que ça laisse imaginer.
    Pareil quand tu joues avec le double.
    J’ai aussi lu le texte de bas en haut (seconde lecture, partie du milieu), et je trouve que ça dit des choses. Tu as essayé toi ?