#P12 | 56 fois Bass Rock

1 Rochers de couleur blanc-grisâtre à cause des excréments d’oiseaux 2 Drôle d’idée que de se donner rendez-vous dans un pays où on n’a jamais mis les pieds en visant un point sur une carte. Heureusement qu’ils avaient choisi un jour et une plage horaire suffisamment large pour que chacun pût atteindre ce point au terme d’un assez long voyage 3Souvenir de vent fort entre l’île et l’estuaire du fleuve Forth ouvert sur la mer du Nord 4 Froid forcément, le vent, nourri des atmosphères polaires 5 Elle a loué une chambre dans une guest-house à un prix abordable et idéalement située à dix minutes du château d’Édimbourg. 6 Goélands, eiders, petits pingouins, macareux moines, guillemots, cormorans, et surtout 150 000 fous de Bassan. 7 Dans ces contrées il faut s’attacher les cheveux avec soin sinon on les mange toute la journée. Le vent est constant et enserre le front avec force. Beaucoup se plaignent de maux de tête. Peut-être devraient-ils s’équiper de bonnets doublés de duvet pour mieux se protéger. 8  L’observation des oiseaux de mer réclame de la patience et une bonne paire de jumelles. 9 Cette chambre dans la ville sombre. 10 L’île avait été une propriété privée jusqu’à ce qu’elle fût achetée par le roi d’Angleterre Charles Ier en 1671 qui s’était empressé de transformer le château existant en prison pour y enfermer son cousin. 11Elle est gourmande, de sucré en particulier… ah les petits déjeuners ! 12 Un pub de North Berwick aurait été plus indiqué comme point de rendez-vous, d’une part pour se retrouver avec plus de confort, d’autre part pour bénéficier tout de suite d’une ambiance chaleureuse autour de ces étranges retrouvailles entre un frère et une sœur après des années de séparation. 13 Phare de Bass Rock construit en 1902 et automatisé en 1988. Il signale l’entrée de l’estuaire. 14 L’île est inhabitée, rien qu’un gros caillou escarpé cerné de falaises de forme presque circulaire. 15 Trouver le bon compromis entre grossissement, étanchéité et encombrement pour des jumelles d’observation. 16 Elle veut passer quelques jours seule à profiter des services de cette excellente adresse qui sert de délicieux petits déjeuners avec confitures maison et viennoiseries françaises. 17 Coordonnées du phare 56° 04′ 33″ N, 2° 38′ 28″ O. Hauteur : 23 m. 18  Le frère avait a quitté le foyer à l’âge de 15 ans, il ne supportait plus son père et il avait voulu suivre des études dans une ville lointaine. 19 On imagine que les propositions d’excursions ne manquent pas à North Berwick pour aller rôder autour de l’île : en catamaran ou en bateau à coque souple. Tout dépend des conditions de vent et de marée. 20 La chambre joliment décorée possède un grand lit deux places. En guise de tête de lit, un papier peint bibliothèque. 21 Des ermites chrétiens y auraient habité au VIe siècle. 22 Un homme a été vu sur l’embarcadère, il portait un anorak noir et un bonnet rouge. Il était d’allure plutôt jeune, grand de taille. Plusieurs personnes ont affirmé l’avoir croisé ce jour-là. C’était le jour de la ballade au phare et à la chapelle St Baldred, une occasion unique de faire quelques pas sur cette île protégée, classée réserve ornithologique. 23 Dans les éléments de décor de la guest-house d’Édinbourg, on retrouve souvent des bouquets d’hortensias séchés. 24 Il arrive que l’île soit recouverte d’une fine pellicule de neige tant il y a d’oiseaux. 23 Vent de nord-est, cinglant. 24 Elle s’est vêtue chaudement, elle avait prévu plusieurs rechanges quand elle avait préparé ses bagages. 25 Le fou de Bassan (Morus bassanus) tire son nom de ce lieu.  26 Va-t-elle réussir à retrouver son frère ? 27 Toujours de bien sombres histoires de privation de liberté pour les proches concurrents au pouvoir. 28 Le miroir est de style victorien. Moulures dessinant les contours du plafond. Les coussins rectangulaires sont recouverts d’un tissu de velours cramoisi. 30 La lanterne est protégée par un dôme noir. Elle émet à 46 m au-dessus de la mer. Portée du feu : 10 milles nautiques. 31 Oui, il avait l’air préoccupé, il parlait fort dans son téléphone, semblait se disputer avec quelqu’un. 32 L’oiseau arrive dans les parages au début du mois de février pour préparer son lieu de nidification, y séjourne tout l’été puis regagne la pleine mer ou navigue jusqu’à l’Afrique de l’Ouest. 33 Opter pour un modèle compact 8 x 23 d’un grossissement tout à fait acceptable – apprécié des femmes pour sa légèreté. 34 Le château a été démoli en 1701. L’île est toujours la possession de la famille Dalrymple qui l’a acquis en 1706. 35 L’anorak que porte l’homme est de ces vêtements qui durent, qu’on trouve dans les magasins de sport de qualité. 34 On peut voir le buffet de petit déjeuner sur les photos : fruits, jus d’orange, croissants tressés, pains aux raisins, différents types de confitures. 36 La chambre bénéficie aussi d’une terrasse avec table et chaises en fonte de style anglo-indien. 37 Elle calcule le temps qu’il va falloir pour quitter la ville et gagner la côte, l’estuaire. 38 Il ne faut pas être avare de son temps pour observer la vie des oiseaux de mer. 39 Le socle de l’île est sûrement constitué de roches volcaniques. 40 10% de la population mondiale des fous de Bassan se trouvent regroupés à Bass Rock. 41 Du château de Tantallon, on voit très bien le rocher avec sa forme très caractéristique. 42 Elle marche dans le sable. Elle se sent fatiguée. Elle prend son temps, de toute façon elle est en avance. 43 La petite ville de North Berwick est devenue station balnéaire de renom au XIXe siècle grâce à ses deux magnifiques plages. 44 Il n’y a plus que des ruines. 45 Vie sauvage : nidification, reproduction, élevage des poussins, sevrage. 46 Il a sûrement des ennuis, c’est tout ce qu’on peut dire. 47 C’est le plus grand oiseau de mer de Grande-Bretagne. Il peut atteindre 1,80 m d’envergure, plonge dans la mer à plus de 60 km à l’heure. 48 On dirait vraiment un bâtiment géant qui flotterait sur l’eau, comme une immense forteresse. 49 Ce regard acéré concentré au moment du décollage. 50 Promenade au phare. 51 Plage et rencontre possible. 52 Regard vers la forteresse aux oiseaux. 53 Sillage du bateau. 54 S’éloigne. 55 Vol dans les subtiles ascendances. 56 Ou rase-mottes.

A propos de Françoise Renaud

Parcours entre géologie et littérature, entre Bretagne et Languedoc. Certains mots lui font dresser les oreilles : peau, rébellion, atlantique (parce qu’il faut bien choisir). Romans récits nouvelles poésie publiés depuis 1997. Vit en sud Cévennes. Et voilà. Son site, ses publications, photographies, journal : francoiserenaud.com.

15 commentaires à propos de “#P12 | 56 fois Bass Rock”

  1. J’aime beaucoup ce mélange de détails avec cette histoire de frère et de soeur, ça donne un rythme très particulier.

    • étonnant… c’est venu tout seul… je me demandais bien où j’allais porter mon regard curieux pour voyager, et puis j’en suis revenue à mes rivages et mes îles du cycle Faire un livre, dans l’inspiration…
      merci pour ce retour de lecture
      texte à poursuivre encore…

  2. J’aime beaucoup !!
    Je trouve ce texte très cinématographique.
    Merci pour ce beau moment de lecture !

    • Petit message en direct sur le blog où j’ai pu me connecter ce matin…
      En fait j’ai eu beaucoup de plaisir à écrire à la volée ce texte en 56 fragments, oui je me suis amusée… (c’est assez rare chez moi pour être noté !!)
      merci Fil pour la fidélité et… pour le reste…

  3. Bravo , on lit un scénario de film, par flash, ou plutôt de potentiels scénarios ayant des scènes communes.

    • oui des flashes, des élans, des éclats de scène… plein de choses me sont passées par la tête autour de cette île aux fous qui existe bien sûr et que je n’ai jamais vue
      c’était le jeu n’est ce pas ?
      merci pour ce gentil écho qui me touche, cher Laurent

  4. Merci pour ce beau texte, cette promenade dans les éléments, qui me parle d’autant plus que Bass rock se situe tout près de chez moi !

    • ça alors ! super… ça me permet de vous rencontrer à travers elle, cette île aux oiseaux que j’ai juste dénichée sur la carte un peu au hasard, de même ce frère et cette sœur pour ce rendez-vous improbable
      je vous embrasse, chère Elise, et je partage avec vous le goût des îles…

    • Hello Clarence, merci tellement pour ce signe enthousiaste…
      beaucoup de bonheur pour moi dans cette écriture, beaucoup de liberté aussi avec, chevillé au cœur, une certaine forme de passion pour les grands oiseaux de mer…

  5. J’ai beaucoup aimé ce texte que j’ai lu il y a quelques jours mais qui a continué de m’habiter. Merci.