A propos de Caroline Diaz

Née un 1er janvier à Alger, enfant voyageuse malgré moi. Formée à la couleur et au motif, plusieurs participations à la revue D’ici là. Je commence à écrire en 2018 en menant un travail à partir de photographies de mon père disparu, aujourd'hui c'est un livre, Comanche. https://lesheurescreuses.net/

#été2023 #01bis | un mirage

Dès l’aube. C’était ici, l’île était un point d’ancrage si puissant, si central, ça venait par la mer, par l’horizon, ça descendait des montagnes, des frondaisons, ça éclatait comme du mica, tout était là qui venait frapper, la lumière, les vagues, les fantômes, le désordre. Et je devais obéir. Me saisir de la lumière, du désordre. D’une image. D’un éblouissement. Continuer la lecture#été2023 #01bis | un mirage

#été2023 #01 | d’où j’écris

Je me suis installée dans la chambre de l’aile nord, mais ce n’est plus la même chambre, puisque l’aile nord a été entièrement détruite il y a deux ans, qui menaçait d’attirer la maison tout entière vers la mer. C’est donc dans la chambre de l’aile reconstruite que je m’installe. Les murs de pierres ont été remplacés par une structure Continuer la lecture#été2023 #01 | d’où j’écris

#été2023 #00 | l’amie retrouvée

M’est revenu un livre de l’enfance, deux tomes d’une édition jeunesse, Rouge et Or Dauphine. Un roman illustré. Les longues nattes blondes de l’héroïne sur la couverture cartonnée et brillante. D’où je tenais le livre ? Imprimé en 1964, peut-être qu’il m’attendait dans le garage de la maison où nous venions de nous installer, coincé entre les Delly et les Continuer la lecture#été2023 #00 | l’amie retrouvée

#techniques #07 | navigation

Le regard s’accroche au quai des Martyrs quand les premières vibrations montent par le sol. L’éclat rouge du pont inférieur. Le clocher de Santa Maria en surplomb des façades roses accrochées par la lumière, je suis encore là-bas, dans la rue Droite. L’ombre des passagers sur un pont supérieur nous invite à aller plus haut. La lueur orangée d’une bouée arrimée au bastingage dont Continuer la lecture#techniques #07 | navigation

#techniques #04 | partir, revenir

Ce que c’est que partir sans savoir si on va revenir, la clef dans la serrure se raviser, pousser la porte, faire quelques pas dans le couloir, s’approcher de la table du salon et reformer une pile nette de vieux magazines, laisser échapper un soupir, avec la prescience que ce départ ressemble à un adieu, retendre la couverture en crochet Continuer la lecture#techniques #04 | partir, revenir

#techniques #03 | derrière la pierre

Derrière les silences, mon corps aplati de chagrin. Ce sont des choses qu’on ne dit pas — c’est la fin. L’insensé, l’inéluctable, une condamnation impossible à entendre. Soudainement je comprends et mes pensées s’effondrent sur elles-mêmes. Derrière les silences mon corps se repaît de larmes, abandonne, au milieu d’un lit défait, se retourne, cherche une présence dans la nuit, écoute Continuer la lecture#techniques #03 | derrière la pierre

#techniques #02 | les fourmis s’obstinent

Des monts chargés de châtaigniers. Une vallée, on voit la mer au loin, confondue dans la brume. Des murs gris de lèpre. Des persiennes fatiguées, leurs bois décolorés, des toits de lauze. Le ciel est intense, pas un nuage. Le soleil haut, et à cette heure de silence on peut entendre les fontaines. À l’arrière de la cuisine une courette Continuer la lecture#techniques #02 | les fourmis s’obstinent

#techniques #01 | Le sentiment d’un retour

le sentiment d’un retour, revenir, d’un glissement sur la mer, les même lignes découpées, les mêmes villages endormis, les mêmes nuages réconciliés, un fil tendu entre le corps et la côte, un retour, un appel, le sentiment de l’air, du maquis, d’une odeur d’enfance, de l’ancrage, s’arrimer, le sentiment d’un mouvement familier, d’un recommencement, on pourrait dérouler ici un même Continuer la lecture#techniques #01 | Le sentiment d’un retour

voyages #01 | exils

Elle ne trouve pas le sommeil, elle a beau tenter de caler sa respiration sur celle de Louis elle entend son propre cœur qui bat, elle sent bien qu’il bat trop fort, tout va trop vite, le dos rompu d’avoir rangé vidé transporté empaqueté noué — elle se demande s’ils ne sont pas en train de commettre une terrible erreur, Continuer la lecturevoyages #01 | exils

le double voyage | tutoyer le monde

À Florence, le bleu du ciel derrière Santa Maria NovellaÀ Ouessant, le parfum des mottes fuméesÀ Rome, les moustiques affamés sur nos molletsÀ San Francisco, le colibri de Beaver StreetÀ Tokyo, cimetière d’Aoyama, fouler la neige rose des cerisiersÀ Berlin, le vent magnifique sur les pistes de TempelhofÀ Séville, les pichets de sangria à la Chalá qui délient nos langues, Continuer la lecturele double voyage | tutoyer le monde