A propos de Catherine Bourzat

D’abord l’Asie, inconditionnellement. Plus d’un tiers de ma vie. Des voyages, des textes, des images, des publications. Depuis quinze ans, le grand saut : quitter Paris pour la vie à la campagne, la passion jardin, les chemins. Un jour, j’ai poussé la porte d’un atelier d’écriture dans un village du Quercy, puis d’un atelier virtuel avec le confinement. Et me voici aujourd’hui, intimidée et enthousiaste face à ce grand bouillonnement, avec l’envie d’y faire un bout de route.

autobiographies #14 | quarante-huit cendres

les petits temples dans les champs, les statues bariolées, ou rongées par la lèpre du temps, les trainées de cire rouge, les traces de sang, les plumes, les cendres, la poussière, et parfois des traces d’une visite récente, odeur sucrée, sure de l’alcool de riz l’été de la canicule parmi les canards du Pradeau, leur désarroi, leur crâne et leur Continuer la lectureautobiographies #14 | quarante-huit cendres

autobiographies #11 | Louise

Ongles parfaits, limés, sertis comme camés au bout des doigts, résille des veines bleues sur les mains sarmenteuses — mais d’une douceur sèche, et tièdes comme le sont les oiseaux — qu’elle glisse pour la sortie avec la perfection de l’habitude dans les gants de pécari. Sur l’auréole blanche de ses cheveux soyeux, elle coiffe le chapeau de castor qui Continuer la lectureautobiographies #11 | Louise

autobiographies #10 | il fait nuit sur la langue

(Elle vit à Arcey, dans le Marais poitevin. Elle monte un matin sur l’échelle dans le jardin, et elle fait une chute. Elle perd conscience. Elle reste couchée par terre des heures, la nuit entière.) Elle dit six mille. Elle a froid. Elle compte. Elle ne sait pas combien de temps. Elle sent la maison penchée sur elle. Elle ne Continuer la lectureautobiographies #10 | il fait nuit sur la langue

autobiographies #09 | Solve e coagula

Le médecin a ouvert la porte alors que tu es encore en train de retirer ta carte Vitale du lecteur et que tu n’as même pas enfilé ton manteau. Il appelle le prochain patient au moment où tu franchis le seuil. Tu ne sors pas, mais retournes dans la salle d’attente. Tu veux relire ce que quelqu’un a écrit dans Continuer la lectureautobiographies #09 | Solve e coagula

autobiographies #07 | l’album de mes portes

Je ne me souviens pas d’une porte première, originelle, majeure –, mais tout à coup des portes ont surgi dans ma vie. De toutes parts. Aujourd’hui, j’habite une maison où il n’y a pas de portes en dehors de celles qui donnent sur le dehors. toute petite, je ne la vois pas, parce qu’elle est cachée derrière le mur du Continuer la lectureautobiographies #07 | l’album de mes portes

autobiographies #06 | train de nuit

Je ne dors pas. Mes yeux me fixent dans la vitre du train, au milieu des corps endormis de mes compagnons fortunés, indifférents à l’air glacé — climatisation réglée en dollars ; upper class, fauteuils clubs, trousseau de nuit ; tous montés à Rangoun, tous en longyi madras noué sous le ventre ; pourquoi ne lisent-ils pas ? Ces hommes ballotés jouent-ils au Continuer la lectureautobiographies #06 | train de nuit