A propos de Françoise Breton

aime enseigner, des lettres et du théâtre, en Seine-Saint-Denis, puis en Essonne, au Cada de Savigny, des errances au piano, si peu de temps pour écrire. Alors les trajets en RER (D, B, C...), l'atelier de François Bon, les rencontres, les revues, ont permis l'émergence de quelques recueils, nouvelles, poèmes. D'abord "Afghanes et autres récits", puis en revues "Le ventre et l'oreille", "Traversées", "Cabaret", "La Femelle du Requin"... Mais avant tout, vive le collectif ! Création avec les anciens élèves d'Aulnay-Sous-Bois de la revue numérique Les Villes en Voix, qui accueille tous les textes reçus, photos, dessins, compositions sonores...

autobiographies #03 | bambous carnivores

Nous étions seules, mes sœurs et moi, livrées aux arbres de la pinède, tout en bas du champ qui longeait la ferme en contrebas. Nous n’avions connu que ces pentes dangereuses, pente des cours et des murets, pente des fenêtres, pente des éviers, pente des cavales, nos genoux ouverts et saignants toute l’année, qu’on désinfectait à l’eau oxygénée, creusant encore Continuer la lectureautobiographies #03 | bambous carnivores

# L 12- Cinq heures, l’infirmière du sous-sol

Cil un cil souple révélé, repris le cil, levé de bas en haut, cil relevé bout du crayon, la pâte enveloppe englobe l’œil, matin 4h30 suis levée, faste de la nuit, suis seule l’infirmière, défastée de nuit à la fenêtre, béatitudes du soir quand j’écoute la musique à la fenêtre jusque près d’une heure trente, peu raisonnable infirmière, l’esprit déambulant Continuer la lecture# L 12- Cinq heures, l’infirmière du sous-sol

#L11 | hisser haut le pleur de la ville

Ils sont tous les six à déambuler ce soir. Mahyar ne rentrera pas, alors ils feront comme avant. La nuit circule entre eux comme une vigne vierge qui tournicote dans les bronches. Port de Brest, les paquebots géants, le chantier naval interdit d’accès. Le vent est si fort qu’il gomme le ressac de la mer, même à tendre l’oreille, rien Continuer la lecture#L11 | hisser haut le pleur de la ville

# L10 – Fest-noz

Le quartier est un pavé de ciment, goût de gris sur la langue, la bruine en percussion constante a ce goût de gris, l’herbe fraîche mêlée à la lourdeur, ce frais inégalable des odeurs finistériennes, la fraîcheur des roches, l’humidité grise partout décelée, de l’asphalte humecté de brume aux remparts de ronces qui couvrent les jardins, les maisons rances et Continuer la lecture# L10 – Fest-noz

# L9 – Hôtel de Ville

A marcher toute la journée jusqu’à près de six heures, parce qu’il nous est interdit de travailler – selon l’Article L554-1, conformément à l’ordonnance n° 2020-1733 du 16 décembre 2020, l’accès au marché du travail ne peut être autorisé au demandeur d’asile lorsque l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, n’a pas encore statué sur la demande d’asile dans Continuer la lecture# L9 – Hôtel de Ville

hors-série #2 | Gitane maïs

Posée sur la margelle du puits quand on abreuve les bêtes, c’est une danseuse cassée, brin de paille tout sec, viendra se ficher seule toute la journée entre les dents, saignant son jaune sur le tracteur qui tremble, c’est un cerf, un cygne entier, poitrail gorgé de brume, danse dans les narines de pépé, fine poussière de miettes, craquent les Continuer la lecturehors-série #2 | Gitane maïs

#P9 – Escargots

Il s’est retranché dans le sas attenant à l’accueil, le séparant des appels, des sonneries continuelles, les alarmes, les avertisseurs du mobilier hospitalier, le bruit du tabouret de douche, les « bon sang dépêche ! », les chaussons plastifiés aux pieds, circulant toute la journée dans un frottement continu de plastique sur le linoléum. Se baisser, s’asseoir d’un coup, fait un blanc dans Continuer la lecture#P9 – Escargots

#L8 – Retenir

Il est des heures où j’aurai beau avoir faim, m’écoutant réclamer, les grondements orageux dans le ventre, les éclairs contre les pores de l’estomac, il m’est impossible d’avaler quoi que ce soit. Un thé peut-être, pour l’allant qu’il confère pendant les heures de déambulation dans les couloirs, recouvrant les épaules dénudées d’une veste tombée à terre, replaçant une couverture, un Continuer la lecture#L8 – Retenir

#P8 – Le bistrot de Ceux-qui-choisissent-le vent.

Tu n’avais pas besoin de dire d’où tu venais, il suffisait de lire le jaune poussière à l’intérieur de tes pupilles, le Soudan comme ancrage, le nid démoli, la fièvre, les massacres au hasard des villages, d’ailleurs vous venez tous de la campagne, comme au Malawi les porteurs de charges à vélo, maigres et souriants, les muscles tremblants de courage, Continuer la lecture#P8 – Le bistrot de Ceux-qui-choisissent-le vent.

# L7 – Dans l’attentive proximité de Marie N’Diaye

Combien de fois me suis-je rendue dans ce parc, isolé derrière la médiathèque Saint-Marc, perdu dans les herbes hautes, sur la longue pente qui s’amorce depuis le bar tabac du carrefour. Y geignent des enfants fous, leurs gestuelles sismiques, prenant en otage les tobogans et les balançoires, un lieu déserté par les familles puisqu’ils y viennent seuls, dévalant la pente Continuer la lecture# L7 – Dans l’attentive proximité de Marie N’Diaye