A propos de Gilda Gonfier

Conteuse, paysanne, sauvage. Voir son site Cliquez ici

#rectoverso #05 | Lucile

Le 14 juillet 1838, Douillard Mahaudière, propriétaire d’une plantation à la Guadeloupe, fait enfermer dans un cachot Lucile, son esclave qualifiée de mulâtresse et âgée de 40 ans. A la suite de 22 mois d’enfermement, son embonpoint fit place à une affreuse maigreur» déclare un témoin lors du procès à l’encontre de Douillard-Mahaudière, accusé de châtiments excessifs envers son esclave Continuer la lecture #rectoverso #05 | Lucile

#rectoverso #04 | le fond du gouffre de l’Histoire

Pour recomposer la mémoire de ma filiation, je procède à une collecte dispersée, ténue, d’éléments, disparates, vagues, disjoints. Je me frotte à l’archive et à ses silences. Je cherche à les apprivoiser avec des mots que je juge maladroits, que j’efface, que je n’ose aligner. Je dis je ne sais pas. Je dis je ne peux pas. Je jette des Continuer la lecture #rectoverso #04 | le fond du gouffre de l’Histoire

#rectoverso #03 | L’inventaire du vide

Il y a le tuyau gris de descente cassé béant couvert de mousse, son collier rouillé qui ne fixe rien et les gouttes qui suintent au petit matin et sèchent à midi Il y a les herbes folles, elles brouillent la géométrie du jardin Il y a le manguier au milieu de la pourriture de ses fruits par terre que Continuer la lecture #rectoverso #03 | L’inventaire du vide

#rectoverso #02 | Dissoute

À ce stade de la nuit, je ne sais plus qui je suis. Je prépare machinalement de quoi dîner pour ne pas avoir faim plus tard. La journée est passée sans un appel téléphonique et je n’ai vu personne. J’avais noté au réveil ce que je devais accomplir. Étendre le linge. Ranger la vaisselle. Passer l’aspirateur. Faire mes comptes. J’ai Continuer la lecture #rectoverso #02 | Dissoute

#rectoverso #01 | Le souffle dans les tubas

La route en goudron ne permet le passage que d’une seule voiture en montant ou en descendant. Au bout il y a la mer derrière de gros rochers qui protègent l’Anse Dupuy de la violence du ressac par temps d’ouragans. Ils garent les voitures sur le parking. Le tracé se devine à peine. Etienne attendait déjà quand je suis arrivée. Continuer la lecture #rectoverso #01 | Le souffle dans les tubas

#LVME #01 | Paysages

La ligne de crête découpe le bleu du ciel sans nuages. La densité végétale d’un vert sombre est comme griffée en son milieu et laisse apparaître une plaie béante de terre rouge. De loin il est impossible de discerner si de puissantes chutes d’eau se jettent dans la forêt puis serpentent en rivières, ravines, et cours d’eau jusqu’à la mer, Continuer la lecture #LVME #01 | Paysages

#écopoétique #3 | A tâtons

Tout commence avec le regard, une observation attentive de ce qui m’entoure. Un peu comme si le jardin devait petit à petit me parler une langue secrète qui ne serait pas faite de mots mais d’inspiration fulgurante tandis que j’arpente les 800 mètres carré que me confère le titre de propriété. F. n’a que faire des lois de la propriété. Continuer la lecture #écopoétique #3 | A tâtons

#écopoétique #02 | Le nègre bibliothécaire

J’ai une fascination pour les archives. Térésa tout comme moi passe volontiers des heures à recopier sur des carnets des faits qui nous fascinent par leur banalité ou par l’horreur qu’ils dépeignent. Dans la profusion des archives (ce qu’il est convenu d’appeler les sources), nous nous disciplinons à une période historique pour ne pas nous noyer. J’ai appris deux choses Continuer la lecture #écopoétique #02 | Le nègre bibliothécaire

#écopoétique #01 | Löschwasserein…

On ne peut rien contre le réel. Je n’ai pas retenu l’auteur de cette affirmation. Je la fais mienne. Je ne peux rien contre le réel. Mes récents voyages me l’ont confirmé. J’ai réalisé ma propension à m’isoler et à chercher dans le monde un coin où me réfugier et regarder comme au loin les gens passer. Je suis depuis Continuer la lecture #écopoétique #01 | Löschwasserein…

#anthologie #40 l L’hypothèse Baldwin

« Grand Almira » fut mon premier titre. J’avais découvert cet hôtel par hasard et m’y étais attaché lorsque je me suis retrouvé sans papiers et sans argent. Il était devenu mon refuge, mon chez-moi. L’histoire commence avec un événement banal, un vol de portefeuille qui aurait pu se produire aussi bien à Paris qu’en Guadeloupe. Ce vol m’a conduit à passer Continuer la lecture #anthologie #40 l L’hypothèse Baldwin