A propos de Sylvia Boumendil

J'ai été éducatrice puis formatrice. J'ai suivi une formation "Histoire de vie en formation" à l’université de Nantes, un séminaire à Paris 8 "Faire l'histoire de nos apprentissages de la lecture et de l'écriture" et j'ai été formée à l'animation d'ateliers d'écriture dans la maison de Julien Gracq à St-Florent sur Loire "Lire et écrire en pays de Loire". J'ai publié un livre d'art et des textes dans des ouvrages collectifs. Sites : ecrire44.fr / sylviaboumendil.fr

#été2023 #02bis | numéro 8

Je cours après lui, je le perds, je le retrouve. Il m’échappe, me piège. Je marche en sandales dans cette capitale légionnaire dont les rues ont été pensées d’équerre. Les pâtés de maison sont tristement alignés comme des dominos sur une table. Pas moyen de trouver la courbe. L’atmosphère est sèche et terreuse, sans fantaisie aucune. Quittant l’école Voltaire rue Continuer la lecture#été2023 #02bis | numéro 8

LE DOUBLE VOYAGE – S.B

#8- Reconstitution – Le voyage obligé Des camions militaires qui se suivent comme des chenilles processionnaires sur une route sèche et caillouteuse — presque une piste — ils quittent une ville dont le nom berbère signifie «  plaine gorgée d’eau » — Louis-Napoléon Bonaparte donne un autre nom à cette ville — les camions roulent à la vitesse des camions militaires Continuer la lectureLE DOUBLE VOYAGE – S.B

#voyages | la nuit d’avant peut être un jour

Le vent bouscule les arbres morts, la pénombre s’étire comme un linge opaque suspendu aux néons, on dirait qu’il va bientôt pleuvoir, il n’est pas tard, j’ai le temps d’y penser à cette traversée et déjà des parfums de cannelle, comme si j’étais là-bas et là-bas tu n’y seras pas, je me souviens de t’en avoir parlé et ça t’a Continuer la lecture#voyages | la nuit d’avant peut être un jour

Carnets individuels – Sylvia Boumendil

Prologue On cherche, on observe, on détaille, on touche la couverture, une page ou deux, on évalue le papier, l’épaisseur, on estime, on se dit ce sera quoi, on en vient presque à le sentir. Le carnet neuf, il faut pas se tromper, on va lui en faire voir. Déjà peut-être on pense à la première phrase de la première Continuer la lectureCarnets individuels – Sylvia Boumendil

autobiographies #08 | un lieu, quatre espaces

C’est dans une chambre très sombre ; une chambre où il y a eu une morte ; elle est morte dans cette chambre ; alors ça sent la mort ; elle était vieille ; on aura beau ouvrir la fenêtre, ça sentira toujours la mort ; et les enfants contraints de dormir dans cette chambre ; faut bien caser tout Continuer la lectureautobiographies #08 | un lieu, quatre espaces

Le bracelet élastique

Sans mentir, j’ai une tendresse toute particulière pour les élastiques. Je parle ici des bracelets élastiques. J’ai toujours un brin d’émotion quand je rencontre un élastique. Est-ce le souvenir du poignet fripé de grand-mère souvent cerclé de ce fin caoutchouc ? «On ne jette pas, ça peut toujours servir ». Elle disait ça. Un élastique ça peut toujours servir. Moi je Continuer la lectureLe bracelet élastique

Pas lui sans elle, pas elle sans lui

Toujours il téléphone, toujours, à elle, il lui téléphone tous les jours, deux fois au moins au téléphone, deux par jour, c’est lui qui appelle, il l’appelle, il sait le numéro, il fait son numéro, il distingue bien les touches du téléphone, il sait le numéro par cœur, il compose le numéro et elle attend, elle attend qu’il appelle. Toujours, Continuer la lecturePas lui sans elle, pas elle sans lui

VIEILLE

Sans cesse elle va elle vient dans un bruit de chaussons glissés parce qu’elle est vieille de cette génération qui dit « Docteur » en s’adressant à son médecin de famille et « Maître » à son notaire son dépositaire d’exigences son garant qui ordonnera ses dernières volontés, parce qu’elle est vieille elle traîne des pantoufles des pantoufles usées qu’elle porte comme des claquettes, Continuer la lectureVIEILLE

CLIgnancourt 03 89

Clignancourt 03 89N’a de sens que pour ceux qui ont connu le téléphone bakélite noir à cadran blanc avec écouteur et fil tirebouchonné. L’index dans le cadran, la poussée vers la droite. Plus ou moins retenue la poussée selon le chiffre et la lettre à composer. Trois lettres, quatre chiffres et pas de touche.– Je te donne mon numéro, appelle-moi Continuer la lectureCLIgnancourt 03 89