Un sphinx met de la vitesse là où le temps s’est arrêté

Yamen L’enfance satine joues brunes et rondes, supportant sans peine regard de Méduse tagué en bleu. En son for intérieur, un sphinx se prélasse sur les velux d’un pavillon ; il pourrait briser le verre au moindre mouvement. Au bout de la rue couverte, il y a le klaxon. Résonnent murmures en bambara accordés aux pas qui n’évitent pas les flaques, Continuer la lectureUn sphinx met de la vitesse là où le temps s’est arrêté

Divergences téléphoniques

Le jeune de chez Pascaline ne reçoit personne chez lui. Mais parfois, il court vers la cabine téléphonique. Il décroche et il dit souvent très vite : « c’est bien moi ». On ne sait pas grand-chose du jeune de chez Pascaline. Après son arrivée, il a passé plusieurs jours sans sortir. On voyait bien ça derrière nos rideaux, qu’il ne sortait pas. Continuer la lectureDivergences téléphoniques

Balbutiements

Quand j’entre dans la pièce d’où s’échappe une chaude lumière tamisée, je me sens tout de suite à l’aise. Après une poignée de main, elle m’invite à m’installer sur un siège face à elle, rien entre nous qu’un peu d’espace vide pour déposer nos mots. Derrière nous, contre le mur, se trouve un lit recouvert d’un plaid soyeux aux couleurs Continuer la lectureBalbutiements

Voix lointaines

…table éclairée d’une lumière crue qui découpe au couteau un profil de papier dans la ténèbre tandis qu’un téléphone de bakélite semble évoquer un autre âge, un ailleurs aux abords de celui qui veille ici dans l’attente d’une sonnerie et quand elle retentit le manque tout d’un coup se fait plus vif s’inscrivant comme un vide qui surgit du phrasé Continuer la lectureVoix lointaines

Les relatives

Celle qui a été retrouvée, morte, fusil au poing, entre de hautes herbes françaises poussant sur terre algérienne, celle qui n’est jamais allée à l’école mais qui parle trois langues parfaitement sauf quand elle dit « une logène » mais elle a peut-être raison, c’est logique c’est « la logène », celle qui ne sait pas écrire mais qui parle de droite à gauche Continuer la lectureLes relatives

En leur for intérieur

Nanda Autour de ses yeux, deux ronds noirs et profonds qui soulignent son regard noir et perçant. Déclinaison de peau aux tons ocres et siennes du coin de l’oeil jusqu’à l’extrémité de la tempe. En son for intérieur : une chouette perchée sur l’arbre du jardin, près de la cabane de son enfance, contemple silencieuse le poignard ensanglanté que serre les Continuer la lectureEn leur for intérieur

appel de Managua

— écrire téléphone fiction, se débrouiller avec les personnages, le récit viendra, mais quand on cause dans cet appareil, à aucun moment on ne voit l’autre, et c’est flippant à force, surtout quand on n’a pas vu notre interlocuteur depuis longtemps et qu’on n’a plus idée de son visage, sans compter les coupures, les interférences, les décalages, les grésillements inopinés qui Continuer la lectureappel de Managua

Un visage

Tu me parles de ton enfance parmi les grains de sableTu t’enfonces alors dans ce temps qui s’égoutte entre les doigtsJe te vois, tout petit, les ombres dansent autour de toiJe m’enlise, le sel de mes yeux, comme celui de la mer, brouille ton image, je ne te vois plus clairement Les lignes se brouillent, d’autres se superposent, apparaissent comme Continuer la lectureUn visage