A propos de VéroM

J'enseigne la langue et la stylistique françaises depuis 30 ans... Je prends de plus en plus de plaisir à écrire quelques lignes. C'est un moment de respiration.

#P9 File le temps

C’est une photo en noir et blanc fermée aux quatre coins par de petits triangles transparents. C’est la nuit ou le soir. Il fait sombre en tout cas tout autour. Seuls sont éclairés deux enfants au premier plan. Au-dessus d’eux des guirlandes de lumière. Peut-être pour les fêtes de fin d’année, des illuminations se reflètent dans le regard du petit Continuer la lecture#P9 File le temps

#P8 Un si proche inconnu

On croirait que tu regardes intensément un point sur le sol. Tu ne regardes en réalité qu’à l’intérieur de toi. Tu as ce regard contrarié que tu as eu souvent. Tu ne souris pas beaucoup. Sur cette photo non plus. Tu es une minuscule silhouette sur un immense paquebot. Le paquebot est rempli de points noirs.Tu portes un enfant dans Continuer la lecture#P8 Un si proche inconnu

#P7 La petite table en fer

J’ai ouvert ma fenêtre sur une aube d’été. La promesse de l’amandier s’est réalisée en fruits oblongues d’un vert velouté et tendre qui se distinguent mal du feuillage mais que l’on devine aux courbures des branches par endroits. La colline éclairée se découpe sur un ciel luminescent sans tapage, d’un bleu pâle, que mes yeux peuplent de scintillements. Le grand Continuer la lecture#P7 La petite table en fer

#P6 Seul le sourire

Dimanche Le jour de potentielle vacuité entraîne ce paradoxe d’une frénésie d’activités. La maison est un cube immobile, posé là par hasard à la surface de la terre. Qui s’en approche y verra une ruche affairée, qui y regarde de plus près encore y observera le modèle de l’agitation atomique. La peur du vide, elle a renoncé à la dompter Continuer la lecture#P6 Seul le sourire

#P3 Mange ta main

Un jour de grande faim et de peu de patience, on lui a dit : « si tu as faim, mange ta main et garde l’autre pour demain ». Il n’y avait jamais pensé. C’est une bonne idée. Alors, tout seul dans sa chambre bien à l’abri, il a entrepris de s’exécuter. Il a commencé par le plus petit des doigts, le plus Continuer la lecture#P3 Mange ta main

#P5 | Involution de l’être en soi

Ça se creuse en elle, un gouffre l’aspire et la tient là suspendue au-dessus du vide. Où prendre appui ? effarement des parois lisses, stupeur de la chute sans fin. Et le battement qui cogne en elle assourdit sa pensée, affole les neurones, anéantit la volonté. Ça se fissure en elle, effondrement vertical, émiettement du miroir, tandis qu’elle s’y effraie. Ça Continuer la lecture#P5 | Involution de l’être en soi

Ce n’est pas une chambre

Ce n’est pas une chambre mais c’est là que je dors, toutes les nuits, avec les yeux grands ouverts sur les éclats de lumière qui se faufilent entre les lames du volet. Ce n’est pas une chambre et c’est bien plus grand, c’est une odeur de feu sur un craquement sec et épais. Ce n’est pas une chambre, c’est une Continuer la lectureCe n’est pas une chambre

#L4 | Les livres dont je me souviens et les autres que j’oublie sont dans les blancs

Il y a d’abord les livres qu’on dévore comme une vie par procuration, comme une fenêtre vers le rêve et l’aventure, il y a ensuite les livres programmés qu’on doit lire, il y a les livres qu’on doit expliquer parce qu’il faut transmettre puis enfin les livres qui se glissent dans les interstices d’une vie trop pressée et toujours les Continuer la lecture#L4 | Les livres dont je me souviens et les autres que j’oublie sont dans les blancs

#comme | Je te respire comme

Je te respire comme un soir à la plage. Comme un soir à la plage, l’été. Je te respire comme viennent mourir les vagues. Je te respire comme les embruns viennent sur les visages. Je te respire comme le sel sèche sur les corps et craquèle la peau. Je te respire comme rester à regarder le ciel. Je te respire Continuer la lecture#comme | Je te respire comme