dialogue #01 | le mythe de la mère de famille-écrivaine

C’est entre 2h45 et 4h30 que sont rédigées [dans sa tête] ces quelques lignes, du moins les toute premières. Et puis la journée passe. Et c’est la nuit. Sur la table de la cuisine. Les cheveux mouillés, tout juste sortie de la douche vespérale, une thermos de café fumant prête pour plusieurs heures, histoire d’être sûre de tenir jusqu’au bout Continuer la lecturedialogue #01 | le mythe de la mère de famille-écrivaine

dialogue #02 | un jour de juin

Les troupes sont entrées dans la ville fin juin. Un bourdonnement sourd les avait précédées. (Je suis allée les voir. Non, je n’ai pas pu m’en empêcher, je ne voulais pas me cacher derrière les persiennes. Je me suis dressée sur la pointe des pieds.) Les chars, les motos, les camions sont arrivés par l’avenue. Les soldats étaient vêtus de Continuer la lecturedialogue #02 | un jour de juin

dialogue #04 | as we went kneeling through the dark.

Votre tête aura explosé. Vous me direz, si la tête pense à quelque chose avant l’impact. Vous direz le nombre compté des enfants jamais portés. Vous et le terre-plein central à jamais encastré, vous et vos drôles idées de voyage et d’altérité. Vos idées fichées dans le béton de la nuit d’ici. Est-ce que votre tête à vous ne va Continuer la lecturedialogue #04 | as we went kneeling through the dark.

dialogue #04 | une voix dans le noir

J’écoute, les yeux fixés au plafond, ce que la nuit me livre de toi Je t’écoute A travers les volets, les lumières du chantier de fouilles archéologiques, les réverbères Si j’avais su Tu ne pouvais pas savoir Il aura donc fallu cette nuit-là, il aura fallu partager l’intimité d’une nuit de juillet pour que les paroles si longtemps emmurées adviennent. Continuer la lecturedialogue #04 | une voix dans le noir

Dialogue #05 | couvre-chef

S’il vous plaît?D’où j’étais placé, je ne voyais que le haut de crâne, recouvert de cheveux frisés et roux. Je déteste les roux. Question de principe.Le crâne ne bougea pas d’un poil…Je raclais ma gorge bruyamment puis, prenant soin de bien détacher les syllabes:-Si-il-vous-plaît ?….L’homme daigna enfin quitter le cahier recouvert de chiffres qu’il étudiait depuis mon arrivée. Il releva lentement Continuer la lectureDialogue #05 | couvre-chef

dialogue #05 | à quai

L’homme à la peau brunie par le soleil était assis sur un banc devant le quai étrangement vide à cet instant. C’était toujours encombré ici, d’habitude, on y déchargait ou remontait les bateaux du club nautique. Avec force de cris, les embarcations glissaient du garage à l’eau, sur des cales à roulettes, encouragés par plusieurs paires de bras. Les plus Continuer la lecturedialogue #05 | à quai

dialogues #05 | quatre mille caractères sans bouche

C’était une femme sans bouche. Pourtant j’avais bien entendu une voix dans l’interphone. ─ Je voudrais des nouvelles de Paul. D’habitude, je ne réponds même pas à l’interphone. D’un côté, je n’ai pas regretté, c’était une belle femme, en jupe assez courte. Une fois devant elle, je ne savais que répéter. ─ Vous voudriez des nouvelles de Paul… Il sortit Continuer la lecturedialogues #05 | quatre mille caractères sans bouche

dialogue #02 | Jeanne, ma patience

On contourne la pelleteuse et un énorme tas de terre pour rentrer dans la distillerie. Une cabane de chantier, des matériaux tout en longueur rassemblés sous une bâche. Des piquets en bois de caisse peints en fluo sont plantés dans le sol d’une surface vide, sans herbe, aplanie. Notre van est garé dans une boue pâle, la terre est tassée, Continuer la lecturedialogue #02 | Jeanne, ma patience

dialogue #05 | quiproquo

Une sonnerie. Un carillon à trois tons, il ne l’a jamais aimé. Il aurait pu le remplacer, il aurait dû le remplacer. Mais l’envie d’oublier a été plus forte que celle de changer. Même une stupide sonnerie. Une sonnerie, trois heures de l’après-midi, 38° à l’ombre. Pas beaucoup de possibilités. Des gamins qui font les imbéciles. Ou des témoins de Continuer la lecturedialogue #05 | quiproquo

dialogue #4 | nuit sur un jardin

Bonsoir… non ne fais pas attention, il fait trop splendidement nuit dans ce jardin et tu ne peux pas me voir, et puis bien entendu tu ne m’as pas reconnue dans la petite foule quand tu es arrivé | nous devons faire partie d’une fournée d’invitations comme elle les lance de temps à autre – longtemps que je n’étais pas Continuer la lecturedialogue #4 | nuit sur un jardin