#enfances #02 | le lit

Le lit, c’est s’allonger dessus, se vautrer, en grenouille, à plat ventre, pivoter, se retourner, se relever et s’effondrer dessus au risque de ruiner la literie. Le lit couine, c’est qu’il est vivant. Dessus, douillet, mais dessous, recèle des secrets, des livres en pagailles, des BD, des dessins, des images découpées dans des magazines, les magazines eux-mêmes, de la nourriture Continuer la lecture#enfances #02 | le lit

#enfances #02 | Bois, le brouillard

Toujours du brouillard au bord des cils. Et au bord du brouillard, il y avait toujours des silhouettes d’arbres nus. Voisins comme ils l’étaient, les adultes les appelaient bois. Et moi le bois, je l’attrapais. J’en faisais tourner la table ronde aux attaches en rotin. La seule table ronde à avoir un coin. Je lui faisais griffer mon pouce. C’était Continuer la lecture#enfances #02 | Bois, le brouillard

#enfances #02 | Illusions (retrouvées)

Silencieusement se glisser comme un serpent, puis escalader, grimper, ouvrir la trappe, la refermer aussitôt. Alors c’est le silence et la poussière. La lumière dorée coule de la lucarne sur le parquet rugueux. L’air est pailleté de fines particules. L’osier des malles luit suave comme un sirop. Au coin de la pièce s’élève une colonne de papiers épais qui ne Continuer la lecture#enfances #02 | Illusions (retrouvées)

#enfances #02 | le vaisselier

Il se dresse, majestueux, dos au mur, revêtu de papiers à fleurs, symbole de réussite et fierté de mes parents. Ce meuble de bonne facture avait été acheté à crédit dans un magasin Levitan. Je ne dirais pas qu’avoir ce meuble faisait « riche » mais il faisait moins kitsch qu’un meuble Conforama. Le bois massif et vernis de ce « trésor » mobilier, Continuer la lecture#enfances #02 | le vaisselier

#enfances #02 | Une chambre

La chambre de mes parents a longtemps été au sous-sol de la maison familiale. Un jour, ils ne sont plus descendus. C’est venu progressivement. Sans que l’on puisse déterminer une date, un mois, ni même une année précise. A mesure que les corps se raidissaient, que les douleurs du vieil âge gagnaient la bataille. Et leur vie au rez-de chaussée Continuer la lecture#enfances #02 | Une chambre

#enfances #02 | Signes et Lettres

Deux escaliers.L’un de bois dans la maison, l’autre de pierre, menant au jardin.Sur le mur au-dessus des marches intérieur le vieux Juif Errant d’Epinal chemine suivant son doigt tendu, s’aidant d’un long bâton.Sous ses pieds des colonnes de signes encore inconnus le soutiennent, ils fourmillent juste à hauteur de mes yeux chaque fois que je monte dans ma chambre.Dans le Continuer la lecture#enfances #02 | Signes et Lettres

#enfances #02 | Rien sur le carnet

Alors ils sont partis à la plage, sauf toi, malade, que même les dés à coudre de Ricard et de Suze ne parviennent à calmer ; sans doute à cause des raisins verts mangés dans la vigne en jachère. Alors tu traines dans l’ombre de la bicoque, les chambres qui servent aux couples Jojo et Annie, ta mère et ton père, Continuer la lecture#enfances #02 | Rien sur le carnet

#enfances #02 | dans la solitude du grenier

Le front contre le mur tiédi par le soleil qui vient de la fenêtre, tourner la tête, appuyer la joue sur le papier peint, le contact du léger relief de la bande entourant le porte, entendre les voix qui montent du jardin, les petits qui l’appellent, le jumeau | le cousin | qui dit que non, une voix d’homme qui Continuer la lecture#enfances #02 | dans la solitude du grenier

#enfances #02 | le coffre

On n’y entre qu’accompagné et avec retenue, adulte encore, la minuscule déclivité du plancher est un seuil où le pied achoppe. On demande la permission de s’avancer, même si la porte est ouverte. L’idée ne viendrait jamais de frapper à la porte fermée, ou d’y pénétrer si elle n’est pas occupée. Il y a d’abord l’ordre : l’armoire, le lit, Continuer la lecture#enfances #02 | le coffre

#enfances #02 | Fragrances d’enfance

Ma mère me traînait dans les magasins pour préparer cette journée si spéciale. Elle tenait la petite robe sur un cintre, la posait contre mon dos à hauteur de mes épaules, imaginant comment elle tomberait sur mon corps de sauterelle. L’achat de la tenue que je devais porter le grand jour était une affaire sérieuse. Quelques jours plus tard, je Continuer la lecture#enfances #02 | Fragrances d’enfance