#été2023 #08 | Séjour (Brouillons du)

Cet escalier que les jours dévalent sans y penser, sans arrêt, et comme s’ils n’étaient pas les jours mais de l’eau et lui une cascade, ses marches en pin peu à peu déverni plus sujettes encore, là, à l’usure de leurs nez, que dévolues à leur usage — quant à le remonter, on n’en parle pas. Monter l’escalier n’existe pour ainsi dire pas —, voilà que, avec précaution, avec circonspection, degré après degré, il est cette fois — enfin, dirait-on — descendu. Dans le noir. Continuer la lecture#été2023 #08 | Séjour (Brouillons du)

#été2023 #08 | Tout sur les tortues

Recouvert de poussière. Sale, rayé, fissuré. Fatigué. Plein de creux, de bosses. Des trucs sont passés dessus, violemment. Il n’est plus si neuf. Il a des cicatrices. J’ai l’impression que c’est hier qu’il a été acheté. C’était durant mes années de lycée. Il me semble bien. Que ce soit avant, ça m’étonnerait, ma maladie d’acheter des livres, non seulement un Continuer la lecture#été2023 #08 | Tout sur les tortues

#été2023 #08 | d’illisibles inscriptions

Au mur, d’illisibles inscriptions, une sorte de flèche, peut-être un cœur, une lettre (un F, ça se pourrait), les vestiges d’un amour oublié, Cupidon anonyme d’un temps effacé, ce F est-ce que c’est Florida, mais Florida n’avait pas le temps d’aimer les garçons, et ces illisibles inscriptions gravées dans la molasse, il faut à tout prix les déchiffrer, tenter d’en Continuer la lecture#été2023 #08 | d’illisibles inscriptions

# été 2023 #08| expansion Claude Simon

Une mousse brune pousse en mottes disjointes sur la partie supérieure du verre, bien loin du sol, comme soufflée aux hasards des vents. Elle grignote peu à peu la transparence minérale. Invisible, elle se propage sans jamais retourner à la terre noire et fertile à qui elle doit son brun teinté de vert. Les spores se détachent, légères, depuis la Continuer la lecture# été 2023 #08| expansion Claude Simon

#Été 2023 #08 | feuille de becs

Marthe m’a laissée seule pour retourner dans le grand chalet préparer du café. Je parle presque à voix basse, timide visiteuse dans ce petit chalet qui était le bureau de Jacques et la salle de ses cours de dessins. Au dos de la boîte d’archives en carton posée sur la table, les quatre chiffres d’une année et les trois lettres Continuer la lecture#Été 2023 #08 | feuille de becs

#été2023 #08 I la litanie des vagues

J’aurais aimé m’emparer d’autre chose, sans doute hors-sujet, mais cette arrivée avait encore des choses à (dé)livrer, peut-être qu’il est temps de replonger dans le manuscrit. Au delà de la piste l’herbe jaunie sous le vent a des allures de savane. Dès que posé un pied sur le tarmac — elle se souvient comme ça avait été agréable la première fois Continuer la lecture#été2023 #08 I la litanie des vagues

#été2023 #08 I la sonnette

La sonnette du …(adresse à préciser)… n’est pas une sonnette sur laquelle on appuie machinalement. Elle offre au doigt un joli petit bouton tout rond en laiton sur mamelon en marbre noir veiné de gris. Le petit facteur aime d’abord la caresser du regard, en faire le tour avec le bout de l’index pour apprécier sa texture polie et satinée, Continuer la lecture#été2023 #08 I la sonnette

#été 2023 #08 | La vague destructrice de la tortue

C’est là, bordel, c’est là qu’elle va. Il ne s’emporte pas tant d’habitude. Il la lui reprend d’autorité, par le coin, mais sans brusquerie, il ne veut surtout pas risquer de l’abîmer. Ce carré, il y tient. La surface est lisse, et le papier cartonné a tendance à se replier sur lui-même, dans un mouvement d’enroulement, presque de protection. Le Continuer la lecture#été 2023 #08 | La vague destructrice de la tortue