#voix | Qui perd ses dents

Degas – La fumée d’usine

Voix basse marmonnée, grave sans gravité, faible rugissement cotonneux bercé de courants d’airs, elle repose dans l’espagnol, s’excuse en français. Le basque rond y a laissé mille empreintes chuintantes, ronronnantes, peluchées, è, a, p, b, r enroulés. Assoupie dans la gorge et la bouche trouée, elle baisse les yeux, les commerçants froncent les sourcils, les amis tendent l’oreille, les enfants seuls entendent, elle est faite pour eux. En jeu elle prend l’espace, raconte, invente, rit, éclate, pétarade, s’écarquille. C’est le soir. La drogue, l’alcool et l’usure l’internent de force, l’empêchent, la tirent, la défigurent, la broient, le dentier claque en suçotant, les poumons perdent la bataille, elle s’éteint sur la pointe des pieds.

A propos de Lisa DIEZ

Chercheuse polyvalente, sorte d'artiste tout-terrain. Valises posées depuis 5 ans dans les arts de la scène. Passages par la peinture, la réalisation documentaire, la photo, la médiation artistique… et l’écriture, soutien fidèle de ces nombreuses traversées. Deux sites : www.soinartistique.fr (Collectif ALS) et www.atelierdiez.com (vrac et chantiers).

6 commentaires à propos de “#voix | Qui perd ses dents”

  1. « mille empreintes chuintantes, ronronnantes, peluchées, è, a, p, b, r enroulés. » Peluchées. Et « s’éteindre sur la pointe des pieds « . Fort texte.Merci Lisa