#40jours #40 | L’impression très joyeuse de la connaître

C’est un joli mot dessication. Une ville et des objets, bizarres, idiots, incongrus, et derrière les objets, des circulations, des portes dérobées, des strates de temps. Rester humble devant les objets, ils nous suivront dans la tombe, les pires d’entre eux surtout. #40jours #prologue | Le musée de Châteauroux demande un cadavre

"Idées de texte à graver sur une plaque funéraire

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Le message personnel

L’inscription sera relative à la vie du disparu, à son œuvre tout comme à ce qu’il a transmis de son vivant :

Le temps adoucit la douleur mais n’efface pas le souvenir
Chaque jour qui passe tisse le fil invisible de ton souvenir.
Sur le sable mouvant où s’écoule la vie croît une douce fleur que mon
cœur a choisie
Que son repos soit doux comme son cœur fut bon.
(...)

La suite sur https://votreguide.france-tombale.fr/idees-de-texte-a-graver-sur-une-plaque-funeraire/

Partout la cocasserie et le grincement, la consonne qui glisse et percute comme le pied sur le pavé mal scellé. #40jours #04 | Stolpersteine Les pierres d’achoppement, chaque mot, chaque geste, chaque personnage comme une butée. Ça vient vous péter l’ongle et vous retourner l’orteil. C’est même pas solennel. J’entends monter la clameur sur la place des hérons #40jours #10 | Place des hérons. Ça se voudrait tragique, mais vous savez, elle en a vu d’autres, des plaques commémoratives, des oraisons, des glissements de terrain, elle en a vu d’autres, c’est un vieux corps que cette ville-là, ça peut se tenir droit bien sûr, ça peut garder la tête haute, on sait bien va qu’il y a dans le fond dans les arrières cours, des allures de terrain vague et des falots qui tremblent. Il y a dans la ville toujours, quelque chose de mal ajusté, fondamentalement déglingué, un regard aux fenêtres, une tête pas coiffée, il faut qu’une mèche s’échappe, une ville chignon… non non… Décors de pacotilles et révoltes en carton, la peinture vibre et les visages grimacent. Dans ces rues se trimballent en gesticulant des corps désarticulés aux couleurs grossières. Les reflets d’or de Vermeer, les lumières tamisées, les étoffes tantôt lourdes, tantôt vaporeuses, et tout ce monde qui se concentre en un adjectif désuet, ambigu : « moiré », ce qui chatoie, ce qui vibre, la figure incertaine dans la lumière changeante, les reflets d’or de Vermeer dégoulinent et bavent et de port en port voilà que les torches brûlantes du carnaval et les vagissements des ruelles nous contraignent à sortir, nous sommes à Anvers, nous sommes à Ostende, c’est la peinture d’Ensor. Ça suffit! #40jours #02 |L’inventaire du théâtre de papier est terminé! Tout est affaire de décor, changer de lit, changer de corps… égrener alors les corps, les lits, les décors, parcourir les rues, un, deux, trois, quatre, zoom arrière, dans le temps, dans l’espace, un deux trois quatre, égrener, monter, descendre, arpenter, la flexion de la jambe, le ronronnement de phrases anciennes, un deux trois quatre, des rues anciennes, des rumeurs, de vieilles lumières, non je n’aime pas les pèlerinages. #40jours #37 | Je vous en foutrai moi des madeleines de Proust. Sourd et muet le souvenir se fait musical et la répétition, obstinément, refrain et structure. Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.

Route : Direction aléatoire que l’on suit machinalement. Tentative abrupte d’organisation du monde. Percée du nécessaire au sein du contingent.

Alors elle, j’ai l’impression – très joyeuse – de la connaître. Je lis dans le désordre.. Elle reviendra ? Oui, on la connaît aussi. Elle ou il, c’est selon. Changer de lit, changer de corps. Le magma lourd, sale, brouillon, la boue, la vase s’agite dans les flaques. Le pas des passants, les roues des voitures, l’eau gicle et salit le bas des pantalons, la trace dégouline et sèche sur le mollet nu. L’averse passée, à la faveur de la nuit, quand la lenteur tombe sur la ville, velours mou, sans affect, sans émotion, silence quasi liquide, l’eau décante alors. Le bruit, le souvenir, les sons, les odeurs se tassent, se déposent. Zoom arrière. Et voilà que l’on voit dans une flaque émerger brutalement la structure affaissée du bassin parisien. #40jours #01 | revoir Paris Zoom avant, particules agitées, les microbes, les bactéries, le minuscule, le cellulaire. Le temps se dilate, se contracte. Les espèces tournent et se transforment. La ville régresse. La matière, les corps, les organismes, labiles, se déplacent et se transmuent, retournent à un état antérieur. #40jours #21 | La ville régressive La ville est espace de réemploi. Byzance, Constantinople, Istanbul, chaque pierre compose tour à tour mur, habitation, église, mosquée, route. Palais désossés, vol, recyclage… Entre le minuscule et l’infiniment grand, entre la seconde et l’ère géologique, le temps d’une vie, de fragmenté se fait continu, puis, séquencé. Obstinément, la répétition transforme le chaos en structure et le fragment en trame.

Dans la marche en montant, les contractions musculaires sont destinées à vaincre l’action de la pesanteur ; dans la marche en descendant, elles servent à limiter et à régler cette action. L’action de marcher est donc une chute avortée parce que régulée. 

Gesticulations de fantômes #40jours #36 | Parade, à la jointure des pavés, au bas des murs, de petites tiges vertes, une vie tenace et sinueuse vous échappent et fissurent tous les édifices. La répétition, la structure si bien agencée, ploie et se déforme face à ces poussées inattendues. Le mur, la façade, le bâtiment, le quartier, que l’on imaginait encadrer la place, structurer le tissu urbain, se font fragiles voire filandreux, incarcérés dans d’autres entrelacs ténus, tenaces, volontaires sans être capricieux, ceux de la ruelle, de la sente, des chemins de traverse, plus loin, de la trouée, de l’ornière qui fracture, de la racine qui affleure. L’écriture est affaire de fuites, de poursuites et de retours, de frontières diluées et mouvantes. Un petit pavé environné de démons s’installe sur les hauteurs de la ville, aussitôt rattrapé par une foule de disciples et voilà soudain le quartier tout bétonné. #40jours #12 | Anachorèse… Les plans locaux d’urbanisme, les cartes changent de format et de forme dans un environnement où repères géographiques et numériques s’imbriquent. Les personnages têtus de Savitzkaya férus de bricolage et d’échecs, pétris de rêveries enfantines, au front bas et au regard large, s’invitent aux limites d’Aubervilliers et de la Courneuve. Nous cartographierons la ville, les rues, les émotions vécues dans la ville, le corps qui meurt dans la ville, les sons, les odeurs, nous cartographierons ce qui se répète aussi bien que les variations. #40jours #06 | Les escargots. L’arpenteur se fait cartographe et rappelle d’autres personnages enfouis, délirants dans leur démesure et leur rêve d’exhaustivité.

La quantité n’importe pas. Il faut chercher la précision, la justesse... le trognon. Je pourrais pousser jusqu’au pépin ? Ne raillez pas, il s’agit d’un travail sérieux. Sérieux et beau. Je sais bien que tout ceci n’aura jamais de fin. Les mots mutent, le monde se venge. Il aura toujours la victoire. Mais je travaille... Et ma collection de trognons s’accroît. Vous pouvez d’ailleurs dater chronologiquement chaque trognon. Autour des plus anciens, le fruit s’est quasiment reformé. Il y a quelque chose de tragique là-dedans... Mais je sens que le drame qui se joue dans chaque élément de mon étal vous laisse froid. Je suis en fin de carrière. J’atteins les limites de mon art. Le sort qui m’attend... Oh oui... L’oubli du langage. Je serai happé, définitivement, par la sensation. Se noyer dans l’ineffable, tel est le destin du dictionnariste.

Il y a dans la ville toujours, quelque chose de mal ajusté, fondamentalement déglingué. Les façades fissurées laissent entrevoir d’autres paysages et d’autres époques. La ville se parcourt à cloche pied, épopée en culotte courte. #40jours #39 | Présence du futur. Les peurs y sont toujours dérisoires, #40jours #33 | à hauteur d’enfant la misère, la violence se transforment en une promenade ironique et gouailleuse. La ville se parcourt avec minutie, le massacre se dissèque et se caricature : cartographies, photomontages. Des gamins sur les toits, contemplent les fusillades. Une cinquantaine de morts. Le môme Pompon regarde. #40jours #26 | Autour du massacre. Pas de pèlerinage, pas de héros, pas de légendes, l’absurdité des petits faits bruts et des détails. Des motifs délicats ornent le numéro de la villa des otages, comme on calligraphierait un matricule de prisonniers. Autour du massacre, la ville est cucul, jolie, ornementale et convenue comme peut l’être parfois l’indignation. #40jours #25 | 85 rue Haxo A quelques centaines de mètres de la tour Eiffel est la maison de Gustave Eiffel. Une ancienne soufflerie utilisée pour concevoir des ailes d’avions y fonctionne encore. La soufflerie s’active, un grand vent traverse la pièce fermée, si bien que l’on peine à tracer la limite entre le dedans et le dehors. De même, l’événement souffle et la fiction se déploie, fabrication de personnages, photographies trafiquées. Quand le réel crachote un peu, le souffle se trouve ailleurs #40jours #27 | Félicie. La soufflerie s’active, un grand vent traverse la pièce fermée, si bien que l’on peine à tracer la limite entre le dedans et le dehors. La marche ouvre des horizons intérieurs. La répétition transforme le chaos en structure et le fragment en trame, la répétition encore, transforme la structure en délire et la trame en obsession. Figure classique de la ville labyrinthe, reflets de cheminements intérieurs, ça erre, ça bondit, ça se grise, ça piaille. #40jours #34 | Sous la voûte. La ville se peuple d’oiseaux menaçants et d’insectes bizarres #40jours #35 | Sur le dos des phasmes. On y meurt #40jours #24 | Linky et on y tue, #40jours #38 | Confins #40jours #double | Flambée dans une indifférence tranquille, allons bon. Bouffie de réglementations, de flux et de codes, la ville machine étriquée étrangle et digère ses habitants, semi organique, semi mécanique tel ces personnages de chitine et d’acier conçus par Giger #40jours #20 | Contravention, #40jours #11 | Le biais du survivant, #40jours #19 | Série limitée.

Parfois au détour d’une rue, en haut d’une côte, des résidus de candeur, une autre respiration, vue sur la ville, panorama : l’espace s’ouvre sur une autre voix, un autre corps aux tendresses nocturnes. #40jours #16 | inconnue à cette adresse. La répétition transforme la structure en délire et la trame en obsession, la répétition encore transforme le délire en larges spirales et l’obsession en ballet. Le mouvement se libère, ample mais tendu, tenu, comme le corps du danseur #40jours #30 | Parce que saoul la ville se dilue.

Alors elle, j’ai l’impression très joyeuse de la connaître. Mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir en faire ? Un peu essoufflée, ramasser le petit caillou blanc. #40jours #18 | Rentrer chez soi / Le caillou blanc

Et puis quoi ? Et puis rien ?

Il y a toujours un bloc qui surgit et cache le reste. On est à l’étroit. Pourtant, la nuit c’est un peu comme si on apercevait l’horizon. A ces heures, dans toutes les villes du monde, on entend les vagues. C’est seulement à cet instant qu’il peut parfois cesser de marcher, cesser d’avancer. Immobile, il tend l’oreille. Les trains de marchandise passent comme de grands insectes. Puis tout se tait. 
James Ensor, L’Intrigue, 1890

A propos de Marion T.

Après tout : et pourquoi pas ?