A propos de Elise Hugueny-Léger

Pratique l’écriture et les ateliers en français, avec des participant.es anglophones, depuis la côte est de l'Ecosse. Première participation aux ateliers FB... l'impression de se jeter à l'eau: vivifiant!

#P10 Tu dors?

De temps à autre, on entend une voiture glisser sur la chaussée humide. C’est le seul bruit qui leur parvienne en dehors de leurs souffles. Elles respirent en cadence, comme les couples qui marchent au même rythme. Tu dors ? Non, je ne dors pas. T’as pas sommeil ? Si, pourtant, mais je n’arrive pas à m’endormir. Je pense à demain. Moi Continuer la lecture#P10 Tu dors?

hors-série #2 | la râpe à fromage

Râpe. Du mot émane la rugosité. Le froid. Froid de l’inox, angles bruts, un outil solide et fiable. L’instrument est façonné Moulinex, fabriqué dans nos usines, signé, numéroté. Aucun détail n’est superflu. C’est du qui sert. Du qui dure. Dur, le bras de l’outil articulé au coude, qui se termine par une pièce incurvée, semblable à une lame de chasse-neige, Continuer la lecturehors-série #2 | la râpe à fromage

#La Fabrique – Écrire avec Annie Ernaux

Il est parfois délicat d’écrire – et de faire écrire – sur un.e auteur.e qui compte immensément. C’est mon cas avec Annie Ernaux, dont les livres sont entrés dans ma vie alors que j’avais quatorze ans, ses livres qui m’ont toujours suivie et qui ont, par bien des aspects, infléchi ma trajectoire, mon rapport à l’écriture et à la littérature. Continuer la lecture#La Fabrique – Écrire avec Annie Ernaux

#P9 Dis, c’est qui sur la photo ?

Ce sont trois photos carrées. Deux en noir et blanc, qui auraient pu être prises le même jour, et une en couleurs. Aux inscriptions ajoutées derrière, au stylo, on sait qu’au moins une des deux photos en noir et blanc date de 1966; l’autre date de 1971. Les deux photos en noir et blanc sont prises en extérieur, l’une devant Continuer la lecture#P9 Dis, c’est qui sur la photo ?

#P8 Tu m’as donné ton regard

Tu as toujours été là. À nous fixer du regard. Là, tout au-dessus d’une étagère recouverte de bibelots. Ton portrait, à côté de celui de ton mari. Vous ne figurez pas sur la même photo. Ce sont deux cadres identiques, du même format, mais séparés. Des photos en noir et blanc. Même si elle était en couleur, le noir et Continuer la lecture#P8 Tu m’as donné ton regard

#P6 maintenant quatre semaines que la marée a tout emporté

-22 Des gouttes de pluie ont cogné sur le toit, si fort qu’elles brisent le sommeil. Trouble. La veille d’un voyage, se réveiller au milieu de la nuit et ne plus savoir dans quelle chambre on se trouve. Dans la tête, les gouttes continuent à cogner. Déjà ailleurs. -23 Si on se faufile en-dessous des rangées de fraises, alors c’est Continuer la lecture#P6 maintenant quatre semaines que la marée a tout emporté

#P5 fracas

Au-dehors, des bruits, d’autres bruits. D’un poids lesté à l’arrière du crâne, le mouvement ramène incessamment au-dedans – cœur, tête, souffle, ventre, mots assaillis. What can I do for you? Le cœur bat. Le cœur bat dans la tête, dans la tête. Le cœur bat de plus en plus vite, le cœur cogne toujours plus fort, dans la nuque, dans Continuer la lecture#P5 fracas

#L4 des cailloux semés le long du chemin

Des Club des cinq (Enid Blyton) : l’odeur de l’aventure qui se confond avec celle des pages jaunies Des Aventures de Tintin (Hergé): le plaisir de lire et relire un livre et de pouvoir voyager depuis son lit De L’Enfant de sable (Tahar Ben Jelloun) : le trouble que peuvent susciter les mots, déposés comme des bandelettes à soulever délicatement, une par une Continuer la lecture#L4 des cailloux semés le long du chemin

#P4 comme qui dirait

parce que leurs regards ils sont, comme qui dirait, durs, ils sont sombres au-dehors, ça existe des regards sombres non, ça existe des visages comme qui dirait fermés, ça existe des gens comme qui dirait mauvais, qui vous veulent du mal, qui vous regardent comme qui dirait de travers, oui c’est à cause d’eux que j’ai besoin de mots en Continuer la lecture#P4 comme qui dirait

#P3 de la quand quoi ?

C’est informe et c’est gluant, ça a une couleur qui n’en est pas une, entre beige et sable, on ne sait guère, ça ne se laisse pas manger facilement, ça refuse les couverts, ça défie les bonnes manières, ça colle aux dents et au palais, aux doigts et aux lèvres. Ça dessine des boucles élastiques qui s’emmêlent comme les lettres Continuer la lecture#P3 de la quand quoi ?