A propos de sephora_shebabo

Je suis née en 1995, Montreuil est la ville dans laquelle j'ai passé mon enfance et vis encore aujourd'hui. Écrire, filmer et photographier constituent le coeur de ma pratique à travers laquelle je m'interroge sur le récit, la trace et la mémoire. Je poursuis actuellement un double master en Textes et Création Littéraire à la Cambre et à l’École Nationale Supérieure d'Arts de Paris-Cergy.

Autobiographie #1 | Presque un rêve

Sur le long de cette route se trouve la frontière, invisible depuis cet endroit. Un point quelque part dans la ligne d’horizon, là où se brouille la brûlure incertaine du sable et l’aplat de ciel. Ensuite la route continue, s’enfonce dans ce pays de désert duquel parvient un air chaud et sec ainsi que des hommes drapés de tissus épais Continuer la lectureAutobiographie #1 | Presque un rêve

#L8 | Sur le port de Saint-R.

Dans le hall de la gare de curieux vitraux placés sur le haut plafond incurvé filtrent la lumière de l’extérieur, les motifs rappellent les écailles d’un crocodile dans lesquels se mélangent des couleurs allant du vert menthe à l’eau au rouge sanguin en passant par des teintes sable et safran. Un écran lumineux semblable à une pupille animale aux origines Continuer la lecture#L8 | Sur le port de Saint-R.

#P7 | Fenêtre

Dès l’aube, les premières lueurs entrent par les persiennes des volets fermés filtrées par l’épais rideau jaune. Du paysage nous n’avons que ceci, un écran vaporeux de lumière chaude. Les plis de l’étoffe dessinent des lignes dans lesquelles viennent se loger des teintes plus foncées, allant jusqu’à l’orange profond, presque brun. La lumière passant plus aisément sur les zones de Continuer la lecture#P7 | Fenêtre

#L6 | Seul.e.s

La porte s’est refermée en un claquement sévère et définitif. Excuse-moi.. ‘ferme mal, s’excuse t-il à travers, la voix étouffée par l’épaisseur du bois. Elle reste interdite quelques instants, puis fait quelques pas en arrière pour atteindre du regard l’une des fenêtres au premier étage, celle où dormira l’enfant ce soir. Elle n’y trouve pas de silhouette agitant la main, Continuer la lecture#L6 | Seul.e.s

#P6 | Lambeaux de juillet

Journal Face à moi, la lune ronde et blanche flottait au-dessus d’un bateau arrêté sur l’eau, qui n’était alors qu’une forme noire vers laquelle menait un passage dont des reflets hérissaient la surface. La nuit, l’astre lointain se charge de dessiner les trajectoires en semant des poussières d’argent. Pas d’autres bruits que le clapotis de l’eau provoqué par mes mouvements. Continuer la lecture#P6 | Lambeaux de juillet

#P5 | Prisonnière de la matrice

Dévorée de l’intérieur par une force inconnue, une disparition de l’être. Quelque chose meurt, s’éteint quelque part. Les yeux restés ouverts renvoient la vision d’un autour inatteignable comme dématérialisé. Je suis un résidu, à peine plus qu’un avatar fait de pixels, le reste est ailleurs. Décollement de l’enveloppe, dissolution de ce qui entoure et devient un reste impalpable, l’immensité de Continuer la lecture#P5 | Prisonnière de la matrice

#L5 | Particules

Le soleil règne, indéboulonnable dans son royaume d’azur. Depuis tellement de jours que l’on ne sait plus vraiment à quoi ressemblerait le ciel autrement. Prenez quelque chose qui ne bouge pas beaucoup, comme une cabine téléphonique ou un muret bétonné, il serait possible de revenir tous les jours à la même heure et d’en tirer une série de photos identiques. Continuer la lecture#L5 | Particules

#P4 | Tu vois ? / Laisse couler

Tu vois? Tu vois ! Non mais, tu as vu? Est-ce que tu vois vraiment? Les yeux écarquillés sont posés sur toi, sa bouche est pendue, encore ouverte, tu es prise en otage. Et puis c’est si clair sur ces billes sans paupières, ses yeux submergés de ça. C’est plaqué dans le regard, tendu vers toi, dans l’attente d’une approbation. Continuer la lecture#P4 | Tu vois ? / Laisse couler

#L4 Les pilotis entre lesquels coule cette eau

J’irai cracher sur vos tombes de Vernon Sullivan. Des points de netteté dans le déséquilibre, une avancée à l’aveugle comme un éblouissement. Cheminer entre le sérieux et la farce du monde dans une tension extrême. Le Mur de Jean-Paul Sartre, marcher sur une lame, se promener au bord de cette frontière mince, faire des cercles infinis autour d’un basculent imminent, Continuer la lecture#L4 Les pilotis entre lesquels coule cette eau

#P3 – Dîner-conserve

Ce soir nous sommes seuls pour la première fois dans la maison familiale. Nous découvrons alors un plaisir nouveau, une liberté jusqu’alors méconnue, celle de fixer soi-même l’heure du dîner ainsi que le lieu de sa dégustation. Pas de menu imposé, personne pour dire quand et où manger. Faire ce que l’on veut, quand on veut. Nous grignotons beaucoup de Continuer la lecture#P3 – Dîner-conserve