Retenir une quinte

Le feu allait passer au vert, déjà la petite poupée orange s’alarmait, paniquait et clignotait, bientôt il pourrait passer, il serait libéré comme on se soulage dans la quinte de toux d’une grande glaire qui coinçait, il allait pouvoir passer, se dégager droite et gauche, et s’arracher à la cohue morne d’être plein de voitures arrêtées, d’être un parking mais Continuer la lectureRetenir une quinte

Onze fois un personnage, confiné…

Petit homme à l’allure bonhomme, il déambule dans son espace chaque matin. Au milieu des arbres en fleurs, des salades, au bord de son étang, dans sa serre. Il laboure, cultive, plante et offre aux voisins les plants trop nombreux qui ne trouvent pas leur place dans son jardin. Elle est rentrée, la tête pleine de projets, tout c’est arrêté. Continuer la lectureOnze fois un personnage, confiné…

Du temps à ne pas savoir qu’en faire…

La journée est longue comme celle d’hier comme celle de demain les journées s’étirent se ressemblent le temps est élastique les heures s’éternisent pendant des heures et s’accélèrent parfois sans raison, bientôt, déjà, et les heures se ressemblent, il faut les remplir cuisine lecture écriture mails téléphone mots croisés puzzle, et cela aussi finit par se ressembler, trouver autre chose, Continuer la lectureDu temps à ne pas savoir qu’en faire…

Enterrement de la grand-mère

Dans la pièce minuscule, je regardais cette vieillarde dans son cercueil, devant moi, la reconnaissait à peine, cherchant dans les traits du visage si flétri quelque chose de familier. Tes cheveux blancs de coton, un léger maquillage sur tes paupières et du rose sur les lèvres. Tu t’étais assagie grand-mère sur la fin… Tout simplement, ce n’était pas toi qui Continuer la lectureEnterrement de la grand-mère

Voyage

Quand je lis, un ourlet violet se déroule sous la ligne noire du livre. Mais je n’arrive pas à suivre tous les mots dans leurs changements, je n’arrive pas à suivre une pensée du présent au passé. Virginia Woolf, The Waves dans sa traduction italienne, Einaudi, p. 28 Un jour, il est décidé d’aller en classe de neige. Un jour, Continuer la lectureVoyage

De bronze… De poussière… De pistache… De bakélite… (Ville)

­Sur le parvis de l’église Notre-Dame, à la sortie de la messe, chaque coup de cloche me frappait le crâne, et mon esprit s’enivrait dans les harmoniques vibrant comme la lumière au-dessus des dalles trop blanches de cette place coincée entre une rue, un carrefour et un boulevard large et menaçant, martial même dans ma vision d’enfant qui, confondant deux Continuer la lectureDe bronze… De poussière… De pistache… De bakélite… (Ville)

Téléphone

Je rentre à la maison. J’ai raté son anniversaire. C’est pas que j’ai oublié, j’y ai pensé toute la journée. Mais c’est que j’ai pas osé. J’ai fait comme ça, comme si ça n’existait pas : pour pas pâlir, ou pas rougir, éviter la moquerie, ou un haussement d’épaules, ou bien qu’il tourne les talons. Est-ce qu’il aurait fait ça? Continuer la lectureTéléphone

La bénichon

Il faut soigner le mal par le mal. Le père tend le verre au fils qui grimace. Soit. Le fils trempe les lèvres dans le vin blanc. Il a mal à la tête. Chaque année, il a mal à la tête mais il sait que ça va passer. C’est la bénichon, c’est comme ça, on commence par avoir mal à Continuer la lectureLa bénichon