#rectoverso #05 | Carrefour du Dauphiné

L’enseigne bleue de l’Aldi marque l’entrée dans un périmètre urbanisé d’abord en pointillés, par des pavillons déjà un peu anciens avec leurs haies bien taillées, au milieu desquels surgit un cabinet vétérinaire, cube de béton qui semble plus vaste que la petite grande surface qu’on vient de dépasser. Les trois femmes dans la voiture s’esclaffent en moquant la taille du lieu, qui convient pardi bien aux bovins blancs qu’on a vus dans les prés… Continuer la lecture #rectoverso #05 | Carrefour du Dauphiné

#rectoverso #01 | à la campagne

Jaune des bords de la rivière Recto La végétation a pris une couleur jaune sur les bords de la rivière. Le sol partout est recouvert de ces filaments à l’aspect sec et cassant dont le nombre donne quand même l’impression d’une force quantitative malgré l’apparente fragilité des individus composant cette force. Il suffirait d’un rien pour en écraser chaque parcelle, Continuer la lecture #rectoverso #01 | à la campagne

#gestes&usages #06 | troc et débrouille

Certains voisins s’inquiètent pour moi. Le domaine est grand, vous allez faire comment toute seule ? Je n’ai pas réfléchi à tout ça mais j’ai confiance. Ici on ne file pas au supermarché pour un oui pour un non. Ici rien ne s’achète vraiment. On pratique le troc et on se débrouille, on échange nourritures et services. J’explique que Pierre Continuer la lecture #gestes&usages #06 | troc et débrouille

#gestes&usages #05 | toucher

On ne se touche pas dans ce monde-là. Prescrit, interdit. Ou alors bourrades, contacts rugueux, poing contre poing. Entre hommes on ne se touche pas, ça bousculerait trop, ça rameuterait des larmes. On ne s’étreint pas. Jamais corps contre corps ou alors dans la lutte, dans le travail des champs parfois épaule contre épaule hanche contre hanche, dans la mort Continuer la lecture #gestes&usages #05 | toucher

#enfances #08 | la bataille

Les jeux, c’est dehors. Joue-t-on aux cartes ? Pas de souvenirs. Des parties de Monopoly quand il pleut trop. Un de mes frères est très mauvais joueur, tricheur et colérique quand il perd. La partie ne dure jamais très longtemps et c’est la bataille, une de nos grandes activités. Deux garçons, une fille, presque du même âge et de la même Continuer la lecture #enfances #08 | la bataille

#photofictions #01 | Après repas

Sur les premières photos, format portrait, les bordures des volets font deux traces sombres de chaque côté. Dans l’ombre du tilleul, des personnes en tenues estivales sur des chaises longues ou des fauteuils blancs en plastique. Certaines discutent, d’autres écoutent, d’autres sont assoupies. Une gosse, allongée sur une ado qui l’enlace, suce son pouce. Un adulte : regard perdu. Au pied Continuer la lecture #photofictions #01 | Après repas

#40jours #18 | Chemin du Puits Neuf

« 3 juil. 22 – dimanche. Envie de rien. Dès le premier pied gauche posé. Et la journée a été réussie : j’ai rien fait. Presque rien. En fait, j’ai dû aller chercher le pain ce matin (il en restait pour midi, mais ce soir, et demain matin surtout… partir travailler le ventre vide, impensable !), aller mettre du carburant dans la voiture Continuer la lecture #40jours #18 | Chemin du Puits Neuf

#P2 Champs

Champ, champ de la cure, champ de maïs, champ courbe, champ, semer, sarcler, labourer, glâner, ramasser, faucher, dans le désordre, champ à Hubert, ou pré, champ de tabac, champêtre, clarinette, accordéon schwytzois, à tout bout de champ, l’oncle au bout du champ, à l’autre bout, l’oncle, toujours à l’autre bout du champ, champ de blé, d’orge, de froment, de maïs, Continuer la lecture #P2 Champs

#12 l’œil intérieur

Assis là, presque en cercle, dans la chaleur de l’été, sous la fraîcheur verte du tilleul. Certains sur les chaises longues dépareillées ; d’autres, les plus jeunes, allongés sur des plaids. Les voitures sont garées à côté. On en voit certains s’apostropher avec le sourire. Ils parlent sans doute léger, se taquinent. D’autres, presque à tourner le dos, s’adressent à leur Continuer la lecture #12 l’œil intérieur

# interstice 2

Il y a cette ruine. Un ancien et petit corps de ferme, à plus de quarante ans de distance. Un printemps pluvieux. Un froid humide nous transperce. Il faut s’abriter pour la nuit. Les bois très verts autour, touffus. Elle nous attend au bord du chemin avec ses pierres noires. Après la montée construite de la largeur d’un char à Continuer la lecture # interstice 2