A propos de Françoise Renaud

Parcours entre géologie et littérature, entre Bretagne et Languedoc. Certains mots lui font dresser les oreilles : peau, rébellion, atlantique (parce qu’il faut bien choisir). Romans récits nouvelles poésie publiés depuis 1997. Vit en sud Cévennes. Et voilà. Son site, ses publications, photographies, journal : francoiserenaud.com.

#été2023 #03 | dans le suspens de l’air

Comme je l’ai raconté, la femme était affairée quand j’ai rencontré son ombre. Je n’ai pas bien vu ce qu’elle faisait, ne m’étant pas suffisamment rapprochée. Était-elle en train de lire ou d’écrire ? Plutôt s’occupait-elle à broder ou épluchait-elle des légumes avec l’application des gens qui aiment les choses bien faites ? Je ne sais pas pourquoi mais je ressens à Continuer la lecture#été2023 #03 | dans le suspens de l’air

été2023 #02bis | aborder par l’autre flanc

Ce lieu où la femme était assise pas plus tard qu’hier, cette cuisine, je n’y ai prêté que peu d’attention lors de ma première visite. J’ai seulement retenu que la pièce se trouvait approximativement au centre de la demeure et qu’on pouvait l’atteindre en passant par le devant ou par l’arrière. Souvenir d’une certaine obscurité, d’une cheminée en briques — four Continuer la lectureété2023 #02bis | aborder par l’autre flanc

été2023 #02 | on dirait un tableau

Depuis la chambre à usage de bureau, accéder à d’autres espaces déserts ou habités, le frottement des pas contre le sol — sol déjà décrit, plancher se laissant volontiers ranimer au gré des déplacements, ce qui me donne l’idée de commencer à répertorier les zones de grincements couinements et autres bruits émis par le bois, un genre de cartographie —, les trappes Continuer la lectureété2023 #02 | on dirait un tableau

#été2023 #01 | chambre

J’écris ceci dans une chambre au plancher en bois de châtaignier, lattes de 70 ajustées à l’ancienne il y a un siècle et demi. Quand je m’y déplace ça craque sous le pied. Toujours aux mêmes endroits. Je finis par les repérer. Il y a tout ce qu’il faut pour écrire, crayons, papier brouillon, carnets, ordinateur, mais j’ai du mal Continuer la lecture#été2023 #01 | chambre

#été2023 #00 | celui-là en particulier

bien embêtée, tous mes livres enfermés attendant la fin du chantier pour être délivrés, je n’ai que la mémoire pour les retrouver, les reconstituer, les réinventer — pas facile —, leur odeur à chacun et à celui-là en particulier peut-être un peu plus acide, le papier, le corps jaune du livre, le titre en deux couleurs, ou alors quoi me séduit ou Continuer la lecture#été2023 #00 | celui-là en particulier

#Carnet individuel | françoise renaud | journal de saison

#40 | prolongation ne pas se préoccuper des questions qui s’annoncent rechercher au profond de soi avant de tenter quelque chose, y rester un moment à fouiller ruminer sans forcer ne suivre qu’une seule piste à la fois s’appliquer à choisir le mot juste pour apporter beaucoup de clarté ne rien négliger, mot tiret point espace, chaque signe contribuant à Continuer la lecture#Carnet individuel | françoise renaud | journal de saison

#carnets #prologue | éparpillés

Jamais de journal intime, ce genre de chose, du moins pas de souvenir. Plutôt des bribes inscrites au hasard des jours sur des supports disposés à portée, petits carnets offerts par l’un ou l’autre du genre adorables cadeaux. Parfois tentatives de commencer à cause du beau papier qui attire, à cause de la belle couverture en cuir ou incrustée de Continuer la lecture#carnets #prologue | éparpillés

photofictions #09 | ce besoin d’accomplir des actes héroïques

il y a celui-là et puis d’autres répartis le long de la côte, il les connaît, il les a répertoriés, il sait, il a connu l’époque où l’espace du pays était devenu étroit et impossible à respirer avec l’occupation du littoral, les hommes nichés dans le béton à surveiller la mer et l’embouchure du fleuve, l’espace de la mer changeant Continuer la lecturephotofictions #09 | ce besoin d’accomplir des actes héroïques

#photofictions #07 | voyage à Paris

impossible de revoir ton visage ce jour-là dans cette lumière-là | si loin dans le temps, mon frère avait 5 ans c’est pas beaucoup 5 ans, il portait son petit blazer bleu marine avec un écusson qui ressemblait à ceux de la marine, moi une veste rouge du même acabit qui appartenait avant moi à l’une de mes cousines, autant Continuer la lecture#photofictions #07 | voyage à Paris

#photofictions #06 | Moriyama | flashs

bordure lisière indécise béton gris humide et taché dessinant une sorte de caniveau avec poussière accumulée papiers chiffonnés dégradés par la pluie récente et mégots à peine définissable et brindilles aussi pareilles à des aiguilles de pin — arbres dans les parages sans doute — brindilles venues avec le flux de l’eau auquel se mêlent des effluves mauves provenant d’une flaque d’huile répandue Continuer la lecture#photofictions #06 | Moriyama | flashs