A propos de Géraldine Queyrel

Vend des rêves dans la vie réelle Rêve de fiction le reste du temps. Son blog : antepenultiemefr.

#été2023 #07bis | Odeur

Je n’ai pas assez parlé de cette odeur. Elle ne m’en a pas laissé le temps.Assise, tout au fond de la véranda, elle a tourné la page du livre posé sur ses genoux. De son index droit. Alors, l’odeur m’a sauté au visage. À présent, elle est là, pleine, entière, étouffante. Il faudrait que je puisse atteindre une fenêtre, en Continuer la lecture#été2023 #07bis | Odeur

#été2023 #lire&dire | L’espace commence ainsi

Parce que les mots sont fondation de vie. Signes, puis lettres, voyelles, premières, consonnes, ensuite. Syllabes. Vibrations par lesquelles on apprend à se connaitre, de l’intérieur. D’abord par l’intérieur. Toujours. Les mots. Leurs sonorités, leurs musiques, leurs prononciations, leurs accentuations font identité. Leurs sens, leurs significations, leurs définitions font différence.Parce que la vie s’articule de phrases. Suite de mots mis Continuer la lecture#été2023 #lire&dire | L’espace commence ainsi

#été2023 #07 | Francesca Woodman

Elle est comme un peu tassée. Au fond de la pièce. Dans un rocking-chair dont les appuis-bras et les pieds semblent taillés en une seule volute. L’assise est en rotin. Elle a pris la peine d’y poser un coussin. L’un de ceux qui sont depuis toujours au salon sur le canapé de cuir beige usé. Elle l’avait acheté, quelques années Continuer la lecture#été2023 #07 | Francesca Woodman

#été2023 #04bis | Dans la nuit de samedi à dimanche

Dans la nuit de samedi à dimanche, il y a eu beaucoup de trafic. La plaque d’égout située au coin sud du jardin fait un bruit sec lorsque les pneus des voitures la traversent. Un bruit suffisant pour la réveiller. Cette nuit-là elle ne dormait pas encore. Pourtant elle s’était appliquée. Rien ne lui avait échappé. Elle avait pris le Continuer la lecture#été2023 #04bis | Dans la nuit de samedi à dimanche

#été2023 #04| Superposer le temps

Tu remontes la rue du Pont-Neuf. Tu en connais tous les détails. Les minuscules fleurs aux pétales délicatement ciselés fragiles comme du papier de soie pourpre. Leurs effluves de souffre que l’on dit mortelles. Ces fleurs se sont données le droit de pousser entre les fissures qui strient le bitume anthracite. Les arbres aux branches dendritiques s’élèvent au-dessus de toi. Continuer la lecture#été2023 #04| Superposer le temps

#été2023 #02bis | jokari

Il avait tout construit de ses mains. Il avait cette patience, presque une obsession. Scier, poncer, raboter, assembler et faire naitre une cabane ou un abri pour le bois. De bric et de broc. Presque rien. Quand je pense à lui, je vois ses mains burinées aux ongles noirs retournant la terre du potager. Raclant, binant, bouturant, taillant. Je les Continuer la lecture#été2023 #02bis | jokari

#été2023 #02 | Jane Sautière

Il est impossible de rejoindre l’intérieur. La petite maison — qui bien avant mes souvenirs fut un bistrot — se love au bord de la départementale dans le creux d’un virage. D’autres y ont investi les lieux. Le grand sapin qui donnait un peu d’ombre au jardin a été coupé. Ses cendres reposent au fond de l’ancien potager recouvert d’herbe Continuer la lecture#été2023 #02 | Jane Sautière

#été 2023 #01bis | Annie Dillard, post scriptum

Dimanche 12/03/2023 Arrivée entre chien et loup au pied de la grande maison de famille. Posée quelque part au milieu des montagnes. Immuable. Vide depuis des siècles. Pourtant on croirait apercevoir la silhouette de C. derrière le carreau de la fenêtre de la cuisine ou bien absorbée dans quelques pensées, assise sur la terrasse, entre les rayures vertes et les Continuer la lecture#été 2023 #01bis | Annie Dillard, post scriptum

#été2023 #01 | Annie Dillard, commencer par inventer l’auteur

Incipit : premiers mots d’un livreTu veux tout comprendre, tout expliquer et finalement tu ne comprends rien et tu n’expliques pas grand-chose. Tu veux écrire. C’est inévitable. Cet incipit vaut bien un autre. Tu dis qu’il n’y a pas plus de raison de commencer un livre par le début que par la fin. Tu ne sais pas si cette histoire à Continuer la lecture#été2023 #01 | Annie Dillard, commencer par inventer l’auteur

#été2023 #00 | prologue 2

Un heureux hasard ? Une rencontre ? Provoquée ? Symbolique ? Tu en avais besoin ? Tu ne savais pas comment le dire? Ni même s’il fallait le dire ? C’est simple, aussi simple qu’apprendre à lire… ne cherche pas à tout comprendre. Ça broie les ailes de l’imaginaire. C’est effrayant ? Tu aurais peur de ton ombre à t’écouter… tu t’es laissé effrayer du hasard. Par Continuer la lecture#été2023 #00 | prologue 2