#40jours #35 | La ruine

Pour discuter entre nous, le calendrier officiel avec ses années régulières et ses numéros qui passent les 2000 n’est que très rarement utilisé. Pour dater un événement, on préfère se référer à un des faits marquants de notre mémoire à nous. Suivant l’interlocuteur, l’endroit où il habite, son âge et ses activités, on lui parlera de la scierie qui a Continuer la lecture#40jours #35 | La ruine

#40jours #35 | Sur le dos des phasmes

Hier encore on posait sur le bitume une nouvelle couche, un nouveau sol, dans le sol des racines, sur les racines des troncs, autour des racines des lombrics, des mangeurs de feuille, on ajuste sur les branches une série de feuilles qui tombent en rythme au bas des troncs à une vitesse savamment calculée, ni trop lentement, ni trop vite, Continuer la lecture#40jours #35 | Sur le dos des phasmes

#40jours #35 | propriété

Le sol n’appartient pas. Ou plutôt il appartient à la ville, à quelqu’un qu’on ne connaît pas, une instance au-dessus. Pas un habitant humain de la ville ne peut dire ce bout de terrain m’appartient. Ou alors juste pour un temps. Un bail emphytéotique, c’est le nom pour une possession limitée dans le temps, à 100 ans, à 50 ans, Continuer la lecture#40jours #35 | propriété

#40 jours – # 35 | imprécation

Les gens tombent des toits, les gens tombent des heures, des chiffres, des agneaux blessés avec leur sang qui monte aux gencives, les gens tombent des toits toujours trop hauts, et tu fulmines mon dieu de ne pas avoir bâti assez d’arènes, de cirques, d’opéras baroques, de tuiles géantes où glisser dans des ballets d’eaux tièdes, de ventilateurs et d’éoliennes Continuer la lecture#40 jours – # 35 | imprécation

#40jours #35 | sous pression

A Villeurbanne, sentiment que chaque espace vide est exploité jusqu’au bout de l’espace disponible. Les terrains vagues, carrés d’herbes qui restent sont bordés de panneaux avec des plans architecturaux d’immeubles ou photos de maquettes des futurs ensembles. Toujours des ensembles, on ne construit pas de simple immeuble encore moins de maison. Cubes plus ou moins élargis dans l’idée d’avoir une Continuer la lecture#40jours #35 | sous pression

#40jours #35 | toit tête

La nature grignotéeles espaces verts raboté grissurtout pas de mauvaises herbes les allées débarrassée en géotextileAlignée les toitures alignée les voiture alignés les hommesdroit sans mèches dépassentL’enfant sans cris pour ne pas déranger sage sans rire pour ne pas déranger sans vie pour ne pas déranger les voisins qui n’aiment pas le bruit sauf le leurSans cesse de nouveaux habitatss’étendent Continuer la lecture#40jours #35 | toit tête

#40jours #35 | Vers le nord

Autour de la gare d’Arenc, tout le quartier est en travaux. L’immeuble Le Mirabeau monte peu à peu entre la tour CMA-CGM et celle de la Marseillaise. J’ai téléchargé la brochure de présentation du projet à l’esthétique froide et aseptisée d’ancien film de science fiction où tout semble lisse dans une société sous contrôle, où les sourires sont figés, où Continuer la lecture#40jours #35 | Vers le nord

#40jours # 35 | le mur contre la patate chaude

Trop de souffrance, j’en suis arrivée là, le produit rentre dans ton mode de vie. Si tu les fais bien les mecs, tu les revois trois ou quatre fois par semaine, ça te laisse assez pour ta galette. Je travaille bien, vingt ou trente euros toutes les quinze minutes, parfois ça va même plus vite. Les plus généreux c’est ceux Continuer la lecture#40jours # 35 | le mur contre la patate chaude

#40jours #35 | de l’usage de la ville

Dans notre ville, on bâtit de l’urbanité. Le nouveau chantier c’est l’humain, en continu. Les travaux publics délaissent le matériel, le vertical, le bitume, les murs en verre, les colonnes d’acier. On fore désormais à l’intérieur même du corps social, on tisse la grande toile du réseau collectif. Dans notre ville, on bâtit l’espace civilisé, on construit du lien, on Continuer la lecture#40jours #35 | de l’usage de la ville

#40jours #35 | barricades

La grand-mère comme on l’appelait dans le quartier aimait donner des pâtés aux chats. Il y’en avait beaucoup dans le quartier. Ils se partageaient le secteur et grimpaient sur les bancs de pierre devant le parc. Il y avait aussi là quelques clochards. Des hommes avec de gros nez rouges et une grande barbe blanche, toujours un litron à la Continuer la lecture#40jours #35 | barricades