autobiographies #03 | l’épicéa

Pour atteindre le territoire de l’épicéa, il faut traverser la prairie, braver la peur de marcher sur une vipère assoupie, les jambes se griffent aux herbes hautes, le froissement de la course éteint le son strident des sauterelles, une dernière enjambée et c’est la lisière, un ourlet de lande, une végétation éparse, désordonnée. Il convient de s’arrêter là, dans l’ombre Continuer la lectureautobiographies #03 | l’épicéa

autobiographies #03 | l’arbre est là

Il est là, l’arbre, dans toutes ses données génétiques, dans toutes ses empreintes qu’il laisse, à l’automne, ses feuilles tombant à terre. C’est d’ailleurs à l’automne qu’on voit qu’il y avait un nid. Un nid de pigeons voyageurs qui sont venus se lover au creux des branches de ce cerisier pour s’y reproduire et donner naissance à de nouveaux pigeons. Continuer la lectureautobiographies #03 | l’arbre est là

autobiographie #03 | le tilleul

Ne pas fusionner avec toi mais me rapprocher de toi, te toucher, te caresser, te humer, te respecter. Reconnaître ta singularité, mieux percevoir la mienne confrontée à la tienne. Au pied de l’escalier qui part du jardin et atteint le premier étage de la maison, tu veilles en gardien bienveillant du lieu. Tu es grand, majestueux en toutes saisons, ton Continuer la lectureautobiographie #03 | le tilleul

autobiographies #03 | femme-tronc

Nous pourrions être engloutis. Ils nous dépassent, sauvages. Prennent de la hauteur. Nous sommes auréolés. Menus, même gras. Admiratif de la pousse qui bousculent mais trouve place dans l’immensité.Lorsque je marche, je tremble devant leurs grandeurs.La beauté réside jusque dans la pourriture de leurs racines. L’odeur s’accroche au nez sensible mais n’agresse pas. Elle rassure, nous trouve en bon état. Continuer la lectureautobiographies #03 | femme-tronc

autobiographies #03 | IL poussait, je grandissais

Il a été planté dès la construction du pavillon terminée. Entre la façade ouest en pierres meulières et le muret qui sépare le terrain du trottoir. Un espace peu large: cinq mètres. Seul arbre d’ornement du jardin. Du côté sud ,croissent des voisins qu’il ne voit pas : cassissiers, framboisiers, groseilliers, noisetiers. De l’autre côté du pavillon s’étend le domaine Continuer la lectureautobiographies #03 | IL poussait, je grandissais

autobiographies #03 | le hêtre au grand trou

Son grand trou rond planté là dans la base de son tronc, noueux. Une excavation de la chair, une bouche en sourdine, un œil géant dardé sur ses pairs, une coupe où boire la sève, un creux, un ventre… un ventre où se rouler en boule. Se coucher sur le lit d’humus, entre les cernes épais où creusent les insectes. Continuer la lectureautobiographies #03 | le hêtre au grand trou

autobiographies #03 | arbre de A.

Photo : Jérôme Cé, novembre 2021, tous droits réservés Je n’offre aucune ombre, je suis l’ombre, cette ombre qu’on dit insane. Passez votre chemin ! Mes feuilles larmes sont tombées, sèches, depuis loin. Pliez vos mouchoirs ! La taille de mon tronc vous écrase de toute sa contre-plongée. Alors, s’il vous plaît, laissez tomber vos haches et vos cognées. Ma circonférence séculaire Continuer la lectureautobiographies #03 | arbre de A.

autobiographies #03 | au clair de l’arbre

Je voulais savoir intégralement ce qui se passait sous l’arbre rond, alors j’y installais mon duvet des nuits entières et je laissais accompagner mon immobilité par tous les mouvements qui rayonnaient autour du grand-gros hêtre, ce qui commençait par une certaine agitation de ses branches les plus hautes, bruissant avec une voix de papier et cela dégringolait peu à peu Continuer la lectureautobiographies #03 | au clair de l’arbre

autobiographies #03 | Cedrus

CEDRUS LIBANI est gravé en lettres qui ont été dorées sans doute au moment de la plantation de l’arbre le 18 octobre 1993 comme l’indique l’inscription sur la plaque de marbre dont les nervures d’un vert glauque, du même vert que les petites rosettes d’aiguilles piquantes qui tamisent le ciel, s’élèvent et s’entrelacent en flammes froides sur la surface verticale Continuer la lectureautobiographies #03 | Cedrus

autobiographies #03 | mon mimosa

On arrivait à bord d’une dauphine blanche au bout d’un chemin de terre en pente que, déjà, on pouvait l’apercevoir à travers les espaces des gros madriers en bois peints en vert. Il avait été planté, enfin on supposait que quelqu’un, le propriétaire de la demeure que nous louions à l’année pour les vacances, avait eu cette volonté de le Continuer la lectureautobiographies #03 | mon mimosa