L’œil tu

Sur le fin visage creusé où la peau semble douce s’allonge un sourire cousu par point, étiré par la force du dentier, suivi du nez où repose à son arrête la paire de lunettes, deux carreaux que font briller la lumière électrique sous lesquels les deux yeux reposent, clos. Définitivement. Au-dessus la déclivité du front mène aux cheveux peu épais, Continuer la lectureL’œil tu

se donner plus de chance

VOIR le corps qui s’arrache péniblement au fauteuil et descend le petit escalier, marche dans l’allée du jardin VOIR le corps de vieil homme, le corps usé, le corps voûté avec des mains larges et calleuses de travailleur infatigable (pour ça il a été courageux et n’a jamais compté ses heures), le corps qui se débat avec de nouvelles difficultés Continuer la lecturese donner plus de chance

Une même alarme

C’est cette heure où il est impossible de rouler sauf à avoir le chemin dans la peau. L’horizon est une incandescence jaune, brûlante et plonge le regard dans une cécité qui ride les paupières. Tout écarquillement est vain et douloureux. C’est en remontant, c’est en fin d’après-midi. Le soleil, au bord du déclin, crache des myriades ivres qui déforment le réel Continuer la lectureUne même alarme

Rien

Pierre ramassée dans le lit de Loire, fleuve mal navigable. Prend toujours sa source au Mont Gerbier de Jonc. Une face mate, rugueuse au toucher. L’autre luisante comme limace après la pluie. Sentir les stries. Suivre des yeux veinures rougeâtres. Phallus ou visage dans la main se dresse. Coulée blanche sur bord gauche, profil érodé. Globe oculaire côté droit. Parmi Continuer la lectureRien

Où les paupières s’accrochent

Sur la moquette rouille, dans la chambre carrée, coudes genoux elle rampe, avance jusqu’au coffre où dort sa poupée, et elle dit que c’est sale et que c’est dégueulasse, tandis que la mère passe l’aspirateur – ma moquette, elle est sale dégueulasse – et elle répète encore, même si proprette, la chambrette, sans mouton de moquette, depuis l’apparition disparition de Continuer la lectureOù les paupières s’accrochent

Le viseur, la poule et le bruit

Devenir cameraman quand on était déjà journaliste, avait été un choix judicieux au milieu des années 80 : la machine mise au point par Sony pesait alors treize kilos et celui ou celle qui la maîtrisait devenait, un œil dans le viseur, le seul maître à bord du réel, captant avec les images un son synchrone. Ce n’était pas un Continuer la lectureLe viseur, la poule et le bruit

Œil pour œil

Sous les yeux. Sous les câbles. Usines. Comme compactées. Chimie. Chlore. Hydrogène. Zirchonium. Diamants synthétiques. Air liquide.Tubes, cuve , cheminées, échelles, escaliers, passerelles, wagons-citernes. Des liaisons, des passages, des réservoirs. Illisibles. Mystérieux. Ainsi que je représenterais un cerveau. Par le chemin à flanc. Derrière les lotissements ouvriers. Au replat, deux pylônes jumeaux. Écouteurs aux oreilles. Very good trip en replay. Continuer la lectureŒil pour œil

L’œil de chair déchiré

Visage extérieur/intérieur. Œil énucléé d’où sourd un mini-torrent de lignes-ligaments colorés. Évacuation. Libération ? Résignation ? Tête baissée, autre œil fermé. Cette Madone à la Vinci l’œil de chair déchiré, surgit comme un point d’assemblage qui lui est tombé ce matin brutalement sur le nez. Confrontée à l’image par hasard, choc brutal, incompréhensible sur le champ, l’œil liquide, qui s’écoule en deux Continuer la lectureL’œil de chair déchiré

Imbécilimbecilimbécilimbécilécrisurfondepapierdesimbécilimbécilimbécilités

                  Le jet d’eau se hisse laborieusement dans le noir de nuit puis graduellement faiblit. En haut sa courbe de crosse, la retombée en tresse d’eau et ses minuscules échappées de pluie chétive : petites gouttelettes luminescentes et silencieuses, les ronds dispersés fondent aussitôt dans l’eau. D’autres fois c’est le jour mais impossible de distinguer matin d’après-midi — la fine colonne Continuer la lectureImbécilimbecilimbécilimbécilécrisurfondepapierdesimbécilimbécilimbécilités