Chez Jean Lou

presque à l’entrée du village : en venant de L. tourner à gauche direction la plage, s’engager dans l’étroite ruelle, bascule brusque à bâbord. Aucune visibilité – rouler prudemment ! – On entrevoit alors par la vitre côté passager, (juste avant de débouler sur la petite place dissimulée derrière les façades trapues), à travers la grille d’un vieux portail rouillé et Continuer la lecture Chez Jean Lou

#7 : La campagne à portée de combiné

Le téléphone, couleur ivoire avec son cadran à chiffres, était rangé dans un renfoncement du placard au-dessus du répondeur noir. Le clignotement de la diode rouge indiquait la présence de messages. L’appareil était capricieux : un geste malencontreux effaçait irrémédiablement tous les enregistrements. Ça m’arrivait souvent. Je ne m’en préoccupais pas. Au hasard, c’était un appel de ma mère qui désirait Continuer la lecture #7 : La campagne à portée de combiné

Qu’en dis-tu ?

S. Ce n’est pas comme s’il le connaissait vraiment, si un jour on peut dire ça d’une personne, qu’on la connait. Celui qu’il a osé appeler, parce que l’ivresse le lui permet, il le connaît comme les autres, très peu, trop peu, bien assez. Il a pour lui une inclination ; ce n’est pas grand-chose ; ça le fait simplement vaciller, mais Continuer la lecture Qu’en dis-tu ?

Comme chaque matin

Le rire qu’il aura et qui ne consolera pas à cause de la moquerie qu’il véhicule depuis ses grandes dents découvertes en riant, blancheur préservée par-delà les années, pour indiquer qu’il faut garder distance, ne pas attribuer valeur à ce qui s’est passé, aux paroles de la vieille, qui finit par perdre même intention de consolation pour ne plus qu’être Continuer la lecture Comme chaque matin

ce manque

… ce manque encore qui revient… ce manque qui va finir par gratter creuser le moral comme le filet d’eau acide lime le rocher… ce manque de contact avec les autres, avec la peau des autres, seul, avec le poudroiement de soleil dans la fenêtre ou la petite pluie ou le crachin qui a investi le dehors et brouillé le Continuer la lecture ce manque

Sans frein sans point

Bien sûr qu’après la grande descente il y aurait une grande montée et il s’apprêtait d’ailleurs à l’aborder très courageusement, profitant de l’élan de la descente d’avant et puis commençant à emmagasiner des choses positives pour le moment où il faudrait se hisser sur les pédales, par exemple le chant des jeunes filles qui se reposaient en chantant sous un Continuer la lecture Sans frein sans point

Conversations avec lui

Un café Il est assis sur la banquette. Je le suppose petit. Il me tend la main. — Ce n’est pas courtois mais me lever est devenu de plus en plus difficile: l’accent d’Europe de l’est; la voix est douce, un peu trainante. Il m’invite à m’asseoir ; je m’installe sur la chaise face à lui –ce miroir dans lequel Continuer la lecture Conversations avec lui

Le plus beau jour de sa vie

Elle n’a pas pu se tromper d »horaire, non, les horaires ont toujours été pour elle comme un rythme interne, comme si l’horloge des petites classes, quand elle apprenait à lire, était entrée en elle, un défilé d’heures et d’aiguilles dont elle peut sentir chaque pulsation, physiquement elle peut en sentir le rythme, le déroulé, le décompte, alors non, l’horaire, elle Continuer la lecture Le plus beau jour de sa vie