Paria

Le jeu des visages inversés Ton visage au dessus du mien, retourné : une espèce de gueule incompréhensible et grotesque. Tes longs cheveux s’enracinent dans ma nuque, te dessinent une barbe, tes sourcils tracent des cernes en dessous des yeux. Entre les deux s’insinuent les rides du lion soudain changées en un genre de truffe, alors que ton front, dans cet Continuer la lectureParia

La Philosophe

Son visage est un début de métaphysique, une part de syllogisme, un principe logique, un trope, un poncif, une légende, un souvenir. Enfin, non, pas son visage en entier, seulement son nez. Car on ne sait pas ce qu’il y avait autour. La couleur de ses yeux n’est pas restée.  Socrate a le nez camus. C’est-à-dire ?  Moi, au début Continuer la lectureLa Philosophe

Miroirs

On regarde la petite. Son visage s’arrondir. On voudrait en attraper un rayon. Un éclat. On laisse courir rouler sa peau. Jus transparent dans les fossés. Griffes sur les chairs. Sur les joues rosées. On lui tend les bras. Nous tend nos bras. On voudrait pour une fois. S’approcher se toucher. L’approcher. On voudrait s’imprimer des rayons sur nos mousses Continuer la lectureMiroirs

L’impossible de tes visages

Le vent de mes souvenirs raconte tes visages, il les sépare et les rassemble parfois comme il le fait avec les nuages dans le ciel. Ton visage de la mer, celui qui plisse le sable de tes rides. Ton visage séparé des couleurs de ceux que tu aimes, celui penché sur la terre de tes racines. Celui de tes mensonges, Continuer la lectureL’impossible de tes visages

Carnaval des silhouettes

Les mots lui arrivent par paquets. Alors il faut trier. Il les compte. La langue remue rebelle, elle part dans tous les sens. Il bégaie. Il voudrait dire. – « Un, deux, trois et puis par la. …. Tu sais ». – « Et l’enfant, tu le reconnais l’enfant ? » Ça bute sur les consonnes, ça fuit sur les voyelles. Mais le visage bien Continuer la lectureCarnaval des silhouettes

Camino francés

Creuser le chemin pour la retrouver. Faut-il retourner en arrière, aller de l’avant… ? Et le présent, on en fait quoi ? Sans temporalité déterminée, affirmer : « Les choses minables ne la concernent pas. L’ovale est pur. Joues poudrées de rose où ses filles sont venues se caresser. Elle frotte doucement la pulpe de ses doigts contre sa peau encore rebondie. Naturellement, elle Continuer la lectureCamino francés

personnages#1, Edmond Jabès, « à nul moment je n’ai décrit votre visage »

Son visage c’est son cri. Il crie sans bruit son visage. Son visage tordu, sa souffrance. Cette peur qu’on avait qu’il explose son visage avec toute cette douleur qu’elle lançait depuis tout au fond d’elle. On l’aurait voulu comme une libération ce cri muet, mais non, comme un poignard qui lui ravageait la gueule. … — Tu te souviens la première Continuer la lecturepersonnages#1, Edmond Jabès, « à nul moment je n’ai décrit votre visage »

UGO

Il a un visage vieux, une moumoute de Sibérie sur la tête qui le durcit et ses lunettes sont givrées. On monte ensemble à son deuxième étage. Le froid a réduit ses traits comme gelés et rapetissés. Pas engageant du tout. Seule une petite fossette au bout du menton me le rend plus abordable. Il se regarde dans la longue Continuer la lectureUGO

A mesure que je vis j’oublie j’oublie

Visages comme pays éparpillés. Faces défigurées par l’oubli. Cires écrasées par le temps. Trognes détruites emportées en morceaux sidérants. Margoulettes ou pipes brisées par les années.  Bouilles, frimousses, toutes semblables, usées d’avoir été trop vues. Gueules noires ou béantes, cassées. Gueules de rats, d’empeignes, gueules de bois fendues à la hache de l’histoire. Gueules d’ange menteurs, portant la beauté du Continuer la lectureA mesure que je vis j’oublie j’oublie