Allée de Amandiers (St Claude-Guadeloupe)

Houra! La bille a traversé la grande longueur de la grande terrasse en L qui occupe tout l’avant de la maison coté Allée de Amandiers. Le long roulement s’est terminé par un double tintement contre les grosses billes qui attendait de l’autre côté. Je me suis applaudis bruyamment. Personne à proximité pour admirer la performance. Même le chat lové sur Continuer la lectureAllée de Amandiers (St Claude-Guadeloupe)

maisons d’ici et d’ailleurs

La maison d’autrefois. Entre la Promenade et la vallée des prés. Volets fermés. Rose hospitalisée n’y reviendra pas. Visiter ce lieu en pensée. Une porte massive. Lourde à pousser qui grince et résiste. Des tentures aux pompons soyeux : plaisir enfantin de les caresser. Dans un coin des chaussures fatiguées en vrac. Sur un escabeau une paire de ballerines en Continuer la lecturemaisons d’ici et d’ailleurs

Une maison grise

Un soleil qui se déverse généreusement dans cette journée lumineuse et chaude, de ces journées qui s’étirent à l’infini. Au plafond, très haut, un ciel peint, des nuages blancs stylisés, des fresques de ciels entourées de moulures, des angelots peut-être. Un ciel aussi bleu que celui du dehors, seul point de couleur dans cette pièce grise. Deux fenêtres donnent sur la Continuer la lectureUne maison grise

retour aux sources

mon-texte-interstice-N°2-les-MAISONS-été-2019-F.-BON-1D’abord, elle sentit la matière poisseuse, dégoûtante dans la paume de sa main, de la grille rouillée bloquée depuis son enfance. Elle descendit la vingtaine d’escaliers en ciment usé qui, du fait de leur déclinaison, la faisait pencher vers le sol gris de la cour.
Le soleil ne le touchait pas encore. Il frôlait tout juste le haut des fenêtres à gauche. Pressée d’échapper à ce trou sombre, elle marcha vite jusqu’au mur haut du fond de la cour, qui était aussi le côté de l’église. Par sa facture, il témoignait de l’époque de sa construction. Elle se rappela que l’église avait été détruite par un bombardement en 1945, juste avant la fin de la guerre. Elle regarda à gauche, vers le petit immeuble d’un étage et traversa l’étroite ruelle qui menait vers l’autre cour où se trouvait l’appentis, au fond. Elle reconnut les escaliers, la serrure aujourd’hui inutile. La porte était entrouverte. Elle hésita, se faufila entre les murs moisis. En glissant, elle pénétra dans ces modestes vestiges. Elle retint sa respiration, suffoqua. Après, elle sentit les dures écailles des volets de bois, les ouvrit d’un coup d’épaule. Les persiennes claquèrent contre le mur, un bruit sec….C’est peut-être ce bruit qui permit une délivrance. Elle leva la tête vers le jardin, les arbres denses et sombres. Le vert l’inondait. Elle suffoqua, hoqueta de tant de feuilles vertes sur les branches noires des arbres. Elle essaya de voir plus loin derrière le rideau sombre. Elle ne vit rien, entendit de l’autre côté le bruit de l’eau qui gouttait sur le feuillage. Elle resta là, suspendue à la fenêtre, le regard noyé dans la verdure maléfique du jardin.
De ce côté-ci, tout était silencieux.

La chouette et le pot au lait

D’où vient qu’on adorait « aller chercher l’lait les enfants ! ». Inépuisable frisson. Dure encore. Nous marchions, bourrés d’énergie, le long de la Grande-rue empruntée par les vaches, les quelques poignés d’humains riverains, paysans, habitants, de rares automobiles, nous, depuis la maison du bout faisant fièrement front à tous arrivants − et après, rien : la route devenait sentier menant à la Cure Continuer la lectureLa chouette et le pot au lait

Images sauvées

Une maison basse, l’entrée étroite dans la cuisine avec le grand fourneau qui cuisinait, chauffait l’eau pour la toilette et rayonnait dans la pièce. Plus loin les chambres, d’un côté les parents, de l’autre côté la chambre dortoir où les enfants dormaient ensemble, entassés pour les vacances. Par la fenêtre, on voyait la route où le car soulevait la poussière Continuer la lectureImages sauvées

Cubiculum

Pourquoi est-ce toujours ce lieu qui transperce la mémoire? Une rue étroite au nom sans histoire, rue Louis Merley, dans un quartier pauvre d’une ville qu’on disait noire. Le numéro ne m’est pas resté en tête, mais je peux encore y aller les yeux fermés… Ce sont deux pièces sombres, l’une sans aucune fenêtre, enclavée derrière l’atelier ou la boutique Continuer la lectureCubiculum

Ce qu’il y avait …

Ce qu’il y avait c’était Paris, ce Paris gris mouillé du souvenir lointain, ce qu’il y avait c’était le métro aérien devant ses fenêtres et et sur la petite place au pied de son immeuble se tordre le cou pour les repérer tout là-haut et se dire on va voir Monette et il y aura Zorro… Ce qu’il y avait Continuer la lectureCe qu’il y avait …