#P0 Nouvelle (p)eau

Humain qui transpire d'eau

Elle me manque et je la trouve, pourtant, partout où je ne l’attends pas. Le soleil creuse le béton, laboure le goudron, perce les fenêtres. Apocalypse blanche. Les rues sont désertes. On se croirait à Madrid en juillet. Au Sahara en hiver. La paix c’est l’ombre car partout la chaleur grignote l’air. Je bois la chaleur à plein poumons. Oxygène Continuer la lecture#P0 Nouvelle (p)eau

#P0 À la force de l’eau

Une plage

Le rocher deviendra cailloux. Les cailloux deviendront sable. Le sable deviendra poussière, écriture, écume, bouteille, verre, étoiles, coquillages, cendres, feu… et il faudra toute la force de l’océan, et il faudra que la lune atteignent son acmé, pour libérer les flux, pour libérer les flots, pour que les marrées innombrables déferlent et refluent à nouveau, pour que sur le sable Continuer la lecture#P0 À la force de l’eau

#P0 L’enfant atlantide

Des bouees aux couleurs fluos

Enfant, la joie de la baignade c’était l’exploration du chaos. Sous l’eau, les yeux mi-clos, j’étais mi-aveugle et mi aveuglé. Du plaisir sans limite à chasser le soleil partout où il se cachait. Au fond de l’eau. Au fond du ciel. Ne pas compter les heures, ni le nombre de fois où. Retenir sa respiration le plus longtemps possible. J’étais Continuer la lecture#P0 L’enfant atlantide

peut-être à tout jamais

J’arrive sur la plage aux premiers rayons de soleil. La marée a laissé sur le sable une multitude de trésors luisants. Je fais attention de n’en écraser aucun, de ne pas effrayer les mouettes à moitié endormies, dans l’attente du signal secret qui les fera revivre. Je me couche dans l’eau au milieu des vagues minuscules qui déferlent en tous Continuer la lecturepeut-être à tout jamais

Sous la surface, il pleure.

C’est seulement quand tu dériveras dans le calme sombre des grands fonds qu’il nagera mollement vers toi. Avec son grand œil jaune, tu le verras arriver de loin, le gros poisson des noyés. Il vient pour les gober. Pas un qui lui échappe. C’est pour ça qu’il est si gros, si lent ; lourd de toutes ces vies qu’il écope Continuer la lectureSous la surface, il pleure.

Eaude scéne(2)

« Petit cheval. Petit cheval », chante l’enfant sot. C’est une pièce en morceaux. Une caserne. Une place. Une chambre. Et l’orée d’une forêt au bord d’un étang. Avec un meurtre.  W tue Marie sur la scène. L’étang est un grand seau de fer plein d’eau. W voit la lune dans l’eau. W dit le couteau perdu qui l’accuse. Les spectateurs croient Continuer la lectureEaude scéne(2)

Eau de scène(1)

Lucrèce va mourir. Le viol l’a déshonorée. Elle s’avance. Elle ne contourne pas le petit bassin qui lui fait obstacle, traverse l’eau. Sa robe rouge se traine. Mouillée devient noire. L’eau s’éparpille en reflets, des murs de la scène aux murs du théâtre. L’eau entre dans leurs yeux. Lucrèce lève le couteau. Se frappe en plein cœur. Tombe longue sur Continuer la lectureEau de scène(1)

Tonnerre/rencontre

Un parapluie pour deux. Milo. Moi. Au téléphone sur le trottoir. Vendredi soir. Juillet assombri. Orage. Odeurs. Avec le vent, chaudes gouttes, larges et plombées. Tonnerre. En face, troubles, feux rouges, tramways. D’abord, un répondeur : Jardins de la récup, association d’insertion. Puis via l’autre contact griffonné sur le dossier : une femme, voix romani – oui, lui venir ! Continuer la lectureTonnerre/rencontre

Prologue. Femme d’eau.

Au dessus du bassin un simple tuyau sort du mur et l’eau tombe goutte à goutte impatiente irrégulière se stabilise un instant en filet il se tord vrille mais descend imperturbable. L’eau est tout à fait transparente et pourtant mille reflets et ombres s’éparpillent sur la margelle. Tout à coup plus abondante elle est comme folle se précipitant et touchant Continuer la lecturePrologue. Femme d’eau.

Onde sonore

A contre-courant, tous les jours je longe ce bras à l’endroit où il forme deux coudes. Je ralentis le pas. L’onde sonore des clapotis irrigue une partition abstraite continue qui afflue dans ma tête, sans toutefois s’imposer. Je l’écoute doucement. Le remous palpitant s’étire, ralentit le temps, disperse les humeurs dans mon corps. Je regarde la surface. Une peau fine Continuer la lectureOnde sonore