#enfances#05 I Surgissements

Sur le blanc laiteux d’un pétale de fleur de Magnolia, une ligne, un cœur gravé se révèle et prend couleur de rouille. Glisser les allumettes en bois à bouts multicolores et brillants du Coloredo1 dans la grille en carton en suivant le modèle choisi… et caresser le résultat du bout des doigts. Le goût sucré des fleurs d’acacias, celui de Continuer la lecture#enfances#05 I Surgissements

#enfances #05 | Tesselles

Des tesselles du passé dénicher une collection de grains de vie sur une carte d’intensités, le tout recousu de fils dorés. Oscillation du petit tamis, en mouvements vifs et horizontaux, pour séparer les gros grains des petits, puis les doigts sur ce front de sable doux, et plus tard le nommer geste d’ange. Vers l’amont, vers l’aval de la rivière Continuer la lecture#enfances #05 | Tesselles

#enfances #02 I La boite à couture

Je ne sais pas jeter. Elle non plus. C’était un plaisir d’aller chez elle, d’autant plus grand qu’elle nous laissait fouiller dans ses affaires. Elle s’appelait Marie. Marie Noël. Un nom savoureux. C’était ma grand-mère. Elle aussi était savoureuse, d’une douceur de pain d’épices. La voix veloutée et claire. Comme les yeux. Elle ne savait pas jeter. Ni moi non Continuer la lecture#enfances #02 I La boite à couture

#enfances #00 I Dédale

Se perdre dans le dédale de pièces d’un vieil immeuble ou plutôt d’une vieille maison mitoyenne déployée sur trois niveaux. Derrière une lourde porte à double battants au vernis écaillé un rez-de-chaussée par lequel on entre et par lequel on peut ressortir mais vers une autre cour, de l’autre côté. Il est traversé par un couloir sombre et étroit, encombré Continuer la lecture#enfances #00 I Dédale

#enfances #01 | Dans mon regard, des lieux, des femmes

Peyriac-de-mer, C’était chez Marraine. Celle de ma mère. Mais nous aussi on l’appelait Marraine. Deux à trois fois par an, on allait y manger un repas qui durait tout l’après-midi. En été comme en hiver. L’été c’était la chaleur écrasante sur le parvis de graviers bordé de pins à pignons donnant sur des champs de sel, c’étaient les mouches et Continuer la lecture#enfances #01 | Dans mon regard, des lieux, des femmes

#enfances #01 | Les vieilles

Il y a ces dimanches à Sainte-Foye-La-Grande, deux ou trois fois après la mort du grand-père, où tante Laure soulève la clenche de la porte du Montet et s’efface pour inviter les petits cousins de la ville à partager le repas dominical dans la salle de la ferme. Nappe damassée, assiettes Arcopal fleuries, couverts en argent, serviettes blanches soigneusement reprisée, Continuer la lecture#enfances #01 | Les vieilles

#enfances #00 | La baïne

Ciel blanc, pins alignés, jour monochrome. Point de couleurs dans la forêt de Gascogne. Elle cherche, ne les trouve pas, trouve ça étrange, imagine qu’il y a forcément du vert quelque part, du vert pour camoufler les branches, un coin de ciel bleu aussi, même délavé, du bleu en toile de fond pour les nuages. Et du jaune, boudant l’ocre, Continuer la lecture#enfances #00 | La baïne

#enfances #01 | les nommer

Il s’adressait à elle en disant Nini, elle lui répondait avec mon petit. C’était mon père, grand et fort comme un père, qu’on appelait mon petit. Elle, c’était une vieille femme acariâtre, on a le droit de le penser, qui avait mis toute la tendresse dont elle était capable, dans ces deux mots, et qui n’avait rien d’autre à offrir Continuer la lecture#enfances #01 | les nommer

#été2023 #07bis | je n’ai pas assez parlé de cette odeur

Bien sûr, ce qui est resté, qui me saute au visage chaque fois que je rouvre la grande caisse, ou, planquée dedans, l’une des boîtes, n’importe laquelle, c’est l’odeur, ce vestige du temps passé qui s’est tellement attardé dans les linges et entre les feuilles, depuis le temps, que voilà, on pourra fumiger, asperger d’eau de Cologne ou laisser à Continuer la lecture#été2023 #07bis | je n’ai pas assez parlé de cette odeur

#été2023 #10bis | Confessions croisées

« Dans sa table de nuit, elle a caché une lettre dont elle seule connaît le contenu. soupire encore. » Marie s’ennuie de plus en plus, entre deux oublis. Pourquoi tout ce temps perdu ? Le café n’a plus de goût ni de couleur, les pâtisseries sont fades et répétitives comme son reste d’existence. Elle ne souhaite rien de plus que s’effacer Continuer la lecture#été2023 #10bis | Confessions croisées