autobiographies #08 | Salim nos pieds dans l’herbe gelée

Quand je vois Salim ; ses doigts couverts d’engelures ; je me dis j’ai tout à désapprendre ; je ne me souviens que ; sa peur ; coudes frottés contre les côtes ; le geste réitéré ; les mots linoléum ; dans le sourire tu sais Salim ça veut dire quoi, tu sais Salim ça veut dire sûr, ça veut dire en sécurité ; ça le fait rire d’avoir Continuer la lectureautobiographies #08 | Salim nos pieds dans l’herbe gelée

autobiographies #08 | maisons perdues

J’essaie de décrire une maison, ma maison, mais elle n’est plus. Une grande salle que ma mémoire a dégarnie de meubles ; quelques portraits aux murs, une porte donnant sur l’avant-jardin ; une autre sur la cuisine ; la cheminée, bouche béante engloutissant troncs d’arbres et hommes endormis ; le fantôme de ma grand-mère que j’ai décroché du mur pour le placer sur une chaise Continuer la lectureautobiographies #08 | maisons perdues

autobiographies #08 | tout près du Canigou

la table rectangulaire de bois lourd; plan disparu sous la toile cirée grise et rouge fleurs éternelles; pieds de bois sombre sculptés en arabesques; bouquet encadré au dessus de la fougère en plastique; un homme à pipe de Van Gogh tissé regarde la cheminée; plaid bouloché étalé en bout de table près de la fenêtre et de la seule chaise Continuer la lectureautobiographies #08 | tout près du Canigou

autobiographies #08 | au vestiaire

Municipal ; public ou privé ; avec un stade et piscine ; ou l’un ou l’autre ; ouvert aux filles et aux garçons mais pas en même temps ; en fait ça dépend ; avec des toilettes et douches ; pas toujours ; vestiaires d’un côté et douches de l’autre ; collectif ou individuel ; toilettes uniques ni femmes, ni Continuer la lectureautobiographies #08 | au vestiaire

autobiographies #08 | oasis persistants

C’était dans l’appartement tournant ; à vingt-deux vingt trois heures ; assis l’un en face de l’autre ; studieux occupés à la table de la salle à manger ; la maison endormie ; dans l’alcôve attenante sans porte ; la mère dormait ; la couverture remontée haute jusqu’aux oreilles ; le lampadaire torsadé éclairait sourdement la pièce ; l’abat-jour très grand ; dans les tons beige et marron ; un bateau Continuer la lectureautobiographies #08 | oasis persistants

autobiographies #08 | à Saidnaya

à Saidnaya, derrière les minces portes en verre coulissantes du meuble à bibelots, sur de petits napperons brodés à la main reposaient d’antiques pièces de monnaie ; autour d’elles une aura de sacralité ; certaines représentaient des statues de forme conique flanquées d’animaux comme des lions ou plus rarement des aigles ; elles faisaient surgir, de la matière presque animée, des empereurs romains (dans Continuer la lectureautobiographies #08 | à Saidnaya

autobiographies #08 | un bourg Trois lieux et des points-virgules

Le matin, fenêtres grandes ouvertes sur la Promenade ; Rose sur le pas de la porte ; un châle sur les épaules ; le chignon instable ; guettant le facteur ; comme chaque jour ; lui disant d’entrer ; boire un petit café avec elle ; lui s’asseyant près de la cuisinière Godin ; sur les portes émaillées des coquelicots Continuer la lectureautobiographies #08 | un bourg Trois lieux et des points-virgules

autobiographies #08 | Dimanche et le hangar à poules.

C’étaient les gouters dîner du dimanche autour de la table de la salle à manger; cette table trop grande pour la pièce; cette pièce trop petite pour contenir tant de monde; tant de chaises ; les paille et bois; les lourdes à montant chantourné; les pliantes en métal; toutes branlantes ; en moyenne cinq adultes et six enfants, souvent plus, autour de Continuer la lectureautobiographies #08 | Dimanche et le hangar à poules.

autobiographies #08 | en sautillant

cuisine minuscule ; se tenir seul dedans ; accéder à l’un des placards blancs et à la planche de travail ; dans le prolongement l’évier ; pivoter pour accéder à la gazinière et au réfrigérateur ; en hauteur partout des placards ; sur trois murs ; fenêtre sur cour avec étagères dessous ; étagères avec boîtes à sucre à biscottes et café ; verre à moutarde avec herbes Continuer la lectureautobiographies #08 | en sautillant

autobiographies #08 | l’heure du dîner

C’était à l’heure du dîner ; quand les beaux-parents descendaient ; du cinquième au premier étage ; tous les huit autour de la table ; trop grande pour la pièce ; la toile cirée sous la nappe ; pour ne pas tacher le bois ; chacun à se glisser contre le mur ; à soulever sa chaise sans faire de bruit ; les morceaux de feutre Continuer la lectureautobiographies #08 | l’heure du dîner