#gestes&usages #05 | La chevêchette de Villette

C’est un tout petit oiseau, la chevêchette d’Europe. Pas plus grosse qu’un poing, mais l’air bien décidé. Deux yeux jaunes de chouette, mais pas ces énormes cernes qui font caricature. Elle a des sourcils blancs, tant devant que derrière puisqu’elle a sur la nuque, une fausse face d’elle-même destinée à tromper ses ennemis potentiels. La pierre doit être lourde, son Continuer la lecture#gestes&usages #05 | La chevêchette de Villette

#gestes&usages #05 | saluer

Dans son groupe, sa famille, son monde — et sans doute manquaient-ils de politesse aux yeux d’autres — la poignée de mains était réservée aux politiciens en campagne ou autres personnes du même acabit ; ce qui s’en rapprochait le plus était le baise-main qui avait un petit charme désuet de bon aloi tout comme la révérence des adolescentes, leur Continuer la lecture#gestes&usages #05 | saluer

#gestes&usages #02 | Raboter

Ils sont quatre posés sur une étagère. Rangés par ordre de taille. Tu ne connais pas leurs vrais noms, juste leur nom de famille, la grande famille rabot. Les bois sont différents puisqu’ils sont tous en bois, encore étiquetés, semelle indécollable, de longueurs différentes, à poignée ouvragée comme des manches de scies ou sans poignée du tout ou bien juste Continuer la lecture#gestes&usages #02 | Raboter

#été2023 #07bis | pas dit

Cette pièce aveugle pas plus grande qu’un cabinet d’aisance (trois mètres sur trois mètres sur trois mètres ) : la loge où tu te pares. Celle-ci ou une autre qu’importe. Tu as beau te poudrer, t’oindre, te farder, l’odeur vient avec la peur. Le corps exsude. La peau sue. Viande. Vase. Mort. Pour conjurer la peur tu t’inventes un mystère. Continuer la lecture#été2023 #07bis | pas dit

#05bis #Sapo | grièche ou revêche

Il aimait l’obscurité afin d’être à sa façon le personnage principal si c’est le mort qui est le personnage principal, on va devoir encore parler de lui : (s’arranger pour être le centre en ayant l’air d’être à la périphérie) : monter s’enfermer quand tous entament l’entrée, engloutir trois bouchées se lever et partir — oh jamais loin : vous n’aurez Continuer la lecture#05bis #Sapo | grièche ou revêche

#techniques #03 | derrière la pierre

Derrière les silences, mon corps aplati de chagrin. Ce sont des choses qu’on ne dit pas — c’est la fin. L’insensé, l’inéluctable, une condamnation impossible à entendre. Soudainement je comprends et mes pensées s’effondrent sur elles-mêmes. Derrière les silences mon corps se repaît de larmes, abandonne, au milieu d’un lit défait, se retourne, cherche une présence dans la nuit, écoute Continuer la lecture#techniques #03 | derrière la pierre

#40 jours #27 | jusqu’où

A quel moment sais-tu ? Une certitude ou un doute ? Que font les mains à ce moment là ? Dans tout le corps vraiment ? Et dans les yeux ? Faut-il se regarder ? Craindre de se voir ? Jusqu’où es-tu allée ? Quand tu as renoncé à ton fiancé ? Au parfum des fleurs de jasmins ? Ton Continuer la lecture#40 jours #27 | jusqu’où

#40 jours #14 | soulagement

Elle les montre tous les signes du mourir. Bien avant le refus de s’alimenter. Depuis, c’est la fin. Les mains délivrent le dernier message, les mains cyanosées. Je liste et dépose une à une les pièces demandées sur le bureau de la jeune femme qui m’a fixé rendez-vous. Le bleu sombre, presque noir, des mains revient à chacun de mes Continuer la lecture#40 jours #14 | soulagement

#P9 Il faut la regarder comme l’image trouvée sur le stand des quais

C’est une image extraite d’une cantine de plastique translucide de couleur orange où sont jetées en vrac, toutes époques confondues,  des photographies familiales. C’est un petit tirage, 8cm sur 10cm5, sur un papier mince et mat, dont les valeurs sépia dénotent une époque lointaine. C’est une photographie de plein air, attrapée au vol d’une journée ordinaire: un homme et un Continuer la lecture#P9 Il faut la regarder comme l’image trouvée sur le stand des quais