Les vendanges du grand-père

Le visage tendu, inquiet, immobile, confiné dans tous ses travers, ses faiblesses, dans ce moment de notre histoire insolite. Le monde parle d’une drôle de façon. Il s’ouvre sur l’inconnu, l’invisible. La nature se rebelle, nous secoue avec violence, allons-nous comprendre ? Combien y aura-t-il de sacrifiés, maintenant et un peu plus tard ? Le monde entier est bringuebalé, commence-t-il à se Continuer la lectureLes vendanges du grand-père

dans le jardin

Ils sont là, quatre adultes, plantés sur l’escalier de la terrasse devant la grande maison, avec ces passés dénoués par le temps ou déchirés, et ce qu’ils ont en commun c’est leurs regards sur les deux enfants, le fils et puis cette petite sœur, Julie, qui n’est sienne qu’avec éclipses, l’ainé faisant semblant d’hésiter, elle le suivant avec attention, roulant Continuer la lecturedans le jardin

La foire, c’est forcément de Liège…

C’était chaque année aux environs de la Toussaint dans le mois de novembre ou un peu avant : la foire. On se le disait entre nous, c’est la foire, je vais aller à la foire, la foire de Liège, avec tous ces manèges et toutes ces baraques pour manger de tout, des hamburgers déjà mais aussi des croustillons et des lacquemants Continuer la lectureLa foire, c’est forcément de Liège…

Le voyage en train de nuit

  Il fallait se hisser avec l’aide des parents jusqu’aux marchepieds. Puis tenant ferme la rambarde accéder à la plateforme. Près du soufflet qui reliait les deux wagons une odeur faite de remugle de toilettes et d’effluves de fumée (tabac ? charbon ?) vous accueillait. Rien de repoussant pourtant, la respiration suspendue et peu à peu se familiarisant avec cette odeur spécifique de Continuer la lectureLe voyage en train de nuit

On ne lâche pas!

Regard droit qui ne voit rien, qui attend la corne des trois minutes avant le départ. Intérieurement tendue comme un élastique à la moitié de son potentiel— trop étiré il claquerait, c’est ce qui arrivait parfois aux élastiques de Grand-mère lorsqu’elle tentait de maintenir la feuille qui fermait les pots de confiture. Le vent souffle et déjà la fichue casquette Continuer la lectureOn ne lâche pas!

JUIN

A-t-il plu une seule fois en douze années de juin ? La première année, ne compte pas dans la litanie des anniversaires. C’est l’année qui inaugure l’après. Celle du chagrin, de la colère, du déni aussi; passent les  mois qui semblent des années et la peine se cache au creux des vertèbres. Le juin de cette année là,  il faisait grand soleil. La tombe Continuer la lectureJUIN

parfois le dimanche

Parfois le dimanche nous montons au village, comme le font les Bastiais. Pour nous qui sommes arrivés à Bastia depuis seulement quelques mois, il serait inconcevable de ne pas se plier au rituel auquel Pierrot met un point d’honneur, peut-être parce que de la fratrie elle est la seule à être née sur le continent, désormais la fille du village c’est Continuer la lectureparfois le dimanche

la blancheur

Un long moment elle a parcouru les endroits de sa vie récente à la recherche d’un événement cyclique, d’une circonstance, d’une simple scène qu’elle aurait observée ou à laquelle elle aurait participé et qui se serait répétée suffisamment de fois pour être saisie en écriture et restituer une sensation de temps écoulé, mais elle n’a pas trouvé. Depuis qu’elle vit Continuer la lecturela blancheur

Personnages#9 – Tabaski première

Heureusement que mon frère jumeau adoptif m’a prêté sa compétence à repasser un pantalon avec le fer à braises. Tout le monde est habillé de son mieux dès le matin d’un tel jour. Et il y en a d’impatients à le montrer. Les autres matins, quand on sort de la case des frères célibataires, pourtant à la même heure, on Continuer la lecturePersonnages#9 – Tabaski première