#L5 Faire surgir la beauté des cadavres

La forme couchée sous les buis, drapée de blanc, est un rocher à fleur d’herbes. Elle émerge à peine. Les plis assombris, les collines tendues, lui évoquent la statue d’une femme qu’il a vu dans l’un des livres de la bibliothèque, une femme menue, fragile, d’un blanc immaculé, qui couvre sa tête et son dos d’une étoffe, pour se protéger Continuer la lecture#L5 Faire surgir la beauté des cadavres

#P6 | Mises de côté

Journal Des images et sensations écartées du reste, mises de côté par l’invocation « souviens-toi ». Lundi Plus tard, dans le sommeil impossible. Un doute étreint les genoux qui claquent ; je me redresse pour écrire, pour mettre en mot, est-ce que l’eau va beaucoup couler, le robinet n’est pas fermé, est-ce ma faute ? Le double de la chambre est introuvable ! Je ne Continuer la lecture#P6 | Mises de côté

#P5 | dérèglements

Fonte du sang fait bleus au bidon ; s’effondrent dans fracas sourd jambes de plomb. Pas de passage, inscrit dans corps intérieur. Marées sans ordre. La tête qui brûle, empoisonnement naturel. Cycle des douleurs. Bougie rouge en bloc qui coule, brûle les membres lourds. Sensible papier de peau. Crispations. Sens s’agacent. Sang en trainées. Rien de tangible. Souffle rauque. Des contractions Continuer la lecture#P5 | dérèglements

#P5 / chair adverse

la chair adverse déchiquette ; en elle vacillent radicelles ; l’être l’os tressaille une plainte s’enfuit l’être l’os tressaille frémit dans la nuit fragmentée dénervée là dans la coulure elle sent que cela coule inévitablement   temps et choses deviennent liquides évanouis dans le flou .démembrement. toute eau retenue du corps tout liquide émotion rentrée désincarnée chancelante fragile roseau retourné tremblant dans Continuer la lecture#P5 / chair adverse

#P5 | tempête

plexus solaire dense, bloc de nerfs empêchés s’accumulant en un coussin replet, à la fois appui-tête et compression du diaphragme, petit plongeoir pour rejoindre les bas-fonds de l’âme chair noueuse éclate en mille cristaux de verre qui s’en vont lacérer le visage d’un autre miroir à briser. Voix qui gonfle et se gorge des rancœurs accumulés, le corps se fait Continuer la lecture#P5 | tempête

#P5 | l’obscurité n’y peut rien

tempes battent jusque derrière la nuque l’obscurité n’y peut rien. pensées rongées. mâchoire durcie. le temps s’étale. voix blanche — on ne peut pas répéter ça n’a plus de sens. les dents claquent, le corps lourd pourtant tremble jusqu’au flou. les yeux figés le regard se vide. sous les dents, la tendresse de l’intérieur des joues. lèvres brûlées de salive Continuer la lecture#P5 | l’obscurité n’y peut rien

#P5 | La désorientation de l’accidentel

Cette sensation de passer à l’extérieur du temps, le sol de dérobe, perte de repères et d’équilibre, propulsé d’un coup au-delà de nous même, dans l’inconnu d’un état de glissement vertigineux. Il n’y a rien, pour le moment, qui nous menace — sauf que tout nous menace. Le corps tremble, le centre de gravité n’est plus le même. Tout nous Continuer la lecture#P5 | La désorientation de l’accidentel

#L3 | Ne pas croire les mots sur parole

Le père : Elle ne me voit plus, ne me regarde plus. Son sourire s’est effacé de son visage. Elle me fait la tête, me soutient ma femme qui pense que ça ne va pas durer. Dès que je lui parle elle se referme sur elle-même. Elle m’évite. Elle m’en veut. Nous n’arrivons plus à parler. C’est vrai que la Continuer la lecture#L3 | Ne pas croire les mots sur parole

#P3 | Dans la marmite de son ventre est un grand secret

Assiette : Ne pas être dans son assiette. Ne pas se sentir bien. Mes parents avaient un service d’assiettes décorées que leur avaient transmis mes grands-parents maternels. Des scénettes représentaient de manière naïve des enfants jouant au jardin, à l’heure du goûter, avec les fruits, les légumes, accompagnées de petites légendes humoristiques. Il y en avait qu’on préférait à d’autres. Continuer la lecture#P3 | Dans la marmite de son ventre est un grand secret